Prévisions de l’AIEA: une croissance ralentie des capacités nucléaires

La production d’électricité d’origine nucléaire continuera de progresser au niveau mondial, mais de manière modérée par rapport à ce qui était attendu. Telles sont les conclusions de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) dans la dernière version de son rapport annuel «Energy, electricity and nuclear power estimates for the period up to 2050».

24 sept. 2015
De nombreux pays comptent sur le nucléaire pour couvrir l’augmentation de leur besoin en électricité et réduire leurs émissions de CO2: Le chantier de la centrale nucléaire de Barakah aux Emirats arabes unis.
De nombreux pays comptent sur le nucléaire pour couvrir l’augmentation de leur besoin en électricité et réduire leurs émissions de CO2: Le chantier de la centrale nucléaire de Barakah aux Emirats arabes unis.
Source: Enec

Le développement de l’énergie nucléaire a ralenti depuis l’accident de réacteur de Fukushima-Daiichi en 2011. Ainsi, les auteurs du 35e rapport de l’AIEA relatif aux perspectives dans le domaine de l’énergie nucléaire estiment que d’ici 2030, le développement du nucléaire dans le monde sera compris entre 2,4% et 68%. Dans le rapport 2014, l’Agence tablait sur des valeurs comprises entre 7,7% et 88%.

Cette importante fourchette est due aux incertitudes liées aux politiques énergétiques locales, aux prolongations des durées d’exploitation, aux mises à l’arrêt des installations et aux projets de nouvelles constructions. Le scénario pessimiste (Low-Case-Szenario) se fonde sur les suppositions conservatrices selon lesquelles les tendances du marché, des technologies et des matières premières n’ont évolué que de manière limitée. Le scénario optimiste (High-Case-Szenario), en revanche, prévoit une croissance économique et un besoin en électricité à la hausse. Dans ce dernier scénario, l’énergie nucléaire jouera un rôle déterminant dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Les facteurs de développement

D’après le rapport, plusieurs facteurs ont récemment influencé de manière négative le développement de l’énergie nucléaire. Parmi eux, les prix bas du gaz, le subventionnement des énergies renouvelables, ainsi que la situation financière tendue au niveau mondial, qui impacte les projets à forte intensité de capital. D’après l’AIEA, les exigences de sécurité élevées imposées après Fukushima ont également leur part de responsabilité.

Sur les 438 réacteurs nucléaires dans le monde, plus de la moitié sont en service depuis plus de 30 ans. «Dans notre scénario pessimiste, nous partons du principe que pour chaque tranche mise à l’arrêt d’ici 2030, quelque part dans le monde une tranche de remplacement sera construite. Dans le scénario optimiste, la capacité nucléaire est multipliée par 1,7» a expliqué David Shropshire, responsable de la section Planning and Economic Studies de l’AIEA.

Croissance à l’est, recul à l’ouest

D’après l’AIEA, plus de 30 pays envisagent ou prévoient d’intégrer le nucléaire dans leur mix électrique. Au Moyen-Orient, les Emirats arabes unis (EAU) construisent actuellement quatre tranches nucléaires du type APR-1400. Concernant l’Asie du sud, c’est l’Inde qui ouvre la voie avec six projets de nouvelles constructions. La région possède actuellement une puissance électrique nucléaire de 6,9 GW, celle-ci devrait s’établir entre 26 GW et 44 GW à l’horizon 2030.

L’AIEA voit cependant le potentiel de croissance le plus important en Extrême Orient, où la Chine et la Corée du Sud apportent les contributions les plus importantes. Les 87,1 GW de puissance installée actuelle devraient ainsi atteindre 132 GW en 2030 d’après le scénario pessimiste, et même 219 GW d’après le scénario optimiste.

L’AIEA s’attend également à un développement du parc nucléaire en Europe orientale. Actuellement, la région affiche une puissance électrique nucléaire de 49,7 GW. Selon les scénarios, celle-ci devrait s’établir entre 64 GW et 94 GW à l’horizon 2030. La Russie et la Biélorussie font partie de la région. Neuf nouvelles tranches nucléaires sont en construction en Russie, et les deux premières sont en projet en Biélorussie.

Le rapport prévoit en revanche un recul du nucléaire en Europe occidentale. En raison des mises hors service prévues, la puissance nucléaire devrait passer de 113,7 GW actuellement à quelque 63 GW en 2030. Le recul est plus modéré dans le scénario optimiste, avec un passage à 112 GW.

Concernant l’Amérique du nord, l’AIEA prévoit un recul de 112,1 GW à 92 GW dans ses prévisions pessimistes. Dans des conditions plus favorables, une croissance à 140 GW serait envisageable.

Source

M.B./C.B. d’après le rapport de l’AIEA «Energy, electricity and nuclear power estimates for the period up to 2050», édition 2015, et un communiqué de presse du 8 Septembre 2015

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