Allemagne: le tournant énergétique jugé par l’industrie

Le «navigateur du tournant énergétique» propose une description de l’état actuel de cinq thèmes, sous la forme de feux de signalisation: impact climatique et environnemental, rentabilité, sécurité d’approvisionnement, acceptation et innovation. Il se base sur 42 indicateurs quantitatifs. L’objectif pour la BDI est de détecter de manière précoce les erreurs de développement susceptibles d’engendrer des coûts élevés inutiles et de générer des risques pour l’économie.

Ainsi, les indicateurs actuels concernant le thème de l’impact climatique et environnemental sont au vert, de même que la sécurité d’approvisionnement, avec cependant une tendance au déclin pour cette dernière. Les indicateurs de l’innovation et de l’acceptation sont quant à eux jaune. Concernant les données relatives à la rentabilité, elles virent au rouge foncé, ce qui est très préoccupant selon le président de la BDI, Hans-Peter Keitel. Et aucune amélioration n’est attendue aux horizons 2022 et 2030. La politique doit donc se pencher de manière urgente sur l’efficacité économique globale de ses mesures. M. Keitel a indiqué le 8 novembre 2012 à Berlin lors du congrès de la BDI sur le tournant énergétique qu’il s’agissait là du seul moyen de ne pas plomber davantage les coûts, de respecter les différents calendriers et de remporter l’acceptation de la population.

«Le tournant énergétique doit se faire d’un seul tenant. Il ne sert à rien d’évoquer des douzaines voire des centaines d’objectifs politiques en même temps, aux niveaux à la fois fédéral, régional et européen, sans s’être mis d’accord dessus», critique M. Keitel. «Le bricolage en matière de politique énergétique engendre une augmentation des coûts, inquiète les investisseurs, fait douter les citoyens et citoyennes sur l’objectif de notre entreprise.»

Des investissements qui se chiffrent en milliards

La transformation intégrale du système énergétique demandera des investissements colossaux: plus de 350 milliards d’euros (CHF 420 mia.) d’ici 2030 rien que pour le secteur de l’électricité, d’après les études de tendances. A titre comparatif: sans la transformation intégrale engendrée par le tournant énergétique, seuls 150 milliards d’euros (CHF 180 mia.) d’investissements seraient nécessaires d’ici 2030.

L’augmentation à long terme des prix de l’électricité ne remporte pas l’accord de la majorité

«L’acceptation du tournant énergétique dépend de la capacité de celui-ci à être financièrement supportable», souligne M. Keitel. Une enquête récente montre que sur 1000 citoyens et citoyennes et environ 800 entreprises, seuls 24% de la population sont prêts à accepter la mise en œuvre du tournant énergétique en dépit d’une augmentation à long terme des prix de l’électricité de 20–30%. 77% des entreprises interrogées s’attendent à une augmentation des coûts.

Des opportunités sur le marché de la technologie de l’énergie

L’industrie allemande voit cependant dans la mise en œuvre du tournant énergétique également des opportunités importantes. «L’Allemagne est la première économie nationale à développer la compétence colossale de mettre en œuvre un système énergétique entièrement nouveau. Et cela s’accompagnera de retombées importantes pour les fournisseurs allemands», estime M. Keitel. Les estimations des études de tendances pronostiquent une augmentation continue du potentiel des ventes allemandes sur le marché mondial de la technologie de l’énergie: celui-ci passerait d’environ 42 milliards d’euros (CHF 51 mia.) en 2011 à 60 milliards d’euros (CHF 72 mia.) en 2020, soit une augmentation d’environ 40%.