Il y a 40 ans, Diorit était mis en service

Une cinquantaine de spécialistes nucléaires qui avaient participé en son temps à la planification, à la construction et à la mise en service du réacteur de recherche et d'essai Diorit se sont réunis le 15 août à l'Institut Paul-Scherrer (PSI) de Würenlingen-Villigen pour fêter "les 40 ans de Diorit".

14 août 2000

Rudolf W. Meier, qui avait organisé la manifestation avec MM. Walter Winkler et Peter Tempus, a résumé comme suit l'importance du projet Diorit pour le développement du savoir-faire nucléaire en Suisse:
"La construction de Diorit est intervenue à une époque où régnait la ferme volonté de développer l'utilisation de l'énergie nucléaire en Suisse à partir d'une propre force industrielle. L'entrepreneur Walter Boveri et le Professeur de l'EPF Paul Scherrer se rallièrent avec une grande détermination à ce concept, et leur crédibilité dans les milieux économiques et scientifiques apporta le poids supplémentaire nécessaire dans les milieux politiques.
Quelques années seulement après la démonstration de la réaction en chaîne auto-entretenue, les premiers projet se trouvaient déjà, vers 1950, sur les tables des grands capitaines de l'industrie suisse: une centrale de BBC sous le Uetliberg pour l'approvisionnement en électricité de Zurich, une centrale à chaleur sous la Sonneggstrasse pour le chauffage à distance de l'EPF, et une propulsion navale d'Escher-Wyss avec une turbine à gaz d'Akeret-Keller.
Il a fallu l'autorité et le sens des réalités de Werner Zünti pour persuader les ingénieurs que sans recherches systématiques antérieures, les risques de la "radioactivité", nouvelle dimension peu connue, étaient trop grands. Il lança l'idée de construire tout d'abord un réacteur d'essai pour le contrôle et le développement de matériaux destinés à la technique nucléaire, et avec le soutien d'autres pionniers de la première heure: Fritz Alder, Walter Hälg, Paul Schmid et le groupement informel de la communauté de travail 'réacteur nucléaire' des trois entreprises précitées, il dirigea les travaux jusqu'à la maturité du projet P34 en 1955.
L'acquisition des moyens nécessaires pour la construction de cette installation, avec toute l'infrastructure relative à la recherche et à la technique, aboutit à la fondation de la société Réacteur SA, avec Rudolf Sontheim comme directeur. Son aisance dans la prise de contacts avec les représentants de haut niveau de l'économie, de la politique et des autorités lui permirent d'assurer en cinq ans le financement et l'édification d'un institut entièrement nouveau, ceci jusqu'à la première mise en service de Diorit, il y a 40 ans aujourd'hui.
Il a aussi introduit le passage de la société privée à ce qui devint l'Institut fédéral de recherches en matière de réacteurs IFR, remettant alors la direction à ses successeurs, Werner Zünti et Andreas Fritzsche, qui apportèrent ensuite à l'industrie un soutien précieux par la mise à disposition de tous les moyens de l'Institut, réacteur Diorit compris. Après le renoncement de l'industrie au développement d'un propre réacteur, renoncement devenu inévitable après Lucens, Werner Zünti et Andreas Fritsche s'occupèrent de la restructuration de l'Institut en un centre de recherche multidisciplinaire. Ce processus fut poursuivi par Heini Gränicher, directeur de la troisième génération, qui mit un accent particulier sur le secteur nucléaire et de la technique énergétique en général. La dernière étape fut la fusion de l'IFR et du SIN qui devinrent le PSI, que dirige depuis Meinrad Eberle.
C'est pour nous une très grande joie qu'à l'exception de Werner Zünti, malheureusement décédé, tous les directeurs qui ont porté d'une manière ou d'une autre une responsabilité pour Diorit soient présents aujourd'hui avec nous. La référence à Diorit concerne M. Eberle aussi, même si le réacteur est hors service depuis 1978 déjà. C'est en effet à lui que revient finalement la tâche d'assurer la déconstruction totale de l'installation!
Où en serions-nous aujourd'hui si Diorit n'avait pas été construit? Même si nous n'avons pas atteint l'objectif ambitieux d'un réacteur suisse, où en seraient aujourd'hui notre approvisionnement électrique, notre air, notre nature? Nous serions-nous décidés pour le pétrole ou pour le charbon, comme les Danois ou les Autrichiens, ou aurions-nous soutiré encore plus d'eau dans les Alpes? Sans vous, premiers détenteurs du savoir, comment aurions-nous construit et exploité des centrales nucléaires de provenance externe, évalué et garanti leur sûreté, traité leurs déchets?"

Source

P.H./C.P.

Restez informé-e!

Abonnez-vous à notre newsletter

Vers l’abonnement à la newsletter

Profitez de nombreux avantages

Devenez membre du plus grand réseau nucléaire de Suisse!

Les avantages en tant que membre