La Grande-Bretagne confirme le statut d’énergie propre de l’énergie nucléaire

Le gouvernement britannique estime que l’énergie nucléaire aidera le pays à multiplier par quatre sa production d’électricité propre afin d’atteindre l’objectif zéro émission que le pays s’est fixé. On peut lire dans le Livre blanc sur l’énergie publié le 14 décembre 2020 que les énergies renouvelables représentent aujourd’hui plus d’un tiers de la production d’électricité britannique, contre 7% en 2010. D’après les auteurs, le pays doit non seulement poursuivre sa lancée mais aussi aller plus loin.

17 déc. 2020

L’énergie nucléaire fournit environ 16% du courant britannique, mais le parc nucléaire actuel se rapproche de la fin de sa durée de vie. En 2016, le gouvernement avait autorisé des contrats rendant possible la construction de la première nouvelle centrale nucléaire depuis une génération – Hinkley Point C –, qui couvrira 7% du besoin actuel en électricité du pays. La branche a attendu plus d’un an la décision du gouvernement de soutenir le projet Sizewell-C et les sites de Wylfa Newydd et de Moorside.

Mesures prévues

Le Livre blanc «Powering our Net Zero Future» concrétise le plan en dix points qui rendra possible la révolution industrielle verte présentée par le Premier ministre Boris Johnson en novembre 2020. Il présente certaines mesures qui seront prises par le gouvernement au cours de la prochaine décennie afin de réduire de 230 millions de tonnes les émissions générées par l’industrie, les transports et le bâtiments et soutient des centaines de milliers de nouveaux emplois «verts». Il fait également suite à l’annonce de Boris Johnson lors du Climate Ambition Summit selon laquelle le gouvernement mettra un terme à l’encouragement direct du secteur énergétique pour les combustibles fossiles à l’étranger.

À l’exception de Sizewell B et d’Hinkley Point C, actuellement en construction, l’ensemble des tranches nucléaires britanniques actuelles seront arrêtées avant fin 2030. Le gouvernement s’est déjà engagé à sortir du charbon au plus tard en 2025. Le manque de capacités qui en découlera devra être remplacé pour pouvoir satisfaire la demande actuelle, mais celle-ci pourrait doubler d’ici 2050, a indiqué le gouvernement. L’électricité pourrait alors couvrir plus de la moitié du besoin en énergie (2019: env. 17%).

«Bien que nous n’ayons encore planifié aucune solution technologique spécifique, nous pouvons d’ores et déjà imaginer certaines caractéristiques clés du futur mix», peut-on lire dans le Livre blanc. «Un système à zéro émission abordable et cohérent devrait se composer d’éolien et de photovoltaïque avant tout. Toutefois, pour garantir que le système est fiable, les énergies renouvelables, volatiles, doivent être complétées par des technologies en mesure de fournir de l’électricité quelles que soient les conditions météorologiques, ou alors la demande doit baisser. Aujourd’hui, cela concerne l’énergie nucléaire, le gaz avec captage et stockage du carbone, ainsi que la flexibilité offerte par les batteries, l’adaptation de la demande, les conduites de raccordement et les capacités de production flexibles et disponibles à court terme.

Les investissements dans l’énergie nucléaire

Le gouvernement espère atteindre une production de 40 GW de la part des éoliennes offshore d’ici 2030 et soutiendra la mise en œuvre d’au moins un projet de stockage et de captage du carbone jusqu’à cette date. Par ailleurs, il souhaite mener au moins un gros projet nucléaire d’ici 2024, avant la décision définitive d’investissement (Final Investment Decision, FID). Il est indiqué dans le Livre blanc: «Nous resterons ouverts à d’autres projets si l’industrie nucléaire démontre que les coûts baissent et que le calendrier et le budget peuvent être respectés». «Nous estimons que l’objectif que s’est fixé le pays de réduire les coûts des nouvelles constructions nucléaires de 30% d’ici 2030 sera atteint», ajoutaient les auteurs. «L’obtention d’un capital privé suffisant pour financer une centrale nucléaire constitue un véritable défi car un concepteur de centrale nucléaire doit réaliser des investissements colossaux pour atteindre le niveau FID. Dans le cadre de l’examen des options de financement, nous étudierons le rôle potentiel du financement public au cours de la construction dans la mesure où le rapport prix/prestation est acceptable pour les consommateurs et les contribuables. Par ailleurs, le gouvernement mettra à disposition jusqu’à 385 millions de livres sterling (CHF 460 mio.) dans un Advanced Nuclear Fund, dont 215 millions (CHF 258 mio.) seront investis dans une conception de SMR indigène, ce qui devrait mobiliser 300 millions de livres (CHF 360 mio.) de co-financement privé. Les 170 millions restants (CHF 203 mio.) iront dans un programme de recherche et de développement pour les réacteurs modulaires avancés (AMR). Pour soutenir l’arrivée des technologies AMR sur le marché, le gouvernement investira 40 millions de livres (CHF 48 mio.) supplémentaire dans le développement des conditions-cadres légales et dans le soutien de la chaîne d’approvisionnement britannique. La première étape du programme consistera à lancer la procédure d’homologation (Generic Design Assessment) pour les technologies SMR en 2021. «Soutenir le développement de notre chaine d’approvisionnement augmentera nos chances de disposer d’un savoir-faire indigène qui sera à la pointe en matière de développement des technologies nucléaires du futur – les SMR et les réacteurs modulaires avancés. Le marché mondial de ces technologies est estimé entre 250 et 400 milliards de livres (CHF 300 – 480 mia.) d’ici 2035. L’objectif est d’avoir développé une conception de SMR et construit un prototype d’AMR au début des années 2030.

Les investissements dans la fusion

Le gouvernement souhaite également construire d’ici 2040 une centrale de fusion rentable et a déjà mis à disposition plus de 400 millions de livres (CHF 480 mio.) pour lancer de nouveaux programmes de fusion nationaux. Le Spherical Tokamak for Energy Production (STEP) sera probablement la première installation de fusion compacte au monde. Elle sera construite sur le sol britannique d’ici 2040. Début décembre 2020, le programme STEP a encouragé les communes de toute la Grande-Bretagne de déposer leur candidature pour accueillir la future installation.

Source

M.A./CB. d’après un communiqué de presse du Département britannique des Affaires, de l’Énergie et des Stratégies industrielles (BEIS) du 14 décembre 2020, et les WNN du 14 décembre 2020

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