Pour le commissaire européen de la R&D, le nucléaire ouvre de nouveaux horizons

Dans une interview accordée à John Shepherd, rédacteur en chef de NucNet, le commissaire européen Philippe Busquin souligne l'importance de l'énergie nucléaire pour un approvisionnement énergétique durable de l'Europe.

9 déc. 2002

Diplômé en physique, en philosophie et en sciences environnementales, M. Busquin, membre du parti socialiste qui a appartenu à divers gouvernements belges, est chargé depuis septembre 1999 de la recherche au sein de la Commission européenne. M. Busquin considère comme extrêmement important d'assurer la relève en personnels compétents pour que les centrales nucléaires soient exploitées de manière sûre, que la technique nucléaire puisse continuer d'être développée et que les déchets puissent être évacués. Il est persuadé qu'un programme de recherche et développement attrayant contribue de manière déterminante à l'encouragement de la relève. Le sixième programme-cadre européen de la recherche et du développement pour la période de 2003 à 2006 met expressément l'accent sur ce point. Ce programme recommande la mise en relation de programmes d'études avec l'enseignement et la recherche, une augmentation des bourses Marie Curie dans le domaine nucléaire et la prise en compte de jeunes chercheurs lors de l'adjudication de travaux. Le cinquième programme-cadre avait déjà montré des directions dans ce sens, ainsi le soutien de l'European Nuclear Engineering Network (ENE) par 14 universités et instituts de recherche. L'ENEN est le premier pas vers un cursus commun et un diplôme universitaire européen en génie nucléaire.
Interrogé sur la question du soutien futur à la recherche sur la fusion, M. Busquin a rappelé le rôle majeur joué par l'Europe dans le projet Iter (International Thermonuclear Expérimental Reactor). Suite à l'aboutissement des travaux de conception l'année dernière, les décisions à prendre concernent désormais la répartition des coûts et le choix du site. Un accord correspondant devrait pouvoir encore être signé avant le milieu de 2003, l'Europe ayant ici une chance réelle d'être sélectionnée pour le site. En plus des partenaires actuels, à savoir l'Europe, le Japon, le Canada et la Russie, la Chine et la Corée ont également fait part de leur intérêt pour une collaboration, et il semble que les Etats-Unis veulent réexaminer leur décision de se retirer du projet.
Maintenant que le stockage définitif des déchets de faible et de moyenne activité est devenu une affaire de routine dans de nombreux pays européens, l'Union européenne concentre son aide à la recherche sur les déchets de haute activité et à vie longue, comme l'indique le Livre vert 2001 sur la sécurité d'approvisionnement énergétique. La réduction de leur volume permet de consacrer davantage d'efforts à la sûreté de leur évacuation sans remettre pour autant en question la compétitivité de l'énergie nucléaire. Le soutien de l'UE encourage la collaboration souhaitée des pays membres dans ce domaine. L'Allemagne, la Belgique, l'Espagne, la Finlande, la France, la Grande-Bretagne, la Suède et la Suisse participent au projet Net.Excel qui a été lancé en novembre 2002 dans ce domaine.
Comme l'explique encore M. Busquin dans cette interview, une autre initiative de l'Union européenne est la constitution, le 10 octobre 2002, du groupe sur la technologie de l'hydrogène. Ce groupe présentera d'ici le milieu de 2003 un rapport sur la manière dont l'hydrogène en tant qu'agent énergétique pourrait contribuer dans les 20 à 30 prochaines années à un approvisionnement énergétique durable. L'énergie nucléaire entre également en considération pour la production de quantités suffisantes d'hydrogène: parallèlement à l'électrolyse avec de l'électricité de centrales nucléaires, l'utilisation de chaleur fournie par des réacteurs à haute température innovants est également très prometteuse pour la décomposition de l'eau. Il s'agit de trouver des solutions qui sont économiques et remplissent les objectifs de l'UE en matière de CO2. L'Europe dispose de compétences diversifiées dans le domaine du développement mais ces compétences sont fragmentées, et l'UE entend contribuer à l'intégration des divers programmes, a souligné M. Busquin.
Pour ce qui est de l'encouragement de la recherche par le secteur privé, M. Busquin constate un retard croissant de l'Europe par rapport au Japon et aux Etats-Unis. La recherche et le développement constituent pourtant des facteurs clés du succès économique à long terme. L'UE se fixe donc comme objectif de porter la part de la recherche et du développement dans le produit intérieur brut de 1,9% actuellement à 3% d'ici 2010. Pour augmenter le soutien de l'économie privée, il faut surtout améliorer les conditions juridiques et fiscales de base, estime M. Busquin, qui considère que l'Europe doit ici combler son retard.
Quant au soutien de la recherche par l'industrie nucléaire, M. Busquin pense qu'elle continue de manquer de transparence aux yeux du public. En réalité, ce secteur connaissait il y a 20 ans encore des difficultés dans le domaine de la communication, mais ceci s'est aujourd'hui radicalement amélioré, souligne M. Busquin. Il existe toujours une difficulté: lorsque l'opinion publique ne se sent pas directement concernée par un sujet, elle ne se rend tout simplement pas compte des efforts correspondants entrepris.

Source

P.B./C.P. d'après NucNet du 10 décembre 2002

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