France: «Construire de nouveaux réacteurs nucléaires est pertinent du point de vue économique», estime RTE

Le 25 octobre 2021, l’exploitant de réseau français RTE a publié les principaux résultats de son étude sur l’évolution du système électrique français. À partir de plusieurs scénarios, l'étude «Futurs énergétiques 2050» montre différents chemins pour faire face à l'augmentation attendue de la demande en électricité.

29 oct. 2021
Le président de RTE, Xavier Piechaczyk, présente les scénarios élaborés dans le cadre de l'étude «Futurs énergétiques 2050».
Le président de RTE, Xavier Piechaczyk, présente les scénarios élaborés dans le cadre de l'étude «Futurs énergétiques 2050».
Source: Tweet Xavier Piechaczyk

L’UE souhaite atteindre la neutralité climatique d’ici à 2050, et réduire ses émissions de CO2 d’«au moins» 55% d’ici à 2030. Dans ce contexte, RTE a développé plusieurs scénarios qui montrent de quelle manière il serait possible de transformer l’économie et les modes de vie et de restructurer le système afin de remplacer les énergies fossiles en tant qu’énergie principale du pays.

Le scénario de référence part d’une consommation électrique de 645 térawattheures (TWh) en 2050, ce qui correspond à une augmentation d’environ 35% par rapport à aujourd’hui. Cette augmentation de la consommation présuppose une électrification «progressive» et une ambition forte sur l’efficacité énergétique. Un autre scénario table sur une consommation de seulement 555 TWh et sur une plus grande sobriété des usages et des consommations: un plus grand recours au télétravail, une moindre consommation de biens manufacturés, une économie de partage, moins de déplacements individuels au profit des mobilités douces et des transports en commun. À l’inverse, une réindustrialisation profonde de la France et une accélération du développement de la production d’hydrogène pourraient conduire à une plus grande consommation d'électricité de 752 TWh. Outre ces scénarios, RTE en a développé quatre autres avec une consommation comprise entre 578 et 754 TWh.

Deux défis

Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, une électrification massive des secteurs des transports, du chauffage et de l’industrie, aujourd’hui encore dépendants du pétrole et du gaz, sera nécessaire dans tous les cas. Et même si la consommation totale d’électricité diminue, la France consommera en 2050 davantage d'électricité qu’aujourd’hui, et ce également dans le scénario avec la consommation la plus basse.

«La France doit simultanément faire face à deux défis: d’une part produire davantage d’électricité en remplacement du pétrole et du gaz fossile et, d’autre part, renouveler les moyens de production nucléaire qui vont progressivement atteindre leur limite d’exploitation d’ici 2060», résume le président de RTE, Xavier Piechaczyk.

Six scénarios de production

Afin d’«éclairer le débat public», RTE présente six scénarios de production possible qui vont de 100% de renouvelables en 2050 à un développement ciblé de l'énergie nucléaire, avec la construction de réacteurs de type EPR2 et de petits réacteurs modulaires. «Tous les chemins sont possibles, même si certains sont plus difficiles ou moins sûrs», estime M. Piechaczyk.

Dans ces scénarios, les dimensions économiques, écologiques et sociétales des futures décisions sont prises en compte. L’étude renonce à formuler une recommandation, mais présente les avantages, les inconvénients, les impacts et les conséquences des différentes options, explique M. Piechaczyk. Selon lui, il revient aux hommes politiques élus démocratiquement de déterminer le chemin à prendre, et il existe une nécessité absolue à prendre des décisions.

D’après les auteurs du rapport, atteindre la neutralité carbone est impossible sans un développement significatif des énergies renouvelables. Cela vaut aussi pour les scénarios qui prévoient la construction de centrales nucléaires. Ainsi, la production solaire devra être multipliée par sept et l'éolien par deux et demi même dans le scénario d’un développement massif du nucléaire.

L’énergie nucléaire est pertinente au plan économique

L’étude arrive à la conclusion que la construction de nouvelles centrales nucléaires reste toutefois pertinente pour des raisons économiques. Car même si les coûts des énergies renouvelables ont fortement baissé, le solaire et l’éolien nécessitent des investissements importants dans les réseaux électriques et la flexibilité, ce qui rendra à son tour nécessaire la création de capacités de stockage et de centrales thermiques fonctionnant, par exemple, à l’hydrogène ou au biométhane. Les scénarios avec de nouvelles centrales nucléaires sont ainsi plus compétitifs.

La différence entre un scénario avec de nouveaux réacteurs – 14 tranches du type EPR2 et plusieurs SMR – et un scénario sans le nucléaire qui reposerait sur le développement de grandes installations destinées d’énergie renouvelable, s'établit à 10 milliards d’euros. Dans certains scénarios, l’écart atteint même 20 milliards d’euros par an.

RTE arrive à la conclusion que «Pour 2050, le système électrique de la neutralité carbone peut être atteint à un coût maîtrisable». L’augmentation des coûts de l’électricité s'établirait autour de 15% mais en contrepartie, les dépenses pour les carburants ou le chauffage au fioul disparaîtraient.

Source

M.A./C.B. d’après un communiqué de presse de RTE du 25 octobre 2021, et les principaux résultats de l’étude «Futurs énergétiques 2050» publiée en octobre 2021

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