L'Hôpital de l'Île inaugure une nouvelle maison de production d'isotopes

Une vingtaine de mois après la pose de la première pierre en mars 2010, la maison SWAN est désormais sur le point de devenir opérationnelle. Peter Rychiger, président du conseil d'administration de la SWAN Isotopen AG, a confirmé lors de la conférence de presse du 12 janvier que ce projet de 25 millions de francs avait été achevé dans les délais. Les installations n'ont pas encore été mises en service; les locaux de production et les laboratoires ont donc pu être visités sans précautions particulières. SWAN Isotopen AG a l'intention de fabriquer dès l'été 2012, dans les trois étages inférieurs du bâtiment, des médicaments destinés aux diagnostics de médecine nucléaire.

La pièce maîtresse de l'installation est un cyclotron d'environ 20 tonnes fabriqué par le groupe belge IBA. Cet accélérateur de particules amène les ions d'hydrogène négatifs à une énergie cinétique de 18 MeV. Ces ions traversent ensuite un éplucheur d'électrons (stripper) en y laissant leurs électrons. Les protons qui subsistent quittent le cyclotron et rencontrent une cible comportant des atomes O-18. Il en résulte l'isotope fluor 18 qui, avec une demi-vie de deux heures à peine, se désintègre par l'émission de positrons.

Rendre les tumeurs visibles

Dans les diagnostics de médecine nucléaire, l'astuce consiste à combiner des isotopes faiblement actifs tels que le F-18 avec des médicaments qui se fixent de manière ciblée sur les tumeurs. Les substances radioactives s'accumulent dans la tumeur et peuvent être vues de l'extérieur par des procédés de visualisation. Le professeur Thomas Krause, directeur de la clinique universitaire de médecine nucléaire, compare la chose avec la localisation des téléphones portables que nous connaissons par les séries policières télévisées. Pour ce qui est du traitement des cancers, le procédé est utilisé aussi bien pour la pose de diagnostics que pour la détection des tissus cancéreux, leur traitement et leur éradication.

Compte tenu de la demi-vie très courte des radionucléides utilisés, la fabrication doit se faire à proximité des traitements, et les voies de livraison être limitées aux trajets les plus courts. Dans la maison SWAN, la production se fera essentiellement de nuit, de façon que les isotopes soient prêts tôt le matin, là où on a besoin. Le premier produit qui verra le jour à Berne cet été est le dérivé du glucose FDG portant la marque Flu-SWAN. Konrade von Bremen, directrice de SWAN Isotopen AG, précise que l'entreprise projette la fabrication d'autres produits encore.

Une unité de soins stationnaires de médecine nucléaire est prévue à l'étage supérieur du bâtiment SWAN. Protégée contre les radiations, elle pourra accueillir jusqu'à dix malades, dont la plupart pourraient bien être traités àl'iode radioactif contre des tumeurs de la thyroïde. Des plaques de plomb aménagées dans les murs et dans les sols ainsi qu'une ventilation contrôlée assureront qu'aucun rayonnement ne s'échappe vers l'extérieur. Les eaux usées seront par ailleurs recueillies dans des collecteurs et stockées à titre intermédiaire pendant deux à trois mois.