Ce que Winston Churchill peut nous apprendre

«Those who fail to learn from history are doomed to repeat it», a dit Winston Churchill, ce grand homme d’État qui serait sûrement un ardent défenseur de l’atome aujourd’hui, lors d’un débat à la Chambre des communes britannique. En d’autres termes, il faut analyser les erreurs du passé pour ne pas les répéter. Un conseil plus que jamais d’actualité à l’heure où s’annonce un autre débat, celui sur l’énergie nucléaire en Suisse.

28 avr. 2025
Lukas Aebi
Le secrétaire général du Forum nucléaire suisse, Lukas Aebi
Source: Forum nucléaire suisse

Disons-le d’entrée de jeu: la succession d’événements et de décisions qui ont mené à l’interdiction de construire de nouvelles centrales nucléaires n’a rien de glorieux pour notre branche. Nous ne pouvons pas nous satisfaire du statu quo. Il nous faut donc nous demander, avec une bonne dose d’autocritique, ce que nous aurions dû faire différemment. Les recettes traditionnelles ne sont pas un gage de succès. Elles ne l’ont jamais été. Lorsque j’ai commencé à travailler au Forum nucléaire, il y a quelques années, j’ai analysé les précédentes campagnes d’information et de votation sur le nucléaire en Suisse, pour tenter d’en dégager quelques principes sur ce qu’il est bon de faire. Voici mes principales conclusions:

Se focaliser sur les avantages de la technologie et se limiter à l’essentiel

Pour prendre conscience de la valeur du nucléaire, il n’est pas nécessaire de comprendre comment le rayonnement de Tcherenkov naît à l’intérieur d’un réacteur, mais il est fondamental de se rendre compte que l’énergie nucléaire garantit un approvisionnement sûr en électricité tout en émettant peu de carbone. On n’a pas besoin de connaître les principes de base de la thermodynamique pour prendre l’avion, et les compagnies aériennes n’essaient pas non plus de nous les expliquer en permanence.

Informer, ne pas faire la leçon et surtout susciter l’enthousiasme

Ce n’est pas parce que l’on connaît bien l’énergie nucléaire que l’on est capable de bien communiquer à ce sujet et d’enthousiasmer d’autres personnes. Les digressions techniques ont vite fait de paraître élitistes. Il est plus efficace d’exprimer sa fascination personnelle dans un langage clair et compréhensible. Comme le disait Churchill: «I’m always ready to learn, although I do not always like being taught».

Ne pas opposer les technologies entre elles

Comme chacun sait, toutes les technologies ont leurs avantages et leurs inconvénients. Cela vaut aussi bien pour le nucléaire que, par exemple, pour les énergies renouvelables, qui occupent une place de choix dans le cœur du public. Si nous dénigrons en permanence les sources d’électricité respectueuses du climat autres que l’atome, nous donnons l’impression de ne pas être à la hauteur de la «concurrence». À l’heure de l’électromobilité et de l’intelligence artificielle, la société devra de toute manière exploiter toutes les possibilités de production respectueuses du climat. Par conséquent, il y aura de la place pour tout le monde. Le dénigrement constant de certaines technologies fait fuir les forces modérées, dont nous avons pourtant besoin si nous voulons que l’énergie nucléaire retrouve une majorité.

Chercher à communiquer de manière proactive

Pendant des décennies, la branche n’a véritablement communiqué sur l’énergie nucléaire en Suisse que lorsqu’elle devait réagir à des critiques concernant la sûreté de ses propres installations ou à des événements survenus à l’étranger. Dès le départ, elle s’est retrouvée sur la défensive, tandis que les adversaires de l’atome contrôlaient en grande partie le narratif. Nous ne devons pas retomber dans ce mode de fonctionnement. À l’avenir, il nous faudra souligner encore plus les avantages de la technologie nucléaire. Ce sera alors aux détracteurs de l’atome de réagir à nos arguments et de se retrouver sur la défensive. Permettez-moi de citer une fois de plus Churchill pour illustrer mon propos: «No one ever won a war by going into retreat».

Les notes suraiguës ne rendent pas service à l’orchestre

Seuls ceux qui n’ont pas d’arguments ou qui ne sont pas à la hauteur du débat ont besoin de crier plus fort que les autres. Les attaques personnelles, qui incitent plutôt le public à se solidariser avec l’adversaire politique, sont à proscrire. À ce sujet, Winston Churchill dit avec pertinence: «Shrillness is not argument».

Que ce soit bien clair: mon but ici n’est pas de dénigrer l’engagement méritoire de membres de longue date de la branche. Ce texte doit plutôt être considéré comme un appel et une préparation au débat à venir. Nous avons tous le même objectif: lever cette fichue interdiction technologique. Attelons-nous donc ensemble à cette tâche.

Auteur

Lukas Aebi, D.B.

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