L’Université technique de Delft innove en matière de production de molybdène 99

Le Reactor Instituut Delft (RID) de l’Université technique (TU) de Delft aux Pays-Bas a mis au point un nouveau procédé de fabrication du radioisotope molybdène 99 (Mo 99) et a demandé l’obtention d’un brevet. Le procédé requiert un flux neutronique peu élevé. A l’heure actuelle, seuls des réacteurs à haut flux permettent en principe la production de Mo 99.

28 sept. 2008

Le nouveau procédé utilise comme matière de départ non pas le mélange d'isotopes naturel du métal lourd molybdène, mais du Mo 98 hautement enrichi. Le flux neutronique d'un générateur de neutrons à l'échelle du laboratoire suffit dès lors à la fabrication de Mo 99. Le mélange isotopique naturel utilisé jusqu'ici ne comprend que 24,1% de l'isotope stable Mo 98, et pour transformer celui-ci en Mo 99 radioactif par capture neutronique, il faut un réacteur nucléaire à haut flux de neutrons.

Développement ultérieur avec Urenco

Ainsi que l'a expliqué au moment de la demande de brevet Bert Wolterbeek, chef du projet de développement du RID, le nouveau procédé ne se borne pas à activer des atomes de Mo 98 pour les transformer en atomes de Mo 99. L'énergie libérée les sépare aussi des groupes d'atomes environnants. Grâce à son hydrosolubilité, il est possible d'obtenir une préparation à haute concentration de ce radioisotope.

Pour développer et commercialiser le procédé, Bert Wolterbeek souhaiterait collaborer avec Urenco qui, avec ses centrifugeuses à gaz, produit non seulement de l'uranium enrichi mais encore toute une gamme d'isotopes stables, dont le Mo 98 enrichi.

Grande percée dans le domaine des diagnostics médicaux

Au moment de la présentation du brevet, Bert Wolterbeek a souligné l'importance du Mo 99 pour les diagnostics médicaux: avec une demi-vie de 65,9 heures, il se désintègre pour se transformer en technétium 99-m (Tc 99-m), dont la demi-vie ne dépasse pas 6 heures. Plus de 40 millions d'unités de cet isotope sont utilisés chaque année dans le monde, essentiellement pour des scintigraphies oncologiques en milieu hospitalier. Les hôpitaux obtiennent aujourd'hui du Tc 99-m par une extraction chimique de colonnes contenant du Mo 99, produit préalablement par irradiation dans un réacteur à haut flux.

L'approvisionnement en Mo 99 reste précaire aux USA …

Il n'existe dans le monde que quelques réacteurs à haut flux susceptibles d'irradier un nombre suffisant de colonnes de molybdène. La plupart de ces réacteurs sont exploités depuis plus de quarante ans. Le réacteur canadien NRU de Chalk River a été hors service pendant plusieurs mois l'année dernière. Il irradie les colonnes de molybdène destinées au marché nord-américain. Or les USA et le Canada ont rapidement connu une pénurie. Les projets de remplacer le réacteur NRU par deux nouveaux réacteurs de type Maple ont néanmoins été récemment suspendus.

… et en Europe

Une pénurie comparable fait maintenant son apparition en Europe: l'Institut des Radioéléments à Fleurus, en Belgique, a dû arrêter sa production en août 2008 en raison de rejets radioactifs anormalement élevés dans l'environnement, alors que le réacteur à haut flux néerlandais HFR, du Centre commun de recherche de l'UE, à Petten, a subi un arrêt non programmé à la mi-septembre en raison de problèmes de corrosion au niveau du réacteur. En temps normal, ce réacteur approvisionne l'Europe entière en molybdène. Sa remise en service n'étant pas prévue avant novembre, les hôpitaux européens sont désormais tributaires du Mo 99 produit au Canada, en Afrique du Sud et en Australie. L'approvisionnement de l'Europe en Mo 99 reste donc critique lui aussi puisque le projet de remplacement du HFR néerlandais, demandé de toute part, semblerait bloqué.

Le nouveau procédé pourrait remédier à la situation

La TU Delft considère les chances de son nouveau procédé avec d'autant plus d'optimisme. En plus de la sécurité d'approvisionnement accrue qui résulterait de la production décentralisée de Mo 99, l'Université technique cite parmi d'autres atouts un volume réduit de déchets radioactifs et l'indépendance par rapport aux réacteurs nucléaires et, donc, aux questions de prolifération.

Source

P.B./P.V. d’après un communiqué de presse d’EurekAlert du 11 septembre, et NucNet du 17 septembre 2008

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