L’impact de Tchernobyl en Suisse

Le 19 mars de cette année, Mme Anne-Catherine Menétrey-Savary, conseillère nationale vaudoise, (Verts), a posé une question ordinaire intitulée "Tchernobyl. 15 ans après".

13 juin 2002

Se référant à des études récentes faites en France, Mme Menétrey-Savary a demandé au Conseil fédéral quelles sont les proportions actuelles de la contamination radiologique au césium 137, produit de fission rejeté lors de l'accident, et si un programme de surveillance des maladies susceptibles d'être liées à Tchernobyl a été mis sur pied. Elle veut savoir également si des mesures préventives sont encore nécessaires, s'il y a des cas avérés de maladies dues à l'accident et si l'on a enregistré des demandes d'indemnisation.
Dans sa réponse du 14 juin, le Conseil fédéral indique qu'en Suisse, les zones les plus touchées ont été le Tessin, une partie de la Suisse orientale et quelques régions du Jura. La quantité de césium 137 par m2 après l'accident a atteint quelque 40'000 Bq au Tessin, 15'000 en Suisse orientale et 5'000 dans le Jura le long d'une ligne Chasseral - Chasseron - Vallée de Joux - La Dôle. Ces résultats sont des moyennes pour une surface de l'ordre de 10 m2. Des valeurs ponctuelles plus élevées ont été observées dans des régions inhabitées situées à altitude entre 1500 et 2500 m.
Le Conseil fédéral précise encore ce qui suit: "La situation s'est rapidement normalisée dès 1987. Aujourd'hui, des traces de césium 137 sont encore détectables dans le sol au Tessin, et contribuent au maximum à raison de 0,5 mSv par année à la dose externe, si l'on admet un séjour continuel aux endroits les plus contaminés du sud des Alpes. Dans la nourriture, on trouve encore dans le lait - toujours au Tessin - quelques valeurs isolées de césium 137 allant jusqu'à 20 ou 30 Bq/l; ces valeurs dépassent la valeur de tolérance de 10 Bq/l, mais sont bien inférieures à la valeur limite de 1000 Bq/l. On détecte également du césium 137 dans certains champignons sauvages et dans le gibier. Si l'on tient compte de la faible consommation de ces denrées, la dose absorbée reste globalement faible. L'Office fédéral de la santé publique (OFSP) publie l'évolution des contaminations radioactives dans ses rapports annuels sur la radioactivité de l'environnement.
Un programme national de surveillance de la radioactivité existe en Suisse depuis 1956. Les mesures portent sur l'air, les pluies, le sol, l'eau de surface, l'herbe, la nourriture (suisse et importée) etc., ainsi que sur la radioactivité dans le corps humain. Environ 25 laboratoires et services de la Confédération, des universités et des cantons (notamment les Laboratoires cantonaux pour le contrôle des denrées alimentaires) participent à ces mesures. L'OFSP coordonne ce programme et publie régulièrement les résultats dans les rapports annuels sur la radioactivité de l'environnement. Ce programme de surveillance, qui couvre tout le territoire de la Suisse, a été intensifié après l'accident de Tchernobyl et est régulièrement adapté en fonction de la situation du moment. Il est par ailleurs évalué par la Commission fédérale de la Protection contre les radiations et de surveillance de la Radioactivité (CPR). Les méthodes de prélèvement et de mesures sont en accord avec les recommandations internationales. La surveillance comprend également des réseaux automatiques qui mesurent en continu le débit de dose (NADAM) et la radioactivité de l'air (RADAIR); en cas d'augmentation significative, ils donnent immédiatement l'alarme aux instances compétentes."
Le Conseil fédéral a répondu comme suit à la question de savoir s'il existe un programme épidémiologique de surveillance des pathologies éventuelles liées à l'accident: "Aucun programme épidémiologique spécial n'a été mis sur pied en Suisse après l'accident de Tchernobyl. Entre 1986 et 2000, la population suisse a reçu à la suite de cet accident une dose d'irradiation additionnelle externe et interne de 0,5 mSv. Si l'on utilise les facteurs de risque proposés par la Commission internationale de protection radiologique (CIPR), le nombre de cas de cancers supplémentaires susceptibles d'avoir été provoqués par la catastrophe de Tchernobyl dans notre pays ne peut être prouvé compte tenu de la fluctuation de l'incidence des cancers." A noter que la dose annuelle de la population suisse se situe en moyenne autour de 4 mSv. Cette dose est provoquée en premier lieu par la radioactivité naturelle.
En ce qui concerne la question de savoir si des précautions et des mesures préventives sont encore nécessaires, le Conseil fédéral indique qu'aucune mesure préventive n'est actuellement nécessaire du point de vue de la radioprotection.
Quant à savoir s'il existe des cas avérés de maladies dues à l'accident, la réponse du Conseil est la suivante: "La Suisse ne possède pas de registre national des cancers. Par contre, huit régions tiennent de tels registres; ce sont à Genève, Neu-châtel, Vaud, Valais, Bâle-Ville/Bâle Campagne, Grisons, St-Gall, Appenzell Rhodes-intérieures/ Appenzell Rhodes-extérieures, Zurich et Tessin. Les dernières statistiques montrent que la mortalité par cancer a diminué pour les deux sexes, à l'exception des cancers des voies respiratoires dus au tabagisme chez la femme." Le Conseil fédéral a expliqué enfin qu'aucune demande d'indemnisation pour des raisons de santé n'avait été à ce jour adressée aux autorités suisses.

Source

M.S./C.P.

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