nuclea'10: «Conditions générales d'une renaissance nucléaire»

La branche nucléaire suisse s'est réunie le 11 novembre 2010 au centre Trafo de Baden pour le troisième Congrès Industrie du Forum nucléaire suisse. Le Congrès avait pour thème les «Conditions générales d'une renaissance nucléaire». Des représentants issus des milieux économiques, industriels et politiques ont analysé pourquoi la Suisse doit se laisser entraîner dans le projet du siècle que représente le renouvellement de son parc nucléaire. Cela a également été l'occasion pour diverses entreprises de la branche de se présenter. Cinq l'ont fait dans le cadre de brèves présentations «entre deux portes». Par ailleurs, 30 sociétés ont tenu des stands donnant des informations sur leurs produits et leurs services. Le congrès s'est clos sur un débat.

15 déc. 2010
Manfred Thumann, CEO d'Axpo SA, en appelle au public de nuclea: «Il s'agit ici de garder à l'esprit le mix énergétique optimal pour la Suisse.»
Manfred Thumann, CEO d'Axpo SA, en appelle au public de nuclea: «Il s'agit ici de garder à l'esprit le mix énergétique optimal pour la Suisse.»
Source: Forum nucléaire suisse/ Thai Christen

«Le grand tournant énergétique – soit l'abandon progressif du pétrole et du gaz naturel – n'est possible que si l'on intègre l'énergie nucléaire», a souligné Corina Eichenberger, conseillère nationale d'Argovie et présidente du Forum nucléaire suisse, dans son allocution de bienvenue. «Le Conseil fédéral avait, dès 2007, consigné ce constat fondamental dans sa stratégie énergétique, en soulignant sans équivoque la nécessité de remplacer les centrales nucléaires existantes ou d'en construire de nouvelles», a-t-elle expliqué. C. Eichenberger a rappelé que les énergies renouvelables et l'énergie nucléaire se complètent en un mix énergétique optimal: «C'est précisément en Suisse que nous le savons le mieux vu que nous produisons ce mix depuis plus de 40 ans de manière fiable, propre et rentable.»

Mix optimal pour l'environnement, le climat et l'indépendance énergétique

Manfred Thumann, CEO d'Axpo SA, a lui aussi relevé les avantages d'un mix énergétique incluant l'énergie nucléaire: indépendamment de ses avantages pour l'économie nationale, un tel mix répond aussi à d'autres exigences sociétales. «Grâce au développement mesuré de l'énergie hydraulique, à l'exploitation de centrales nucléaires sur les sites existants et à l'utilisation des nouvelles énergies renouvelables indigènes, il sera possible de garantir à l'avenir aussi un approvisionnement électrique sûr et pauvre en émissions de CO2», a-t-il expliqué. Les énergies renouvelables sont importantes non pas parce qu'elles l'emportent au niveau des coûts ou des technologies favorables au climat, mais parce qu'elles nous confèrent une certaine autonomie au niveau de notre approvisionnement énergétique. Il s'agit ici de garder à l'esprit le mix énergétique optimal pour la Suisse: «Assumer ses responsabilités pour l'avenir équivaut à se décider aujourd'hui en faveur d'une technologie éprouvée susceptible d'assurer un avenir pauvre en CO2, soit pour l'énergie nucléaire», a conclu M. Thumann.

Avantage de site en termes de compétitivité internationale

«Un approvisionnement en électricité abordable et fiable constitue un avantage de site certain en termes de compétitivité internationale qui doit impérativement être assuré en tout temps», a rappelé Andreas Koopmann, président de l'entreprise de technique énergétique Alstom (Suisse) SA et vice-président de Swissmem, l'association de l'industrie des machines, des équipements électriques et des métaux. Il a exigé que la Suisse continue, à l'avenir, de produire au moins autant d'électricité qu'elle en consomme. Ce qui revient à dire que «les centrales nucléaires existantes doivent être remplacées pour accorder une chance à l'utilisation, à grande échelle, des énergies renouvelables.»

Des plus pour l'industrie et l'artisanat indigènes

L'usam prône à son tour la combinaison de l'efficacité énergétique, des énergies renouvelables et de l'énergie nucléaire. «Le bilan est fort simple», a précisé son directeur, Hans-Ulrich Bigler, en référence au nucléaire: «primo, les centrales nucléaires recèlent un important potentiel de valeur ajoutée pour l'industrie et l'artisanat en Suisse; secundo, elles génèrent des emplois à hautes qualifications; tertio, elles contribuent de manière substantielle à la sécurité de l'approvisionnement électrique; quarto, elles permettent de maintenir les prix de l'électricité à un niveau aussi bas que possible.»

