Les évènements en Ukraine d'après des informations de l’AIEA du 13 mars 2022

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) suit la situation en Ukraine et est en contact permanent avec l’autorité ukrainienne de sûreté nucléaire, la SNRIU. Dans sa mise à jour 20 du 13 mars, l’AIEA a abordé en particulier la situation dans les centrales nucléaires de Tchernobyl et de Zaporijia. Par ailleurs, les efforts déployés par l’agence afin d’aboutir à des compromis communs de l’Ukraine et de la Russie en matière de sécurité des installations nucléaires ukrainiennes, se poursuivent. D'après la SNRIU, les niveaux de rayonnement restent normaux et les systèmes de sûreté sont intacts.

14 mars 2022
Drapeau de l'AIEA
Guerre en Ukraine: l’AIEA donne des informations sur les installations nucléaires.
Source: AIEA

Le résumé suivant est basé sur des informations de l’AIEA.

Situation de l'approvisionnement électrique externe à Tchernobyl
L’énergéticien ukrainien Energoatom a informé l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) le 13 mars que des spécialistes ukrainiens étaient parvenus à réparer une ligne électrique nécessaire à la reprise de l’alimentation électrique externe de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Et ce quatre jours après une coupure totale sur le site contrôlé par la Russie, a déclaré le Directeur général Rafael Mariano Grossi. Ainsi, la centrale nucléaire accidentée et les différentes installations de gestion des déchets radioactifs sont à nouveau approvisionnés en électricité grâce à l’alimentation externe.

Remarque: d'après un communiqué de l’exploitant de réseau ukrainien Ukrenerho, l’approvisionnement électrique externe a à nouveau été perdu le 14 mars.

Même une panne d’électricité intégrale n’aurait eu aucune conséquence critique
La SNRIU a informé l’AIEA que les générateurs diesel de secours fonctionnaient encore et que la centrale avait été reconnectée au réseau électrique ukrainien le 13 mars. D'après l’AIEA, la déconnexion du réseau survenue la semaine dernière n’a pas eu d’effet majeur sur les fonctions de sûreté essentielles au site, puisque la quantité d’eau de refroidissement de l’installation d’entreposage du combustible usé suffisait pour assurer l’évacuation de la chaleur sans alimentation électrique. Par ailleurs, l’agence avaient indiqué dans un communiqué précédent que les assemblages combustibles usés avaient suffisamment été refroidis durant les années passées.

L'approvisionnement avec les générateurs diesel de secours a fonctionné
M. Grossi a qualifié la reconnexion au réseau de Tchernobyl d’«évolution positive car la centrale nucléaire de Tchernobyl dépendait de groupes électrogènes diesel de secours depuis maintenant plusieurs jours». Il a toutefois fait part de ses préoccupation par la sûreté et la sécurité de Tchernobyl et des autres installations nucléaires de l'Ukraine. D'après un communiqué de l’AIEA du 10 mars, les groupes électrogènes diesel sont des systèmes d’alimentation électrique qui jouent un rôle important sur le plan de la sûreté, notamment pour le contrôle du combustible nucléaire usé et de l’eau ainsi que pour le traitement chimique de l’eau.

D'après l’agence, la transmission de données à distance à la centrale nucléaire de Tchernobyl ne fonctionne toujours pas. Les systèmes de surveillance sur place ne fourniraient aucune donnée. Toutefois, cette télétransmission des données à la centrale de l’AIEA fonctionne dans les autres centrales en Ukraine.

Le personnel de Tchernobyl toujours sous tension
La SNRIU a également informé l’AIEA que le personnel de la centrale nucléaire de Tchernobyl n'assurait plus la réparation ni la maintenance du matériel lié à la sûreté, en partie parce qu'il est fatigué physiquement et psychologiquement après avoir travaillé en continu pendant près de trois semaines et parce qu’il n’a toujours pas pu être relevé depuis la veille de l'entrée des forces russes sur le site, le 24 février. La SNRUI n'a pas de communication directe avec le personnel mais reçoit des informations de la direction de la centrale hors site. Par ailleurs, à l'approche de la «saison des feux», lors de laquelle, chaque année, de fréquents incendies spontanés surviennent dans la zone, l’autorité surveille de près les dépôts.

