Japon: lancement des essais de résistance et des débats sur l'énergie

Le Japon a l'intention de soumettre l'ensemble de ses centrales nucléaires à des tests de résistance, afin de rassurer la population sur la sûreté des installations nucléaires. De plus, il se dessine au sein du gouvernement un conflit sur une possible réorientation de la politique énergétique, avec pour objectif l'abandon du nucléaire.

20 juil. 2011

Pour donner suite à l'accident de réacteur survenu à Fukushima-Daiichi, toutes les centrales nucléaires du pays doivent être soumises à des tests de résistance. C'est notamment ce qu'a annoncé Banri Kaieda, ministre japonais de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie, le 6 juillet 2011. La sûreté des installations du pays serait toutefois déjà assurée. Néanmoins, les inspections de sécurité classiques seraient complétées par des tests de résistance, «afin que les citoyens se sentent en sécurité», selon Kaieda.

Procédure prévue en deux phases – mais calendrier incertain

La Nuclear and Industrial Safety Agency (Nisa), l'autorité de surveillance nucléaire japonaise, a annoncé à la mi-juillet 2011 qu'il était prévu une procédure en deux phases. Il convient tout d'abord de contrôler, à partir du 31 juillet, la résistance aux séismes et aux tsunamis des centrales nucléaires déjà arrêtées pour inspection. Au cours d'une seconde phase, le contrôle devrait ensuite concerner l'ensemble des installations nucléaires, et notamment la combinaison des risques extrêmes séisme et tsunami. La Nisa a exigé des exploitants que les résultats de la seconde phase des tests de résistance soient encore déposés avant la fin de cette année auprès de l'autorité de sûreté. Le moment de la remise en service des 33 tranches nucléaires mises à l'arrêt sur les 53 que compte le pays reste toutefois incertain. Goshi Hosono, le conseiller particulier de crise nucléaire chargé de mission depuis l'accident de réacteur, élevé au rang de ministre d'Etat depuis la mi-juillet, a annoncé que le gouvernement ne déciderait de la remise en service des tranches mises à l'arrêt que lorsque les premiers résultats des tests de résistance seraient connus. Cette décision serait toutefois devenue urgente, car le pays souffre actuellement d'une grave pénurie d'électricité.

Stratégie énergétique contestée

Naoto Kan, premier ministre japonais, avait annoncé déjà deux mois après l'accident de réacteur de Fukushima-Daiichi une réorientation de la stratégie énergétique actuelle. Il avait alors laissé entendre que l'énergie nucléaire resterait «un pilier» de l'approvisionnement du Japon en énergie. Le 12 juillet 2011, il exigeait toutefois une remise en question de la politique énergétique: «Nous devons développer une société capable de se passer de l'énergie nucléaire», selon Kan. Le premier ministre désire atteindre cet objectif par la promotion d'énergies renouvelables ainsi que par des économies d'énergie. Aucun calendrier n'a toutefois été fixé. Entre-temps, cette décision relative à un tournant de la politique énergétique a déclenché un conflit au sein du gouvernement. Yukio Edano, porte-parole du gouvernement devait en effet annoncer le 14 juillet dernier que le renoncement à l'énergie nucléaire ne constituait pas la ligne officielle du gouvernement. Une société sans nucléaire, telle que souhaitée par Kan, ne constitue qu'un «espoir pour un avenir lointain», laissait-il à penser. Kan devait rapidement confirmer que cette renonciation à l'énergie nucléaire ne reflétait que sa propre opinion après les événements de Fukushima-Daiichi. Hosono défendait de son côté la proposition de Kan et constatait que les chances de construction de nouvelles centrales nucléaires au Japon étaient faibles. La volonté de réduire la dépendance de l'énergie nucléaire serait plus une réalité qu'une théorie.

Source

D.S./P.C. d'après des Earthquake Reports du Japan Atomic Industrial Forum des 15, 16 et 17 juillet, ainsi qu'Atoms in Japan du 25 juillet 2011

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