Création durable de valeur ajoutée en Suisse

H.-U. Bigler a souligné que du fait qu'elles relèvent d'investissements dans une technologie compétitive, la construction et l'exploitation de centrales nucléaires conduiront à une création durable de valeur ajoutée pouvant s'articuler en milliards de francs pour notre pays. Selon A. Koopmann, la création de valeur ajoutée résultant en Suisse de la construction d'une grande centrale nucléaire se chiffrerait à 500 millions de francs par année pendant la durée du chantier et à plus de 500 millions par an durant la période d'exploitation.

Stefan Aeschimann, chef des Corporate Public Affairs d'Alpiq Holding SA, a représenté les vues des auteurs d'un projet de construction d'une nouvelle centrale. Avant toute construction, il est important que les politiques et les autorités créent les conditions générales nécessaires. Les milieux politiques doivent notamment appliquer avec la cohérence voulue la procédure pour la construction de nouvelles centrales nucléaires et de dépôts profonds. Il souhaite en outre des marges financières ainsi qu'une imposition et des charges fiscales modérées pour les entreprises de la branche énergétique afin qu'elles puissent effectuer les investissements requis.

Tobias Zieger, responsable de l'Engineering Nuclear Division de la CCI SA, s'est présenté en qualité de fournisseur local. S'il est vrai que des investissements importants sont préalablement nécessaires, à long terme, l'utilisation de nouvelles technologies entraîne des frais d'entretien moins élevés, a-t-il fait remarquer aux acteurs de la branche.

La discussion sur les conditions générales d'une renaissance nucléaire s'est activement poursuivie durant les pauses.
La discussion sur les conditions générales d'une renaissance nucléaire s'est activement poursuivie durant les pauses.
Source: Forum nucléaire suisse/ Thai Christen

Légitimation démocratique

Après la pause de midi, Werner Bühlmann, de l'Office fédéral de l'énergie, a commenté les bases légales régissant l'énergie nucléaire. Il a rappelé qu'entre 1976 et 2003, la population suisse s'est prononcée sur sept initiatives populaires visant la sortie du nucléaire ou la limitation de son utilisation et qu'elle les a toutes refusées, à l'exception du moratoire de dix ans accepté en 1990. «Plus que dans tout autre pays, l'utilisation de l'énergie nucléaire a donc en Suisse une légitimation démocratique», a-t-il conclu.

Le conseiller national Christian Wasserfallen s'est clairement positionné en faveur de la politique énergétique du Conseil fédéral qui repose sur les quatre piliers que sont l'efficacité énergétique, les énergies renouvelables, les grandes centrales et la politique énergétique extérieure. Il l'a qualifiée de «combinaison idéale garantissant l'autonomie et la sécurité de l'approvisionnement». C. Wasserfallen a plaidé en faveur du remplacement des centrales nucléaires existantes en Suisse. «Si nous voulons couvrir nos besoins croissants en énergie et prévenir les pires effets du changement climatique, nous devons augmenter notre offre en énergie nucléaire; c'est aussi simple que cela», a-t-il dit en citant le président américain Barack Obama, qu'il approuve totalement.

Une occasion de placement

Dans son analyse portant sur l'importance, dans les médias économiques, de la branche de l'énergie nucléaire, Hans Peter Arnold, rédacteur économique du magazine Stocks, est arrivé à la conclusion que le ton dominant des analyses et commentaires qui forment l'opinion est majoritairement positif. L'énergie nucléaire est considérée comme une nécessité et une occasion de placement, a-t-il expliqué. C'est vrai en particulier pour la presse économique suisse mais ce constat pourrait aussi s'appliquer aux principaux médias internationaux comme le «Wall Street Journal» ou le «Financial Times».

Renaissance de l'énergie nucléaire en Grande-Bretagne

John McNamara, chef des Public & Media Relations de l'association britannique Nuclear Industry Association (NIA), a rapporté comment l'opinion a changé en Grande-Bretagne. Il y a encore peu de temps, l'énergie nucléaire occupait une place marginale tant dans les milieux politiques que dans la société. L'augmentation des prix du pétrole et les débats sur le changement climatique ont cependant contribué à sa renaissance. A partir de 2004, l'ancien Premier ministre Tony Blair a amené un revirement en la matière. Et le signe d'un renversement de tendance en faveur de l'énergie nucléaire a été donné lorsque le journal «Independent», traditionnellement critique à l'atome, a fait paraître à la une, en mai 2006, une interview dont le titre était «Only nuclear power can now halt global warming». Depuis, les sondages d'opinion font état, eux aussi, d'une approbation croissante pour l'utilisation de l'énergie nucléaire.

Le débat qui a clos nuclea était dirigé par Reto Brennwald de la SF DRS.
Le débat qui a clos nuclea était dirigé par Reto Brennwald de la SF DRS.
Source: Forum nucléaire suisse / Thai Christen

Source

M.A./M.Z.

Restez informé-e!

Abonnez-vous à notre newsletter

Vers l’abonnement à la newsletter

Profitez de nombreux avantages

Devenez membre du plus grand réseau nucléaire de Suisse!

Les avantages en tant que membre