Mise en garde de l’AIEA à propos des sources de rayonnement non protégées

Les matières radioactives nécessaires à la construction d’une "bombe sale" peuvent se trouver dans presque n’importe quel pays, et dans plus de 100 Etats, les programmes de surveillance ne suffisent probablement pas pour éviter le détournement de telles matières, ou même pour détecter un tel détournement.

23 juin 2002

Telle est la préoccupation exprimée par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) dans un communiqué de presse. Comme le précise l'AIEA, des centaines de milliers parmi les millions de sources de rayonnements ionisants qui ont été fabriquées et distribuées ces dernières décennies sont encore employées par plus de 20'000 utilisateurs. Seul un petit pourcentage de ces sources a toutefois le potentiel de provoquer de graves dégâts d'irradiation. Des sources puissantes sont utilisées essentiellement pour la radiographie industrielle, l'irradiation commerciale de matériaux et la radiothérapie, ainsi que pour la production d'électricité thermoélectrique (batteries isotopiques); elles contiennent des quantités considérables d'isotopes à vie longue tels que du cobalt 60, du strontium 90, du césium 137 et de l'iridium 192. De telles sources devraient être surveillées "du berceau à la tombe" de manière à les protéger contre un vol ou un détournement à des fins terroristes. L'AIEA dispose des connaissances nécessaires et soutiendra tous les Etats dans l'accomplissement de ces tâches, ajoute l'organisation.
L'AIEA exprime son inquiétude particulière à propos des sources "orphelines", c'est-à-dire des sources qui ne font pas ou plus l'objet d'une surveillance officielle. De telles sources existent en grand nombre dans les pays de l'ex-Union soviétique. Mais même la NRC, l'autorité américaine de sûreté nucléaire, annonce que pour la seule période de 1996 à nos jours, elle a perdu la trace de presque 1500 sources aux Etats-Unis, et que plus de la moitié n'ont jamais été retrouvées. Selon Euratom, quelque 70 sources de rayonnements sont perdues chaque année dans l'Union européenne malgré une surveillance officielle, un risque de perte subsistant pour quelque 30'000 sources qui ne sont plus utilisées.
En collaboration avec 70 pays environ, l'AIEA gère une banque de données sur des sources qui disparaissent par détournement intentionnel ou par d'autres agissements illicites, par exemple le vol d'un véhicule qui transportait la source. 284 de ces cas ont été annoncés à l'AIEA depuis 1993. Ils ne concernent que des matières radioactives, et non pas des matières nucléaires. Il s'est agi la plupart du temps de sources scellées, mais dans certains cas, les matières radioactives ont été disséminées dans l'environnement. Dans un cas seulement, une telle source a été détournée à des fins terroristes, heureusement sans conséquences. Mais dans de nombreux autres cas, des personnes ont subi des dommages de manière non intentionnelle, ainsi en 1987 au Brésil, où 240 personnes ont été exposées à des doses inadmissibles de rayonnement après l'ouverture d'une capsule de césium 137 dérobée dans une clinique désaffectée.
Pour limiter le risque, surtout des sources détournées à des fins terroristes, l'AIEA a constitué un groupe de travail en collaboration avec le Département américain de l'énergie et le ministère russe de l'énergie atomique Minatom, groupe de travail qui a été chargé de développer une stratégie proactive en vue de détecter et de collecter les "sources orphelines" dans les pays de l'ex-Union soviétique. Autre mesure concrète: l'AIEA a élaboré des normes de sûreté et des lignes directrices relatives à la manipulation de sources puissantes. Si des pays membres le demandent, elle peut envoyer des équipes d'experts pour soutenir la mise en œuvre des mesures.

Source

P.B./ C.P. d’après un communiqué de presse de l’AIEA du 24 juin 2002

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