Des risques et effets secondaires des centrales à gaz
Les sources d'énergie présentent toutes des avantages et des risques qui leur sont propres. Prenons par exemple le gaz, plus présent aujourd'hui que par le passé.
Les risques de la société moderne se voient particulièrement dans la production d'énergie. Les acteurs de l'énergie nucléaire, en particulier, accordent bien entendu aussi un intérêt majeur à une évaluation juste des risques. Nous avons à ce propos rappelé à plusieurs reprises les risques propres aux différentes sources d'énergie. Beaucoup de risques ne sont que peu pris en compte par les médias, et par conséquent aussi par la population. Ainsi, l'extraction du charbon coûte année après année la vie à des milliers de mineurs.
La station de forage «Deepwater Horizon» a explosé en avril 2010. Cette catastrophe pétrolière dans le Golfe du Mexique a certes été au centre de beaucoup d'attention tant que se sont déroulés les événements. Aujourd'hui, plus personne ne parle de la plus grave marée noire de l'histoire des Etats-Unis. Plus de 800 millions de litres de pétrole s'étaient alors échappés du forage avant de souiller la mer et le littoral.
Ce n'est pas tout: les tentatives de réduire les émissions de gaz à effet de serre restent manifestement sans effet. Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), les émissions ont atteint un nouveau record l'année passée. Passée presque inaperçue auprès de l'opinion publique mondiale, la conférence de Bonn sur le climat de mai 2012 n'a presque rien fait avancer.
Les événements majeurs finissent certes par être relayés par les médias concernés en dépit des obstacles. L'événement doit toutefois être bien circonscrit dans l'espace et le temps et sa gravité dépasser un certain seuil critique. L'énorme fuite de gaz dans la mer du Nord sur la plateforme de forage de Total était en concurrence avec d'autres sujets comme les nouveaux soubresauts de la crise de l'euro. De plus, contrairement à la catastrophe pétrolière de Deepwater Horizon, au cours du premier semestre 2010 dans le Golfe du Mexique, il n'y a pas d'images dramatiques de la fuite de gaz. Au début de la catastrophe, le 25 mars, il y avait certes un risque d'explosion. Les 238 employés de la plateforme sont toutefois parvenus juste à temps à se mettre à l'abri.
Total a mis 50 jours avant de parvenir à colmater la fuite. L'entreprise a injecté de la boue dans le forage. Le gaz provenait d'un gisement situé à 4000 m de profondeur dont l'exploitation n'était en réalité pas prévue. Le gisement qui devait être exploité se situe à 5500 m sous la surface marine. Selon le gouvernement britannique, le tapis de condensat de gaz couvre une surface de 22 km de long sur 4,5 de large. L'organisation de défense de l'environnement Greenpeace a demandé l'interdiction générale de l'exploitation gazière et pétrolière dans les régions sensibles de la planète.
Initialement, selon les données de l'exploitant, 200'000 m3 s'échappaient quotidiennement de la fuite. Cette quantité s'est plus tard réduite à près d'un tiers, ce qui donne un volume total de 5 millions de m3 environ. Pour illustration: si on emballait ce gaz en cubes d'un mètre de coté et qu'on les alignait, la rangée obtenue couvrirait la distance Berne-Moscou aller-retour. La direction de Total estime que l'accident coûtera entre 228 et 304 millions d'euros (CHF 274 à 365 mio.). Total n'aura pas à payer pour les dommages infligés au climat, bien que le gaz qui s'est échappé, du méthane, ait 20 fois plus d'impact que le CO2.
Les risques liés à l'exploitation du gaz sont avant tout sous-estimés dans la distribution et dans la consommation finale. Des accidents dus au gaz se produisent chaque semaine: la destruction de l'immeuble à Pratteln est encore fraîche dans les mémoires, par chance, elle n'a pas fait de victimes. Il s'agit très probablement d'un accident de gaz. Des dizaines de personnes perdent la vie chaque semaine à travers le monde à cause de conduites de gaz défectueuses.
Les médias suisses, et en particulier la télévision, se sont récemment penchés sur la chaîne de livraison de l'uranium. Toutefois, le gaz ne fait pas meilleure figure. Ainsi, la carte de «Finanz und Wirtschaft» montre que le ratio entre les pays à problème avec une très forte corruption et ceux avec une corruption faible est plutôt moins bon dans l'exploitation gazière (édition du 19 mai 2012). Le scientifique écologiste Ernst Ulrich von Weizsäcker en est convaincu: «L'énergie du gaz est un mauvais investissement» (NZZ am Sonntag; 20 mai 2012). Il plaide pour plus d'efficacité énergétique: doubler le bien-être et diviser la consommation de ressources par deux. Une idée restée à l'état d'illusion à ce jour.
Source
Hans Peter Arnold /T.M.