L'AEN de l'OCDE lance une discussion de principe sur la radioprotection

Le Comité de protection radiologique et de santé publique de l'Agence de l'OCDE pour l'énergie nucléaire (AEN) a procédé lui aussi à une analyse critique des bases de la radioprotection actuelle.

10 sept. 2000

Le rapport qu'il vient de publier entend lancer une discussion aussi large que possible sur le sujet. Ce débat devait déboucher sur un consensus quant aux prochaines recommandations générales de la CIPR (Commission internationale de protection radiologique) prévues à partir de 2005. Dans la plupart des pays, ces recommandations constituent la base de la législation appliquée en matière de radioprotection. Le débat s'est déclenché dès l'été dernier lorsque Roger Clarke, président de la CIPR, a publié des propositions relatives à un nouveau concept de la radioprotection et a critiqué tout particulièrement ici l'utilisation faite de la dose collective.
Ce rapport de l'AEN s'interroge en résumé sur les huit éléments suivants du système actuel de radioprotection:

  • Clarté et cohérence: la terminologie employée en radioprotection est complexe, parfois contradictoire et contribue à entamer la confiance, surtout parce qu'il n'est pas fait de distinction précise entre considérations technico-scientifiques et considérations socio-politiques. Les concepts et les principes de base utilisés doivent donc être définis de manière claire et nette en fonction du contexte social actuel.
  • Justification: ce concept ne présente pas d'intérêt pratique particulier. La justification est souvent complètement insignifiante ou alors beaucoup trop complexe, dans l'interaction par exemple avec le concept d'optimisation. Les recommandations de la CIPR devraient tenir compte de ceci à l'avenir.
  • Optimisation: ce concept est certes l'un des piliers de la radioprotection. Mais il est trop souvent difficile à appliquer dans la pratique et peut aboutir à des résultats contradictoires dans divers domaines, par exemple en ce qui concerne les centrales nucléaires et la médecine. Il faut donc que la CIPR définisse des consignes pratiques pour appliquer correctement ce principe.
  • Dose collective: le calcul de cette grandeur est certes utile sous l'angle de l'optimisation et empêche des mesures déraisonnables telles qu'un "partage de la dose". Mais le résultat est plus que discutable lorsque l'on "calcule" collectivement les "effets" de doses infimes sur des grands groupes pendant une longue période. Un tel calcul constitue une mauvaise utilisation de l'hypothèse linéaire sans seuil pour la relation dose/effets. Il faut donc délimiter clairement désormais l'application de la dose collective comme concept afin d'éviter l'addition simpliste de doses sans avoir ventilé les groupes.
  • Limites de dose: il faut parvenir à une transparence sur le fait que les diverses valeurs directrices et limites de dose pour les personnes exposées professionnellement aux radiations et pour le public, de même que la frontière entre "tolérable" et "inacceptable", résultent d'un jugement social et non pas de considérations scientifiques. Cette transparence contribuerait de manière déterminante à la confiance de la société civile dans la radioprotection.
  • Dose insignifiante: les experts et le groupe de population concerné ressentent de manière parfois différente ce qu'est une dose insignifiante, c'est-à-dire sans importance. La discussion philosophique sur la question de savoir où doivent se situer les seuils d'exposition en dessous desquels aucune intervention réglementaire n'est nécessaire, et si une "libération zéro" est souhaitable, n'est en tous cas pas achevée.
  • Protection du public: les objectifs et les méthodes de la radioprotection sont souvent mal compris. Le rôle des spécialistes en radioprotection en tant que scientifiques, contrôleurs et décideurs doit être redéfini, et il faut développer des mécanismes efficaces de participation de la société civile.
  • Protection de l'environnement: la radioprotection actuelle part du principe que l'environnement est suffisamment protégé lorsque la protection des personnes est assurée. Cette hypothèse doit être discutée et justifiée, ou il faut introduire des objectifs de protection particuliers pour l'environnement.

Source

P.B./C.P. d'après le rapport de l'AEN-OCDE "Analyse critique du système de protection radiologique", 11 septembre 2000

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