Etude des coûts d’un accident nucléaire hypothétique en France

L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a procédé à une évaluation des coûts économiques d’un accident de réacteur hypothétique en France: un «accident grave» engendrerait des coûts à hauteur de 120 milliards d’euros (CHF 150 mia.) en moyenne; un «accident majeur», des coûts de quelque 430 milliards d’euros (CHF 530 mia.).

14 févr. 2013

Le 6 février 2013, l’IRSN a présenté aux médias une étude des coûts qui pourraient résulter d’un accident nucléaire en France assorti de rejets de substances radioactives. Cette étude avait déjà été présentée en novembre 2012 au Forum Eurosafe.

Cinq catégories de coûts

L’étude a évalué les coûts directs, indirects et induits d’un accident de réacteur suivant deux scénarios. Elle distingue en l’espèce cinq catégories de coûts:

  1. Les coûts engendrés sur place, tels que ceux de l’assainissement et de l’arrêt du réacteur et de l’approvisionnement électrique de secours
  2. Les coûts engendrés à l’extérieur du site, tels que préjudices sanitaires et psychologiques et atteintes à l’agriculture
  3. Les coûts en rapport avec l’image – effets sur le tourisme, l’agriculture, les exportations de denrées alimentaires et autres préjudices économiques
  4. Les coûts liés à la perte de production électrique
  5. Les coûts générés par les évacuations hors des régions menacées et contaminées.

Les auteurs de l’étude ont évalué les coûts en référence à deux scénarios, fondés chacun sur l’hypothèse d’une fusion de cœur dans un réacteur français, avec émission de substances radioactives. Le scénario 1, celui d’un «accident grave», repose sur l’hypothèse d’une fusion assortie de rejets radioactifs plus ou moins contrôlés. Le scénario 2 se réfère à un «accident majeur» de fusion, avec des émissions incontrôlées massives.

Les coûts d’un «accident grave»

Les coûts liés au scénario 1 sont évalués à 120 milliards d’euros au total (CHF 150 mia.), soit à quelque 6% du Produit intérieur brut (PIB) français. Les auteurs précisent que ces coûts seraient, pour la plupart, répartis sur trois ans et qu’ils ne grèveraient donc pas le PIB en une année. Selon le développement de la croissance, le préjudice global équivaudrait à 3, voire à 6 années de croissance. Les coûts liés à la perte d’image et les dépenses en rapport avec le remplacement de la production électrique remporteraient la palme avec 77%. Quant aux coûts consécutifs à la contamination radioactive et aux évacuations, ils représenteraient 18%. Selon l’étude, Il faudrait évacuer environ 3500 personnes, une opération que la France pourrait réaliser de manière satisfaisante. Les rejets radioactifs étant plus ou moins contrôlés, ils permettraient en outre la prise de mesures véritablement efficaces.

Selon les auteurs, les coûts pourraient varier entre 55 milliards d’euros (CHF 70 mia.) – soit -55% – et 240 milliards d’euros (CHF 300 mia.) – soit +100% – suivant l’étendue de l’accident hypothétique.

Les coûts d’un «accident majeur»

Selon le scénario 2, le total des coûts se chiffrerait à 430 milliards d’euros (CHF 530 mia.), soit plus d’un cinquième du PIB français. Les dépenses en rapport avec la contamination radioactive et les évacuations se monteraient à plus de 160 milliards d’euros (CHF 200 mia.), c’est-à-dire huit fois plus que dans le scénario 1. Il faudrait évacuer environ 100’000 personnes, une tâche difficilement maîtrisable selon l’étude. Quant aux coûts liés à la perte d’image, les auteurs les évaluent à 166 milliards d’euros (CHF 205 mia.), soit 3,5 fois plus que dans le scénario 1. Les auteurs précisent que coûts évalués suivant le scénario 2 pourraient se situer dans une fourchette de -60% et de +120%.

Patrick Momal, l’un des deux auteurs de l’étude, a rappelé la probabilité extrêmement faible de tels accidents. «Des estimations comme celle-ci aident les décideurs à placer, dans une juste perspective, les coûts des mesures préventives.»

Source

M.A./P.V. d’après l’étude de Ludivine Pascucci-Cahen et de Patrick Momal, «Massive radiological releases profoundly differ from controlled releases», présentée en novembre 2012 au Forum Eurosafe

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