Dans l’attente de l’adoption d'un accord par l’Ukraine et la Russie
«La situation de plus en plus critique du personnel de l'installation, ainsi que les problèmes persistants de communication avec le site et le problème d'alimentation électrique maintenant résolu, rendaient encore plus urgente une initiative de l'AIEA visant à garantir la sûreté et la sécurité des centrales nucléaires ukrainiennes.», a déclaré le Directeur général, M. Grossi. Le 10 mars, des entretiens ont eu lieu entre les ministres des Affaires étrangères ukrainien et russe, MM. Dmytro Kuleba et Sergei Lavrov, à Antalya, en Turquie. M. Grossi a proposé un cadre qui permettrait à l'AIEA de garantir la sûreté et la sécurité des installations nucléaires d'Ukraine. Aucun des deux pays n’a encore signé l'accord correspondant. Celui-ci permettrait à l’AIEA de fournir une assistance technique, et autre, pour l'exploitation sûre et sécurisée de toutes les installations nucléaires d'Ukraine. «Nous ne pouvons plus perdre de temps.», a interpellé M. Grossi, avant d’ajouter: Je fais tout ce que je peux pour que cela se fasse très bientôt.»

Les piliers indispensables de la sûreté nucléaire
L'AIEA prépare actuellement des propositions techniques détaillées pour son assistance, fondées sur les sept piliers indispensables de la sûreté nucléaire que le Directeur général a exposés au début du mois lors d'une réunion du Conseil des gouverneurs de l'AIEA.

Ces piliers - notamment ceux concernant l'intégrité physique des installations nucléaires, la possibilité pour le personnel d'exploitation de prendre des décisions sans pression indue, la sécurité de l'alimentation électrique hors site et la fiabilité des communications avec l'organisme de réglementation - ont été compromis ou menacés durant le conflit qui a débuté le 24 février.

La centrale nucléaire de Zaporijia toujours sous contrôle russe
En ce qui concerne la centrale nucléaire de Zaporijia, contrôlée par les forces russes, la SNRIU a indiqué que la situation de l'alimentation électrique n'avait pas changé. La centrale dispose de quatre lignes électriques hors site à haute tension (750 kV), plus une ligne en réserve. Deux des quatre lignes ont été endommagées. L’exploitant a informé l’AIEA que les besoins en électricité hors site de la centrale pouvaient être satisfaits avec une seule ligne électrique et que des groupes électrogènes diesel étaient prêts à fournir une alimentation électrique de secours.

La SNRIU a informé l’AIEA qu’elle ne pouvait plus superviser indépendamment la sûreté réglementaire du site de la centrale nucléaire de Zaporijia, notamment parce que ses locaux de travail ont été endommagés le 4 mars. Elle reste cependant en contact permanent avec le site, ce qui constitue un élément important des sept piliers de la sûreté. La SNRIU a déclaré avoir été informée par le personnel du site qu'au moins onze représentants de l'entreprise publique russe Rosatom étaient également sur place mais n’intervenaient pas dans l’exploitation des installations nucléaires. Le Directeur général, M. Grossi, a souligné à plusieurs reprises que la situation actuelle constituait une violation manifeste de l’un des sept piliers indispensables, selon lequel «le personnel d’exploitation doit pouvoir s’acquitter de ses tâches liées à la sûreté et à la sécurité, et pouvoir prendre des décisions sans pression indue»

Toutes les valeurs de rayonnement restent normales
En ce qui concerne la situation des centrales nucléaires ukrainiennes en service, la SNRIU a indiqué que huit des 15 réacteurs du pays restaient en exploitation, dont deux à la centrale de Zaporijia, trois à Rovno, un à Khmelnitski et deux à la centrale d’Ukraine du Sud. Par ailleurs, les niveaux de rayonnement restent normaux et les systèmes de sûreté sont intacts.

Source

B.G./C.B. d'après un communiqué de presse de l’AIEA du 13 mars 2022

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