M. Walter Kägi sur les deux initiatives d'abandon du nucléaire

Extrait de l'allocution présentée par M. Walter Kägi, Président du conseil d'administration d'Axpo Holding, lors de la 2e assemblée générale ordinaire d'Axpo du 14 mars 2003

13 mars 2003

Nous allons voter le 18 mai sur deux initiatives populaires: elles demandent toutes les deux l'arrêt progressif de nos centrales nucléaires. Les deux initiatives d'abandon du nucléaire sont irréalistes sous l'angle de l'économie énergétique et extrêmement dangereuses sous celui de la politique d'approvisionnement. Les centrales nucléaires suisses produisent de manière sûre, économique et écologique 40% de l'électricité nécessaire pour couvrir nos besoins quotidiens. Comme on le sait, les 60% restants proviennent des centrales hydrauliques suisses. C'est un mix de production optimal qui nous garantit une sécurité élevée en matière d'approvisionnement.
Ces trente dernières années, beaucoup d'argent a été investi dans le développement d'énergies alternatives telles que le solaire et l'éolien. Or ces agents énergétiques ne fournissent qu'une contribution insignifiante à l'approvisionnement en électricité de la Suisse. La Suisse ne convient pas pour l'électricité solaire et éolienne à grande échelle. Il est tout aussi impossible d'importer tout simplement de l'électricité éolienne de la mer du Nord. Le soleil et le vent ne peuvent pas couvrir maintenant 40% de nos besoins énergétiques, et ils ne le pourront pas dans un avenir prévisible non plus.
On aimerait bien construire de nouvelles centrales hydrauliques en Suisse. Les conditions cadres ne le permettent pas. Ce sont précisément les milieux hostiles à l'énergie nucléaire qui empêchent la construction de nouvelles centrales hydrauliques. Au moins depuis le programme Energie 2000, nous savons qu'il est illusoire de croire à une diminution de la consommation d'électricité. Celui qui connaît les statistiques de ces dernières années le sait: la consommation d'électricité continue d'augmenter. La hausse peut tout au plus s'endiguer. Mais la consommation ne peut pas diminuer de 40%! Il est donc impossible de supprimer la part de l'énergie nucléaire en l'économisant.
L'initiative "Moratoire-plus" veut limiter arbitrairement à 40 ans l'exploitation des centrales nucléaires. Il n'existe aucune nécessité technique, ou même un motif de sûreté, d'arrêter simplement une centrale en fonctionnement avant qu'elle n'ait atteint sa durée de vie effective. Une prolongation de l'exploitation de 10 ans serait certes possible par le biais d'une votation populaire, mais le procédé a été intentionnellement choisi par les initiants de telle manière que les centrales nucléaires doivent être arrêtées après 40 ans de fonctionnement. A un horizon de 10 ans seulement, et avec la possibilité d'un non populaire, il n'est plus guère possible de financer des investissements dans la sûreté et dans la modernisation des centrales. Avec de telles perspectives, on ne peut plus trouver non plus les spécialistes nécessaires pour une exploitation sûre des centrales. Ils s'en iront plutôt que de courir le risque d'une nouvelle décision populaire.
L'initiative "Moratoire-plus" n'a rien à voir avec un moratoire. Elle équivaut à un abandon du nucléaire par la porte de derrière et ne peut pas se comparer à l'ancien moratoire de 1990 à 2000. Ce moratoire ne touchait pas les centrales nucléaires existantes.
L'initiative "Sortir du nucléaire" est encore plus extrême: elle exige tout de suite l'arrêt progressif des centrales nucléaires. Beznau 1 et 2 et Mühleberg devraient être arrêtées deux ans après l'acceptation de l'initiative, c'est-à-dire dès 2005. Gösgen et Leibstadt seraient ensuite découplées du réseau en 2009 et en 2014, soit 30 ans après leur mise en service. En cas d'acceptation de cette initiative, ce serait 40% de la production d'électricité indigène qui disparaîtraient en l'espace de quelques années.
Ceci serait extrêmement dangereux et coûteux: je suis persuadé qu'à court et moyen termes, nous ne pourrons pas renoncer sans immenses dégâts économiques aux 40% de la part du nucléaire dans notre production d'électricité. Une étude de l'Institut énergétique de Brème chiffre les coûts économiques possibles d'un abandon à quelque 62 milliards de francs avec "Sortir du nucléaire", et à 46 milliards de francs dans le cas de "Moratoire-plus".
L'abandon de l'énergie nucléaire est ainsi à mettre sur le même plan qu'une destruction massive du patrimoine national. Les conséquences seraient une nette augmentation des prix de l'électricité pour l'industrie, le commerce, l'artisanat et les ménages, une hausse des impôts et une détérioration de la compétitivité de notre pays. Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre ceci en Suisse.
Aussi bien le Conseil fédéral que le Conseil national et le Conseil des Etats rejettent avec la plus grande netteté les deux initiatives d'abandon du nucléaire. Je ne peux également que vous recommander de dire deux fois non dans les urnes, le 18 mai, à ces initiatives dangereuses!

Source

M. Walter Kägi

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