Les équipementiers se mobilisent

C'est avec un certain étonnement que quelques observateurs ont pris connaissance des dernières annonces relatives à des participations dans des entreprises, ainsi entre Mitsubishi Heavy Industries (MHI) et Areva: les Japonais sont prêts à consolider leur alliance existante avec Areva par une prise de participation de trois pour cent au capital d'Areva. Areva compte en effet toujours comme le plus grand constructeur de réacteurs au monde.

13 août 2010

Les deux groupes ont déjà décidé voici trois ans de développer et de vendre en commun des réacteurs de taille moyenne. Il s'agit avant tout de réacteurs à eau sous pression de troisième génération, d'une puissance de 1100 MWe. La demande pour de tels réacteurs devrait à l'avenir essentiellement émaner de pays émergents.

MHI dont le siège est à Tokyo est un groupe industriel multifacette proposant des produits et des prestations de services dans les domaines de la construction de réacteurs, des constructions navales, des constructions aéronautiques, de l'automobile, des techniques spatiales, de l'armement et des systèmes de climatisation. Le groupe dispose donc d'un portfolio de produits presque aussi étendu que celui des deux conglomérats Hitachi et Toshiba réunis. Toshiba est connu pour son offre d'écrans de télévision plats, de notebooks, de semi-conducteurs ainsi que pour sa technique de réacteurs par l'intermédiaire de sa filiale Westinghouse.

Le titre MHI a quelque peu souffert en bourse du fait de la chute de ses bénéfices. Sa valeur de capitalisation boursière actuelle est de 12,7 milliards de francs. Quoi qu'il en soit, MHI verse toujours un dividende relativement constant (coupon de 1,5%).

François Fillon, premier ministre français, a accueilli avec plaisir cette participation envisagée par MHI. «La France pense qu'il s'agit d'une bonne chose», devait annoncer Fillon lors d'une conférence de presse à Tokyo. Cette nouvelle ouverture des Français n'est toutefois pas tout à fait involontaire. Le gouvernement français négocie également une participation avec des fonds souverains du Koweït et du Qatar. Le bilan d'Areva, encore majoritairement détenu par l'Etat français, n'est pas très vaillant. L'agence de notation Standard & Poor vient en effet d'abaisser sa note à BBB+.

Les Japonais désirent quant à eux se placer, compte tenu du grand nombre de projets de centrales nucléaires qui voient le jour. «Nous approuvons fortement les efforts de coopération de poids», devait ajouter Naoto Kan, premier ministre japonais. La renaissance du secteur de l'énergie agite à présent aussi le secteur des équipementiers. Il s'agit en effet de présenter des offres consistantes et économiques aux nouveaux donneurs d'ordre.

L'industrie japonaise, à la fois équipementier et exploitant du secteur de l'énergie nucléaire, resserre les rangs. Elle vient de constituer sous l'action coordinatrice de l'Etat une organisation destinée à favoriser la réalisation de grosses commandes étrangères par l'industrie locale. Les Japonais ont en effet été brutalement réveillés par les succès les plus récents de l'industrie sud-coréenne. C'est ainsi que Korea Electric Power Corp. vient de remporter à la surprise générale une grosse commande en Malaisie. Les Japonais n'ont pas été retenus non plus après les premiers tours d'appels d'offres des Emirats arabes unis et du Vietnam.

Les Japonais veulent à présent réussir dans les projets de la seconde phase d'expansion vietnamienne. Le Vietnam a en effet annoncé vouloir réaliser près de 13 tranches nucléaires d'une capacité globale de 15 GW d'ici à 2030. Le point de mire est généralement constitué par les marchés des pays émergents qui ne disposent que d'une expérience réduite en énergie nucléaire, tels que par exemple la Thaïlande et l'Indonésie.

«Cette coopération de droit privé et de droit public constitue une étape importante pour la promotion des techniques nucléaires japonaises dans les pays émergents», rappelait Masayuki Naoshima, ministre japonais de l'économie, du commerce et de l'industrie. Pour Hitachi et MHI, les initiatives japonaises les plus récentes ne constituent pas un obstacle au resserrement des alliances existantes avec General Electric et Areva.

La branche des équipementiers russes constitue enfin un gros concurrent de l'industrie japonaise. Tous les liens se rejoignent dans le groupe étatique Rosatom. Rosatom a en effet conclu de premières livraisons d'installations en Inde. Il se peut que le groupe intervienne comme équipementier dans 16 autres projets de centrales nucléaires indiennes.

MHI, Toshiba et Hitachi jouent toujours sur le velours devant leur propre porte, à savoir en Chine. La filiale Westinghouse de Toshiba sera apparemment consultée pour d'autres projets de réacteurs. La Chine procède en effet à une extension de ses capacités nucléaires de 9 GW actuels à 80 GW pour 2020 et même à 300 GW pour 2030.

Source

Hans Peter Arnold / P.C.

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