Emissions de ruthénium inexpliquées: les experts recherchent l’origine

La Russie a mis sur pied une commission internationale d’experts dédiée à l’examen de l’origine du ruthénium 106 détecté à l’automne 2017 dans plusieurs pays d’Europe. Cette commission s’est réunie pour la première fois fin janvier 2018.

13 févr. 2018

La commission a été créée sur l’initiative de l’Institut de la sécurité nucléaire de l’académie russe des sciences (IBRAE). D’après un communiqué de l’autorité suédoise de sûreté nucléaire (SSM), l’Allemagne, la Finlande, la France, la Grande-Bretagne, la Norvège et la Suède sont représentées dans la commission. L’équipe d’experts s’est réunie pour la première fois à Moscou le 31 janvier 2018.

A l’occasion de cette rencontre, l’Institut français de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a présenté les résultats actualisés d’un rapport publié en novembre 2017. Ainsi, d’après les experts français, un rejet d'une quantité importante de ruthénium localisé entre la Volga et l'Oural, et qui se serait produit fin septembre 2017 au cours d'une opération de traitement de combustible irradié, est l’hypothèse qui explique le mieux les mesures issues des stations de surveillance de la radioactivité atmosphérique de différents pays européens. Sur la base de la composition du radioisotope, l’IRSN émet l’hypothèse qu’il s’agirait d’un combustible usé sorti d’un réacteur nucléaire depuis environ deux ans. En effet, dans certaines mesures, du Ru-103 avec un ratio par rapport au Ru-106 a été détecté. La commission partage cet avis. Elle exclut la possibilité d’une source médicale.

La commission arrive à la conclusion que des mesures supplémentaires seraient nécessaires dans certaines régions de Russie. De même, la réalisation de mesures serait utile en Roumanie, où des valeurs de Ru-106 élevées ont été relevées. D’après l’IRSN, la prochaine réunion de la commission aura lieu le 11 avril 2018 à Moscou.

Informations de fond concernant le ruthénium-106

Le Ru-106 est un émetteur bêta; le nucléide fille qui en résulte – le Rh-106 (Rhodium-106) – possède une très courte durée de vie et émet des rayons gamma. Ainsi, lors d’une désintégration du Ru-106, à la fois des rayons bêta et des rayons gamma sont émis. Le Ru-106 possède une demi-vie d’un peu plus d’un an (373,6 jours). Il s’agit d’un produit de fission de l’uranium dans une centrale nucléaire.

Le Ru-106 est utilisé notamment comme source de rayonnement dans le cadre du traitement du cancer, pour agir sur les tumeurs au niveau des yeux. Il est également utilisé, plus rarement cependant, dans les générateurs thermoélectriques à radio-isotopes (Radioisotope thermoelectric generators, RTG) qui garantissent l’approvisionnement électrique des satellites. Du ruthénium peut également être produit dans le cadre du retraitement d’assemblages combustibles usés.

Source

M.B./C.B. d’après un communiqué de presse de la SSM du 5 février, l’IRSN, Detection in October 2017 of Ruthenium 106 in France and in Europe: Results of IRSN’s investigation, du 6 février, et un communiqué de presse de l’Office fédéral allemand de radioprotection (BfS) du 22 janvier 2018

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