Participations de la ville de Zurich dans les centrales nucléaires: quand les entreprises se proposent comme acheteurs

La ville de Zurich participe à la centrale nucléaire de Gösgen par l’intermédiaire d’Elektrizitätswerk (ewz) à hauteur de 15%. Elle possède également 20,5% des parts de la Aktiengesellschaft für Kernenergiebeteiligungen Luzern (AKEB), ce qui lui permet de détenir des droits de souscription pour les centrales françaises du Bugey et de Cattenom et pour Leibstadt. Suite au référendum populaire du 5 juin 2016, la ville de Zurich est tenue de vendre ces participations avant 2034.

Or à ce jour, aucune avancée concrète n’a été réalisée. En 2020, la ville de Zurich avait déclaré avoir suscité l’intérêt de plus de 100 acheteurs potentiels à travers le monde, et n’avoir reçu que deux offres non contraignantes de la part d’entreprises étrangères. Le conseil de ville de Zurich avait alors estimé que ces deux offres n’étaient pas adaptées et avait mis un terme au processus de négociation.

Des entreprises privées manifestent leur intérêt

En décembre 2025, on pouvait lire dans le «Tages-Anzeiger» qu’en 2023 et en 2024, quelques entreprises de l’industrie suisse des machines et de la tech avaient pris contact avec la ville de Zurich afin d’étudier avec elle la possibilité d’acquérir des participations dans les centrales nucléaires. L’initiative avait été coordonnée par Jean-Philippe Kohl, directeur adjoint et responsable de la politique économique chez Swissmem. Les entreprises concernées avaient fait part de leur intérêt général mais aucune offre concrète n’avait été remise. M. Kohl a précisé que la ville de Zurich avait procédé aux clarifications en interne et estimé qu’une vente semblait difficile car cela aurait provoqué le mécontentement des autres actionnaires. Or d’après des recherches du Tages-Anzeiger, le sujet n’avait tout simplement pas été abordé avec les autres actionnaires.

Un porte-parole de la ville a confirmé au journal les discussions avec les entreprises: la ville est prête à vendre, mais elle souhaite que l’ensemble des risques et obligations soient reportés sur les acheteurs. «Au cours d’une prochaine étape, les parties intéressées devront indiquer la manière dont elles entendent couvrir les risques en matière de responsabilité et la manière dont le prix de vente sera calculé», a déclaré la ville de Zurich. Or en vertu de la loi sur l’énergie nucléaire, c’est l’exploitant d’une centrale nucléaire qui est responsable en cas de dommage, pas l’actionnaire. La centrale nucléaire de Gösgen est à l’arrêt jusqu’à fin février 2026 en raison de travaux d’entretien hors calendrier.

Malgré le premier refus, des entreprises privées suisses continuent de manifester leur intérêt pour le rachat des parts. L’entreprise d’emballage Modelgroup Schweiz, qui a besoin d’une énergie fiable et décarbonée et ce 24h/24 pour sa production de papier, très énergivore, et qui achète déjà de la vapeur industrielle à Gösgen pour la fabrication du papier, fait partie des entreprises intéressées. L’entreprise métallurgique Fischer, basée à Reinach, souhaite, elle aussi, pouvoir profiter de l’électricité abordable issue de l’exploitation à long terme de Gösgen pour pouvoir rester compétitive sur le marché mondial.