Une étude indique que le ruthénium détecté en 2015 provenait bien de Maïak

Une nouvelle étude arrive à la conclusion qu’une installation de retraitement située dans le sud de l’Oural (Russie) est probablement à l’origine des rejets de l’isotope ruthénium 106 (Ru-106) détecté à l’automne 2017 par plusieurs laboratoires européens. Toutefois, aucun incident n'a été signalé à Maïak ou par toute autre installation nucléaire russe, et le groupe étatique russe Rosatom contredit cette affirmation.

2 août 2019

Entre fin septembre et début octobre 2017, plusieurs laboratoires européens de mesure avaient décelé des traces de l’élément radioactif Ru-106 dans l’air. Le Ru-106 est un produit de fission généré par l’industrie nucléaire et un radionucléide utilisé dans la médecine. Des analyses ont montré que les émissions de Ru-106 mesurées en Europe pourraient bien provenir du sud de l’Oural. En avril 2018, une commission internationale d’experts mise sur pied par la Russie s’était réunie pour la seconde fois, et était arrivée à la conclusion que les données disponibles ne permettaient pas de fournir des informations suffisantes pour confirmer les hypothèses formulées.

Cette fois, 69 chercheurs et 47 instituts ont évalué quelque 1300 mesures relevées par des stations en Asie et dans toute l’Europe afin de déterminer la source de la libération. Ils ont publié leurs conclusions en 2019 dans les Proceedings der National Academy of Sciences (PNAS, États-Unis), sous le titre «Airborne concentrations and chemical considerations of radioactive ruthenium from an undeclared major nuclear release in 2017».

On peut y lire que «sur la base de plusieurs séries chronologiques de détections dans différents lieux d’Europe centrale, l'évènement a été caractérisé de libération de courte durée». En moyenne, la durée de séjour s’est établie entre un et trois jours, à l’exception de quelques régions.

La libération est jugée «trop importante» pour pouvoir être associée à une source de radionucléide médicale et on peut également exclure l’hypothèse d’une chute de satellite. Il est beaucoup plus probable que le Ru-106 se soit échappé lors du retraitement d’assemblages combustibles usés, peut-être dans le cadre d’un problème de production d’une source de césium 144 hautement radioactif et destiné à des travaux de recherche au laboratoire italien de Gran-Sasso. L'étude conclut que le complexe de retraitement de l’uranium de Maïak, exploité par Rosatom, doit être considéré comme l’origine probable du nuage de ruthénium détecté à l’automne 2017.

La réponse de Rosatom

Rosatom a indiqué dans un communiqué de presse du 22 novembre 2017: «La libération de ruthénium 106 détectée en Europe sur une courte durée ne provient pas d'une installation de Rosatom. Toutes les installations nucléaires du groupe, y compris les centrales nucléaires et les sites de retraitement du combustible, sont exploitées de manière sûre et normale. Aucun incident n’a été enregistré sur ces sites entre septembre et octobre 2017.» Rosatom a renouvelé ces affirmations le 30 juillet 2019, en ajoutant que la dernière étude PNAS ne comportait aucune nouvelle donnée ni aucun fait qui divergeraient des données déjà analysées. La Commission internationale indépendante a étudié l’ensemble des scénarios, y compris celui d’une libération vraisemblablement accidentelle en provenance de Maïak.

Source

M.A./C.B. d'après Masson, O. et al. Airborne concentrations and chemical considerations of radioactive ruthenium from an undeclared major nuclear release in 2017, PNAS, 26 juillet 2019, DOI: 10.1073/pnas.1907571116, et les WNN du 30 juillet 2019

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