Beaucoup de vent autour d’un remplacement irréaliste de l’électricité nucléaire

Remplacer de l’électricité nucléaire suisse par de l’électricité d’origine éolienne provenant d’installations en mer du Nord, comme cela a été proposé lors d’une conférence de presse le 27 mai à Berne sur la base de diverses études, ne serait ni judicieux ni réaliste:

26 mai 2002

si l'on produisait des quantités supplémentaires d'électricité en construisant un grand nombre d'éoliennes dans la mer du Nord - fortement subventionnées en Allemagne par la loi sur les fournitures au réseau - cette électricité ne devrait certainement pas être utilisée pour remplacer de l'électricité nucléaire suisse, qui n'émet déjà pas de CO2, mais plutôt pour remplacer d'anciennes centrales à charbon dans des pays de l'Europe septentrionale.
Dans la discussion politique, certains milieux avancent l'argument selon lequel les centrales nucléaires suisses pourraient être remplacées par des importations d'électricité d'origine éolienne. Il s'agit de remplacer tout de même quelque 25 milliards de kWh, soit 40% environ de l'énergie nécessaire pour l'approvisionnement en électricité du pays. L'Association suisse pour l'énergie atomique (ASPEA) dénonce de tels projets qui font miroiter aux yeux de la population des possibilités qui n'ont en réalité aucune chance. Divers problèmes rendent un remplacement de ce type très difficile, pour ne pas dire impossible.

Atteinte à la sécurité de l'approvisionnement
La production d'énergie éolienne est irrégulière. Contrairement à l'énergie nucléaire, qui arrive en continu "en ruban" sur le réseau, l'énergie éolienne est difficilement prévisible, on ne peut pas la planifier.
Si l'on veut fonder de manière substantielle (c'est-à-dire à raison de 40% environ) l'approvisionnement indigène sur l'énergie éolienne, ceci exige la mise à disposition, dans des proportions correspondantes, de réserves élevées susceptibles de pouvoir être utilisées rapidement lorsque le vent tombe. Or en Suisse, seule l'hydroélectricité entre en considération comme réserve. Il va de soi que les réserves d'eau des barrages ne pourraient plus être utilisées que de manière limitée pour d'autres objectifs. Ceci se traduirait par une perte de la valeur et du rendement de l'énergie produite dans ces installations.
Le problème des sites des installations, en Allemagne par exemple, n'est pas résolu pour autant: si les éoliennes ont connu une forte hausse ces dernières années dans ce pays et si l'on s'attend pour cette année à une nouvelle augmentation de 2900 MW, une diminution du taux de progression se dessine pour la période ultérieure: les sites littoraux et sur terre appropriés commencent en effet à se faire rares, et l'opposition à de telles installations s'intensifie en Allemagne.

Forte augmentation des coûts de l'énergie
Le remplacement de l'énergie nucléaire indigène par des importations d'électricité éolienne coûterait fort cher. Les coûts se répartissent comme suit: prix de revient de l'électricité éolienne de 4 à 6 centimes par kWh (ct/kWh en 2020); coûts du renforcement du réseau, du transport sur 500 à 1000 km et des pertes de réseau; mise à disposition d'énergie de réserve provenant d'installations utilisables de manière limitée dans le pays; indemnisation des pays étrangers pour leur politique d'encouragement (subventions de 9 à 13 ct/kWh en Allemagne par exemple).
La somme de tous ces facteurs de coûts, ainsi que la diminution du rendement des installations de réserve nationales, représentent un renchérissement d'un facteur multiple par rapport au prix de revient de l'électricité nucléaire.

La politique énergétique des pays concernés: un obstacle
Les pays d'Europe septentrionale qui entrent en considération comme exportateurs d'énergie éolienne pratiquent depuis des années une politique coûteuse d'encouragement et de subvention (voir ci-dessus l'exemple de l'Allemagne). En ayant recours de manière ciblée à l'énergie éolienne, ils entendent respecter "l'objectif de Kyoto" de réduction drastique des émissions nationales de CO2. Dans ces conditions, on peut se demander si, pour des raisons de politique énergétique, des importations d'électricité éolienne d'un ordre de grandeur de 40% de la demande suisse seraient en fait réalisables. Il faut s'interroger également sur la possibilité d'aménager à l'étranger les lignes de transmission supplémentaires qui seraient nécessaires pour les importations d'électricité éolienne en Suisse. Il n'y a pas que dans notre pays que la protection de l'environnement et des paysages est prise au sérieux.

Source

H.R./C.P.

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