Le Forum atomique allemand demande une réévaluation de la politique nucléaire nationale

La lutte mondiale contre le changement climatique, les risques d’une dépendance croissante des importations de gaz naturel suite à l’abandon du nucléaire, la réduction des prix de l’électricité qu’entraîne l’énergie nucléaire – un facteur toujours plus important dans la crise économique actuelle – ainsi que la nouvelle appréciation dont fait l’objet l’énergie nucléaire au niveau international, sont autant de facteurs que l’on ne saurait ignorer plus longtemps, a prévenu le président du DAtF.

Référence à l’Europe

Walter Hohlefelder a constaté que les conditions ont beaucoup changé depuis la décision d’abandon du nucléaire en 2001. La Suède et la Grande-Bretagne ont opté pour la construction de nouveaux réacteurs. L’Italie est revenue sur sa décision de sortie du nucléaire. L’Allemagne doit donc en venir elle aussi à une réévaluation du nucléaire. Etant donné qu’un abandon du nucléaire devrait être compensé en premier lieu par des centrales à gaz, la dépendance des importations continuerait de croître, a encore souligné Walter Hohlefelder.

Proposition d’une alliance avec les énergies renouvelables

Les exploitants de centrales nucléaires sont en fait d’accord sur le principe de payer un prix politique pour la prolongation de la durée d’exploitation de leurs installations, a expliqué Walter Hohlefelder. «Dans les années 70 et 80, on avait une coexistence étroite, voulue au niveau politique, une sorte d’alliance entre le charbon indigène et l’énergie nucléaire. Pourquoi ceci ne serait-il pas possible aujourd’hui entre les énergies renouvelables, les efforts en matière d’efficacité énergétique et l’énergie nucléaire?» Walter Hohlefelder a proposé concrètement de prolonger l’exploitation des centrales nucléaires et de consacrer les bénéfices supplémentaires ainsi obtenus aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique également.

Opposants à l’énergie nucléaire: une alliance est exclue

Sigmar Gabriel (SPD), ministre fédéral de l’environnement, le parti Bündnis 90/Les Verts, l’Agence allemande de l’énergie (Dena), l’Aide environnementale allemande (DUH), l’Association fédérale des énergies renouvelables (BEE) et l’Association Energie éolienne ont rejeté catégoriquement la proposition de Walter Hohlefelder dans différents communiqués de presse: «Soit l’énergie atomique, soit les énergies renouvelables, un tournant énergétique avec les deux est impossible», a déclaré Sigmar Gabriel, en ajoutant ce qui suit: «L’énergie atomique et les énergies renouvelables ne vont pas ensemble, parce que la puissance des centrales atomiques ne peut pas se régler à court terme en fonction des besoins du moment.»

Pronucléaires: une «association» est la bonne solution

Les groupes politiques CDU/CSU et FDP au Bundestag se sont prononcés par contre pour une «association». Joachim Pfeiffer, porte-parole adjoint du groupe CDU/CSU au Bundestag pour les questions de politique économique, a déclaré ce qui suit à ce sujet: «Les uns avec les autres et non pas les uns contre les autres: tel est le principe qui doit être adopté en matière d’approvisionnement énergétique.» Au lieu de monter les agents énergétiques les uns contre les autres, l’Union mise sur un large mix énergétique. Gudrun Kopp, porte-parole pour la politique énergétique et les questions de commerce mondial du groupe FDP au Bundestag, a lancé l’avertissement suivant: «Il est grand temps que s’installe une coopération entre l’énergie nucléaire et les énergies renouvelables, au lieu de la confrontation permanente qui prévaut actuellement.»

L’allocution de Walter Hohlefelder et une vidéo partielle de la journée plénière sont disponibles en ligne.