Protestation contre la proposition de Trittin sur Temelin

M. Milos Zeman, premier ministre de la République tchèque, a rejeté publiquement la dernière proposition allemande d'arrêt de la centrale nucléaire de Temelin.

26 juil. 2001

Il ne répondra pas à la lettre du gouvernement fédéral allemand qui lui a été remise par la voie diplomatique, lettre qui avait été rédigée par le ministre de l'environnement Jürgen Trittin et à laquelle était jointe une documentation technique. La République tchèque a un droit souverain sur sa politique énergétique, a souligné M. Milos Zeman le 18 juillet en présence des médias à Prague. Son gouvernement ne voit aucune raison de douter de la sûreté et de l'impact environnemental de Temelin, et il a déjà confirmé à plusieurs reprises qu'il s'orienterait en fonction des rapports qui ont été préparés dans le cadre de la procédure convenue à Melk, en Autriche, avec des pays voisins et avec l'Union européenne.
Cette prise de position a été fortement soutenue le même jour par l'Américain John Ritch, président de la World Nuclear Association (WNA, auparavant l'Institut de l'uranium) à Londres: "Depuis deux ans, l'opinion publique mondiale peut observer comment une politique énergétique guidée par des considérations idéologiques détourne l'Allemagne de la voie de la raison et l'entraîne vers les fantasmes des Verts dans un monde actionné par des bicyclettes, des panneaux solaires et des moulins à vent. Aucun spécialiste sérieux ne croit plus entre temps que l'Allemagne pourra atteindre ses objectifs de réduction du CO2 sans le nucléaire, énergie propre que Monsieur Trittin s'emploie avec détermination à détruire. Il est suffisamment malheureux que les caprices de la politique de coalition permettent à Monsieur Trittin d'imposer son idéologie minoritaire en Allemagne. Il n'y a aucune raison que le monde doive assister sans rien dire à sa tentative de provoquer des dégâts similaires dans un pays voisin souverain." John Ritch a rappelé les examens répétés de la sûreté et de l'impact environnemental de Temelin auxquels ont procédé l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), la West European Nuclear Regulators Association (WEN-RA) et l'Atomic Questions Group (AQG) de la Commission de l'Union européenne: "Aucune de ces organisations n'a trouvé à Temelin un problème qui ne pourrait se résoudre par des méthodes normales de sûreté. L'inspection fondamentale sans égale qui a été réalisée a abouti à un résultat nettement positif … Tandis que Monsieur Trittin glose sur un avenir énergétique propre, le gouvernement tchèque essaie de le concrétiser. L'Allemagne devrait faire de même."
En tant que membre compétent de la direction de l'électricien tchèque CEZ, exploitant de Temelin, M. Frantisek Hezoucky a répondu le 24 juillet au ministre Trittin dans une lettre ouverte. M. Hezoucky regrette que dans sa proposition, le ministre allemand de l'environnement ne s'en tienne pas aux faits bien qu'il dispose de l'expertise de la Société allemande pour la sûreté des installations et des réacteurs (GRS) et d'autres rapports: "Je suis malheureusement dans l'obligation de constater que vos conclusions ne concordent pas du tout avec les documents existants." Par son interprétation incorrecte et sa déformation des faits, le ministre Trittin porte atteinte à la réputation de Temelin et de la CEZ, souligne M. Hezoucky. Dans la partie technique de sa lettre, M. Hezoucky rappelle le rapport sur l'inspection de la sûreté effectuée par la GRS, rapport présentée par cette dernière à Cologne le 6 novembre 2000 à Eurosafe. La GRS n'a pas détecté de problème et n'a donc pas avancé de réserves fondées concernant Temelin, contrairement aux affirmations de Trittin. Selon son rapport publié en juin 2001, l'AQG de la Commission de l'UE n'a pas trouvé non plus à Temelin de problèmes techniques qui s'opposeraient à une mise en service, note encore M. Hezoucky. Comme la GRS, l'AQG a seulement constaté que les justificatifs techniques relatifs aux tracés parallèles de certaines conduites de haute énergie et à la qualification de soupapes importantes pour la sûreté n'étaient pas suffisants. La CEZ va présenter maintenant ce justificatif et est prête à en discuter avec la GRS.
Comme le souligne M. Hezoucky dans sa lettre ouverte, la déclaration de M. Trittin selon laquelle Temelin ne correspondrait pas aux prescriptions allemandes induit en erreur, et son affirmation selon laquelle d'après les normes internationales, la centrale nucléaire ne devrait pas être autorisée, est complètement fausse. M. Trittin devrait savoir que de telles normes internationales n'existent pas, mais que dans son rapport, la GRS a constaté que pour la plupart des domaines, Temelin respectait les normes de sûreté d'autres pays ouest-européens, respectivement de la Commission américaine de la sûreté nucléaire. En ce qui concerne les accidents hors dimensionnement, M. Hezoucky renvoie enfin au fait vérifié que Temelin remplit toutes les prescriptions tchèques et que celles-ci sont probablement bien plus sévères que la réglementation allemande correspondante. Comme le constate encore M. Hezoucky, M. Trittin reprend du reste intégralement des arguments d'origine autrichienne qui ont déjà fait l'objet d'une réponse détaillée dans le cadre de l'accord de Melk.
Après un arrêt temporaire pour régler des problèmes avec le groupe turbo-alternateur (vibrations et remplacement de soupapes par Skoda), l'exploitation à l'essai de la tranche 1 de Temelin a repris le 12 août.

Source

P.B./ C.P. d'après NucNet des 18, 19 et 27 juillet 2001 et des communiqués de CEZ et de WNA

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