Débat contradictoire «Alors le nucléaire, bon ou mauvais pour l’environnement?»

Un débat contradictoire entre écologistes, organisé le 19 novembre 2009 à Lausanne par la Fédération romande pour l’énergie (FRE) et le Forum nucléaire suisse, a fait apparaître, devant un public venu en grand nombre, une évaluation diamétralement opposée de l’énergie nucléaire parmi les représentants de la «pensée verte».

22 nov. 2009
La FRE a élu Chantal Balet à sa présidence lors de son assemblée générale.
La FRE a élu Chantal Balet à sa présidence lors de son assemblée générale.
Source: FRE

La pensée classique a été défendue par Antonio Hodgers, conseiller national du canton de Genève du groupe des Verts. Antonio Hodgers se dit inspiré par l’idée du développement durable et entend laisser la planète dans l’état où il l’a connue. Les arguments qui parlent selon lui contre l’énergie nucléaire sont la sécurité non garantie, l’explosion des coûts de l’uranium et l’épuisement prochain des réserves d’uranium, les charges élevées que fait peser l’énergie nucléaire sur l’environnement, la question non résolue de l’évacuation des déchets ainsi que le manque de couverture d’assurance en cas d’accident. Si tous ces désavantages étaient pris en considération dans les coûts du courant atomique, l’énergie nucléaire ne serait pas défendable sous l’angle économique, estime Antonio Hodgers. A son avis, la seule solution envisageable est de réduire la consommation d’énergie par une élévation de l’efficacité énergétique. Si la Suisse diminuait ses besoins électriques d’un tiers, les centrales nucléaires deviendraient superflues, a souligné l’écologiste, en ajoutant que le canton de Genève par exemple couvre depuis 15 ans ses besoins sans électricité atomique, une affirmation qui n’a pas manqué de déclencher une vive protestation dans le public.

«Une grande erreur historique»

Bruno Comby, fondateur et président de l’Association des écologistes pour le nucléaire, domiciliée en France, a défendu un point de vue diamétralement opposé. Bruno Comby s’affirme comme un écologiste convaincu qui met aussi ses idées en pratique dans la vie courante. Face au problème climatique, il est nécessaire de diminuer par deux la consommation d’énergie et de réduire les émissions de gaz à effet de serre à un quart de ce qu’elles sont actuellement, a-t-il souligné. A son avis, le nucléaire est aujourd’hui la seule source d’énergie capable de couvrir les besoins industriels, les énergies renouvelables étant disponibles en faible quantité et leur production d’électricité n’étant que temporaire. A l’heure actuelle, il s’agit en premier lieu d'abandonner les énergies fossiles. Bruno Comby a qualifié «d’erreur historique majeure» le rejet systématique de l’énergie nucléaire par les organisations écologistes.

Vision d’une Suisse indépendante en matière d’énergie

Pour l’ingénieur vaudois Jacques Neirynck, conseiller national PDC, la sécurité de l’approvisionnement énergétique de la Suisse constitue à l’heure actuelle le défi majeur auquel le pays est confronté, un défi comparable à la sécurité des bases de l’alimentation. Il prône une autarcie, ou du moins une quasi-autarcie de la Suisse en matière d’approvisionnement énergétique d’ici 2050. Selon Jacques Neirynck, il faudra à cette fin économiser l’énergie gaspillée et récupérer les énergies renouvelables, comme le montre une analyse de 2001 de l’Académie suisse des sciences techniques SATW. A son avis, les combustibles fossiles et l’énergie nucléaire ne sont qu’une solution transitoire, mais il doute que le Conseil fédéral, le Parlement et la population soient prêts à lancer les mesures nécessaires.

Dans le débat qui a suivi, des intervenants parmi l’assistance ont émis des doutes sur la réalité des faits telle que présentée par Antonio Hodgers, lequel a répondu par l’argument selon lequel même 50 ans après ses débuts, l’énergie nucléaire aurait du mal à s’imposer et serait de toute façon très loin de pouvoir prendre la relève des énergies fossiles dans le monde. Interrogé sur la situation de concurrence entre les énergies renouvelables et l’énergie nucléaire, Bruno Comby a exprimé sa conviction que l’humanité allait au-devant d’une crise énergétique gravissime. Pour conjurer cette crise, les trois éléments sont à son avis nécessaires: l’énergie nucléaire, les énergies renouvelables et l’amélioration de l’efficacité énergétique.

Nouvelle présidente de la FRE

Lors de son assemblée générale le même jour à Lausanne, la FRE a élu l’avocate et économiste valaisanne Chantal Balet à sa présidence. Elle succède à l’ex-conseiller national Serge Beck. Ancienne directrice romande de l’association faîtière économiesuisse, elle assume en particulier des mandats de conseil auprès de grandes sociétés actives dans le domaine de l’énergie.

D’autres personnalités ont été élues au comité de l’association, en particulier les députés Frédéric Haenni, président de Gastrovaud, Pierre Weiss, vice-président du Parti libéral radical suisse, ainsi que l’économiste et homme politique valaisan PDC Paul-André Roux, le chercheur scientifique et enseignant Jacques-André Hertig et l’ingénieur jurassien Christophe Günter.

Source

M.S./C.P.

Restez informé-e!

Abonnez-vous à notre newsletter

Vers l’abonnement à la newsletter

Profitez de nombreux avantages

Devenez membre du plus grand réseau nucléaire de Suisse!

Les avantages en tant que membre