Deepwater Horizon, tsunami et Fukushima – Croissance et chute exponentielles de l'attention accordée

Il y a peu d'événements majeurs qui auront autant remué de nombreuses personnes que la cadence tragique des catastrophes environnementales qui ont frappé le Japon en mars. Mais l'intérêt global manifesté par les internautes n'a cependant été que de courte durée, comme le montrent les analyses suivantes.

16 mai 2011

Loin des yeux, loin de l'esprit: c'est le 20 avril 2010 que la plus grande catastrophe pétrolière mondiale du golfe du Mexique a été portée à la connaissance du monde. Mais peu de médias et peu d'internautes s'y sont intéressés. L'accident de la plate-forme Deepwater Horizon démontrait pourtant nettement combien la planète et ses habitants étaient vulnérables. 6,93 milliards d'êtres humains vivent sur cette planète, soit sept fois plus qu'il y a encore 200 ans. Et combien est-il aisé de constater que le niveau de vie s'est également amélioré de manière exponentielle, du moins dans le monde occidental?

Depuis Deepwater Horizon, nous connaissons tout particulièrement les risques auxquels est exposée la production d'énergie. Jusqu'il y a peu, ces aspects ne paraissaient globalement intéresser que les collaborateurs travaillant sur des études d'évaluation des conséquences des techniques. Ce faisant, ces études, dont notamment celles de L'institut Paul Scherrer (PSI), ont fourni de passionnantes contributions à la discussion, apports qui ont permis entre autres une vision différenciée des avantages et des inconvénients de l'énergie nucléaire.

La tragédie de Fukushima intervenait à peine un an plus tard. On peut déjà affirmer aujourd'hui qu'aucun autre événement de ces dernières années n'a autant remué de personnes en un temps si court. La dernière fois que cela c'est produit, il s'agissait des attentats terroristes du 11 septembre 2001 sur le World Trade Center de New York.

L'intérêt du public est déjà mesurable à l'audience relevée pour les différentes chaînes de télévision. Mais les statistiques des consultations Internet permettent par ailleurs de tirer des conclusions sur l'attention accordée par les consommateurs de médias à un événement donné. C'est ainsi que les consultations du site web CNN ont pratiquement doublé dans les jours qui ont suivi la tragédie au Japon. Le cumul des événements, séisme, tsunami, accident de réacteur, a été le fil conducteur d'une dramaturgie étrange et inquiétante.

Il n'y a toutefois pas seulement les médias internationaux qui ont enregistré une énorme attention. La comparaison avec les valeurs moyennes a montré que des portails d'information suisses, de la Neue Zürcher Zeitung jusqu'à 20 Minutes, avaient fait l'objet d'un usage intensif. Parallèlement à cette croissance brutale, les portails dédiés au shopping devaient connaître une chute significative du nombre de visiteurs. Mais après une semaine environ, la situation s'était à nouveau nettement normalisée. Les premières tendances à la saturation commençaient à se manifester.

D'autres analyses mettent nettement en évidence une énorme tendance à l'entrée en résonnance, suivie d'un épuisement. C'est le 11 mars 2011 qu'a été mesuré le pic d'intérêt des internautes pour Fukushima. Si l'on attribue à cette valeur l'indice 100, six semaines plus tard l'intérêt global avait chuté à 6 points, ce qui correspond à un recul de 94%. Comme l'on pouvait s'y attendre, un événement subsiste d'autant plus longtemps dans les préoccupations d'un internaute que ce dernier se situe plus près de l'épicentre de l'événement. Six semaines après la catastrophe, l'indice se situait encore à 18 points au Japon, à 11 points en Chine et à 8 points en Russie. L'intérêt est resté étonnamment élevé en France avec 12 points d'indice. Mais six semaines plus tard, l'intérêt avait aussi chuté à un niveau comparable en Grande-Bretagne (5 points), en Suisse (5 points), en Inde (4 points) et en Allemagne (2 points).

Les comparaisons effectuées avec la catastrophe pétrolière du golfe du Mexique montrent à la fois des similitudes et des différences. L'intérêt global pour Fukushima s'est situé au plus fort du pic à 300 pour cent au-dessus de celui manifesté pour Deepwater Horizon au printemps 2010. Des tendances à la saturation des internautes ont aussi pu être clairement reconnues dans le cas de la catastrophe de Deepwater Horizon, mais l'intérêt a chuté plus lentement que dans le cas de Fukushima.

Source

Hans Peter Arnold/P.C.

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