Créer une nouvelle matière grâce à la lumière

Les chercheurs de l’Institut Paul-Scherrer (PSI) ont réussi à modifier sensiblement les propriétés d’une matière durant un court instant à l’aide d’éclairs lumineux émis par un laser, ce qui a pour ainsi dire donné naissance à une nouvelle matière. Afin de d’observer ces modifications, ils ont ensuite utilisé des éclairs de rayons X très courts. Les informations obtenues pourraient s’avérer utiles pour mettre au point des appareils électroniques plus efficaces.

17 sept. 2014
Principe de l’expérience décrite: au début, les atomes de manganèse pr�ésents dans la matière Pr0.5Ca0.5MnO3 apparaissent dans trois états différents qui correspondent aux différents états des électrons, les orbitales (de forme sphérique, représentées en jaune ou bien en forme de haltère avec deux orientations différentes, en vert). Une impulsion laser excite les électrons. Une impulsion laser à rayons X étudie ensuite les états correspondants.
Principe de l’expérience décrite: au début, les atomes de manganèse présents dans la matière Pr0.5Ca0.5MnO3 apparaissent dans trois états différents qui correspondent aux différents états des électrons, les orbitales (de forme sphérique, représentées en jaune ou bien en forme de haltère avec deux orientations différentes, en vert). Une impulsion laser excite les électrons. Une impulsion laser à rayons X étudie ensuite les états correspondants.
Source: PSI

En collaboration avec des scientifiques de l’ETH Zurich, de l’Université de Tokyo et du SLAC National Accelerator Laboratory (Etats-Unis), ont mené une expérience sur la matière Pr 0.5Ca 0.5MnO3 consistant à fournir de l’énergie supplémentaire aux électrons à l’aide d’une impulsion laser très courte. Tandis que les électrons étaient initialement fixés à des atomes spécifiques, ils pouvaient par la suite sauter de l’un à l’autre. La matière est passée de l’état d’isolant à celui de métal. «Nous avons pour ainsi dire créé une nouvelle matière qui n’existe pas dans la nature», explique Urs Staub, physicien au PSI. «Cette matière, en tout cas ce nouvel état, n’existe que pendant un très court laps de temps. Mais celui-ci suffit pour que les propriétés puissent être étudiées.»

Une brève exposition au laser à rayons X

Les chercheurs ont étudié ce nouvel état à l’aide du laser à rayons X Linac Coherent Light Source (LCLS) du SLAC. Celui-ci génère des éclairs de rayons X intenses et brefs, qui permettent de voir les réactions à l’intérieur des échantillons de matière. Lorsque l’état de la matière change rapidement, il est important que les éclairs soient brefs afin que les images ne soient pas «floues». Les chercheurs ont répété l’expérience à plusieurs reprises en faisant varier le laps de temps entre l’impulsion laser et l’impulsion des rayons X. Ils ont ainsi réussi à définir de quelle manière l’état interne de la matière étudiée changeait sur une échelle de temps ultrarapide.

Comprendre les matières

La matière étudiée présente une structure similaire à celles des matières pouvant intervenir pour les appareils électroniques, étant donné qu’elles présentent la colossale magnétorésistance. Cet effet conduit à ce que la résistance électrique de la matière change fortement lorsque la matière se trouve à proximité d’un aimant. Cette propriété peut être utilisée par exemple pour la lecture de données à partir de supports de mémoire magnétiques. «Le résultat nous aide à comprendre sur le principe la manière dont ces matières se comportent», expliquait Paul Beaud, physicien au PSI, qui codirige l’expérience avec M. Staub. Il sera ainsi possible de modifier de manière ciblée les propriétés d’une matière et par là d’en développer de nouvelles.

Préparation pour SwissFEL

Il sera possible à l’avenir de mener au PSI des expériences similaires à celles menées sur le LCLS grâce à la mise en service fin 2016 du laser à rayons X SwissFEL. Pour les chercheurs du PSI, les recherches effectuées aux Etats-Unis offrent la possibilité de collecter des expériences qu’ils pourront ensuite réutiliser dans le cadre de celles menées sur le SwissFEL.

Source

M.A./C.B. d’après un communiqué de presse du PSI du 4 septembre 2014, et P. Beaud et al., «A time-dependent order parameter for ultrafast photoinduced phase transitions», in: Nature Materials, du 3 août 2014, doi:10.1038/nmat4046

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