Forsmark toujours à la une

La centrale nucléaire de Forsmark continue de faire la une même après avoir pris des mesures de remise à niveau. La Statens Kärnkraftinspektion (SKI), autorité suédoise de surveillance nucléaire, avait certes donné son aval le 28 septembre 2006 à la remise en service des tranches 1 et 2; une série de nouveaux incidents et d’arrêts imprévus a toutefois reporté l’augmentation programmée de la puissance et conduit au remplacement du directeur de la centrale. D’où la naissance d’un débat public parfois haineux sur la culture des centrales nucléaires suédoises en matière de sûreté.

27 févr. 2007

C'est à peine quelques jours après l'autorisation, fin septembre 2006, de remise en service de Forsmark 1 et 2 que la société exploitante de la centrale - la Forsmark Kraftgrupp AB (FKA) - a constaté une fuite dans l'enceinte de confinement de Forsmark 2, où des soudures avaient été refaites au mois d'août. Etant donné qu'au moment du contrôle effectué par les autorités après la réparation de la fuite, la FKA n'avait pu mettre la main sur les documents attestant la qualité des travaux de soudure, elle a volontairement découplé la tranche du réseau jusqu'au contrôle complémentaire.

Surveillance renforcée et instruction judiciaire

La SKI n'en est pas restée là. Elle a exigé un contrôle complémentaire des données d'inspection et de vérification pour les tranches 1 et 3 également et a placé toute l'installation sous surveillance renforcée. De plus, elle a décidé fin janvier 2007 de porter plainte contre la FKA auprès du Ministère public à Uppsala. La SKI entend par là obtenir une instruction judiciaire de l'affaire afin de déterminer si la direction de la centrale s'est rendue coupable, le 25 juillet 2006, d'une infraction à la loi sur l'énergie nucléaire. Il lui est notamment reproché que l'arrêt à froid du réacteur n'a pas eu lieu suffisamment tôt après la défaillance du système d'alimentation électrique.

Augmentation de la puissance reportée et conséquences sur le personnel

Après les événements de l'été et de l'automne 2006, la direction de la FKA a décidé le 13 décembre 2006 de repousser les travaux préparant l'augmentation de la puissance programmée pour 2008 à 2010 et de reporter le projet d'une année. Cela devrait décharger la direction de Forsmark en lui donnant le temps et les moyens de résoudre les problèmes courants et de mettre en oeuvre les mesures ordonnées par les autorités.

Lors d'une deuxième étape fin janvier 2007, la direction de la FKA a renforcé les effectifs du groupe chargé des questions de sûreté au sein de l'entreprise. Enfin, le 8 février 2007, elle a nommé Jan Edberg à la direction en remplacement du directeur démissionnaire Lars Fagerberg. Jan Edberg avait déjà dirigé la centrale de 1997 à 2000 et avait depuis exercé différentes fonctions auprès de la Vattenfall AB, actionnaire principale de la FKA. La direction de la FKA entend également recourir aux services d'un expert externe qui sera chargé du suivi des mesures destinées à améliorer la sûreté, dont le programme en 60 points que la FKA a soumis en décembre 2006 à la SKI.

Nouveaux incidents

Ces mesures conçues pour le long terme n'ont pu empêcher de nouveaux incidents et quelques arrêts non programmés. C'est ainsi qu'une activité accrue, se cantonnant toutefois dans les limites admises, a été mesurée en décembre 2006 dans le système d'évacuation de l'air à Forsmark. Fin février 2007, des particules radioactives ont été détectées lors d'un contrôle de routine dans un corridor de transport en zone contrôlée de Forsmark 3.

La FKA a décidé début février 2007 de découpler Forsmark 1 et 2 du réseau, l'examen d'échantillons de matériaux ayant indiqué que l'étanchéité des joints dans le confinement de la tranche 1 ne répondait plus aux spécifications techniques. Ces échantillons avaient déjà été prélevés durant l'été 2006, mais ils n'ont pas été contrôlés avant janvier 2007. Le contrôle a décelé des fuites aux nattes élastomères dans les connections entre l'enceinte sèche et l'enceinte humide, nattes qu'il a fallu remplacer. La SKI a classé l'incident au niveau 1 de l'échelle internationale des événements nucléaires INES. Les travaux de réfection sont toujours en cours. Les contrôles complémentaires des mêmes joints à Forsmark 2 ont confirmé leur conformité, ce qui a permis à la SKI de donner le feu vert à la remise en service de cette tranche le 20 février 2007.

Débat public sur la culture de sûreté

La série d'arrêts non programmés et d'incidents a engendré un débat public concernant l'excellence des soins voués à la culture de sûreté par les exploitants des centrales nucléaires suédoises et la qualité de la surveillance exercée par la SKI.

Les exploitants ont certes pu démentir clairement les propos haineux sur le personnel de quart de Forsmark qui se rendrait au travail sous l'emprise du cannabis ou de l'alcool ainsi que sur le vieillissement prématuré des réacteurs suédois en raison d'une maintenance insuffisante. Pour regagner la confiance perdue, ils ont soutenu la proposition faite en février 2007 par la SKI de procéder aussi rapidement que possible à une vérification indépendante de la sûreté des centrales nucléaires suédoises - et avant tout de Forsmark - dans le cadre du programme OSART (Operational Safety Review Team Programme) de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

Hausse des taxes SKI

Le ministre de l'Environnement Andreas Carlgren a par ailleurs fait savoir que les exploitants devraient s'acquitter de taxes SKI plus élevées à l'avenir du fait de la surveillance accrue de la part des autorités. Andreas Carlgren est conscient que cela pourrait faire augmenter les prix de l'électricité, au même titre que le report de l'augmentation de la puissance de Forsmark.

Source

P.B. selon des communiqués de presse de la FKA, def la SKI, de la Kärnkraft Säkerhet och Utbildning AB et NucNet

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