Deepwater Horizon: évolution du besoin d’information
Le caractère dramatique de l’événement n’a rien à envier aux autres et pourrait fournir la substance pour un projet de scénario de l’industrie cinématographique hollywoodienne. Selnaustrasse 30 à Zurich: le mardi matin 20 avril 2010, Transocean, l’exploitant de plates-formes pétrolières dont le siège est à Zoug, fête son introduction à la bourse suisse. Quelques heures à peine après une première cotation satisfaisante à Zurich, la catastrophe dans le golfe du Mexique était consommée: la plate-forme de forage Deepwater Horizon explosait et disparaissait dans la mer.Mexiko: Die Ölplattform Deepwater Horizon geht in Flammen auf und versinkt im Meer.

Onze personnes y ont laissé la vie, dont neuf membres de l’équipe de Transocean. Le coût de cette catastrophe pétrolière est encore impossible à évaluer. Les experts tablent sur un dommage de l’ordre de 30 milliards de francs. Outre Transocean, BP, le prestataire de services en énergie Halliburton et les autorités de surveillance sont sur la sellette. Les autorités fédérales, en l’occurrence Minerals Management Service (MMS), n’attribuent pas seulement les licences d’exploitation, mais sont responsables de la délivrance des autorisations et de l’exécution des contrôles correspondants dans le cadre des forages exploratoires.
Deepwater Horizon a réveillé la prise de conscience des risques de l’exploitation pétrolière. Il ne s’agit toutefois pas pour la branche nucléaire de se réjouir des déboires de la branche pétrolière et de la désigner ainsi du doigt. Il faut en effet accorder attention à la remarque de Lisa Murkowski, sénatrice américaine: «La production d’énergie n’a jamais été exempte de risques et de conséquences pour l’environnement.» Même l’énergie éolienne et l’énergie solaire parées de toutes les vertus écologiques et durables ont des effets considérables sur l’environnement en cette période de forte croissance.
C’est un point sur lequel il a été insisté lors de l’assemblée annuelle du Forum nucléaire suisse. Josef A. Dürr, directeur de l’Association des entreprises électriques suisses (AES), retenait au titre du critère de la consommation de ressources que les métaux comme le cuivre, l’acier et l’aluminium n’allaient pas être disponibles éternellement. Nous ne pourrons donc pas non plus nous passer d’une utilisation économe de ces ressources également nécessaires à la production d’énergie électrique. Josef A. Dürr dans la note d’origine: «Le besoin en cuivre par gigawatt-heure d’électricité produite est de 1 kg pour la force hydraulique, de près de 5 kg pour les centrales nucléaires, de 25 à 60 kg pour les éoliennes et entre 110 et 230 kg pour les installations photovoltaïques.» Pour le minerai de fer, les proportions sont identiques. La production d’un gigawatt-heure d’électricité nécessite 200 à 300 kg de minerai de fer pour la force hydraulique, environ 300 kg pour les centrales nucléaires, entre 900 et 1400 kg pour les panneaux photovoltaïques et entre 900 et 1400 kg pour les installations éoliennes.
Il est vrai que l’opinion publique a été suffisamment bien informée au cours de ces dernières années sur la charge en CO2 que faisait peser la consommation de pétrole. Mais simultanément, les risques de l’extraction, du raffinage et du transport du pétrole n’ont été qu’à peine évoqués. De nombreuses images de lacs pollués à jamais au Canada sont accessibles à l’écran. L’extraction de sables bitumineux est extrêmement gourmande en ressources. Nous sommes également sensibilisés aux innombrables fuites des oléoducs totalement hors d’âge de Sibérie, de même qu’aux menaces d’attentats terroristes au Nigeria ou aux conséquences de l’extraction pétrolière sur la forêt tropicale en Equateur. Il se pose aussi la question de savoir si l’expansion de l’extraction pétrolière dans certaines régions ne se fait pas trop rapidement, au détriment de contrôles de sécurité stricts. En 20 ans, les quantités de pétrole extraites du golfe du Mexique ont doublé. La soif d’énergie est énorme.
L’intérêt suscité par l’industrie pétrolière a connu une croissance brutale dans les médias. Les besoins en informations des internautes ont changé. En peu de temps, les recherches sur BP et Transocean se sont accrues massivement. Quelques analyses montrent que l’intérêt supérieur manifesté envers l’ensemble de la branche pétrolière connaît aussi une croissance significative. Le besoin d’information direct pour l’énergie nucléaire décroît donc comme on peut s’y attendre dans un tel contexte. Mais l’importance d’un mix énergétique équilibré va globalement se renforcer à moyen et long terme. L’intérêt pour les thèmes autour de l’énergie nucléaire devrait donc être durable.

Source
Hans Peter Arnold