Prolongation des durées d’exploitation en Belgique: le gouvernement doit agir vite, estime l’AIE

Un rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) indique que si aucune mesure n’est prise, il est peu probable que les «procédures réglementaires et les investissements requis» soient achevés à temps pour permettre la poursuite de l’exploitation des tranches belges Tihange 3 et Doel 4 (PWR, 1038 MW chacune) au-delà de 2025.

25 avr. 2022
La centrale nucléaire de Tihange en Belgique
Sept tranches nucléaires sont actuellement en fonctionnement en Belgique: trois à Tihange et quatre à Doel.
Source: Electrabel

D’après le rapport de l’AIE «Belgium 2022 – Energy Policy Review», la Belgique doit «agir vite» pour garantir que les travaux de rééquipement. Ces derniers permettront de poursuivre l’exploitation des tranches Tihange 3 et Doel 4 durant dix années supplémentaires seront terminés «dans les temps et à un coût abordable». Si aucune mesure n’est prise, il est peu probable que les «les procédures réglementaires et les investissements requis» soient achevés pour permettre la poursuite de l’exploitation de Tihange 3 et Doel 4 au-delà de 2025. D’après l’AIE, les expériences acquises dans le cadre de la poursuite de l’exploitation des tranches belges Tihange 1 et Doel 1 et 2 montrent que quatre à cinq ans, au moins, seront nécessaires pour que les réacteurs soient pleinement opérationnels au-delà de leur durée initiale de fonctionnement .

L’Agence fédérale belge de contrôle nucléaire (FANC-AFCN) est prête à reporter les rééquipements qui ne sont pas indispensables afin d’offrir un calendrier réaliste. Par ailleurs, les défis juridiques, par exemple la nécessité de réaliser de nouvelles études d’impact environnemental et les retards possibles dans les procédures réglementaires, pourraient ralentir la démarche de prolongation de l’exploitation.

La loi fédérale belge du 31 janvier 2003 prévoit que le pays doit sortir du nucléaire. Elle a été modifiée en 2013 et en 2015 afin que les tranches Tihange 1 et Doel 1 et 2 puissent continuer à fonctionner jusqu’en 2025.

Dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, lancée en février 2022, et au regard de l’objectif de réduire la dépendance du pays vis-à-vis des agents énergétiques fossiles, le gouvernement belge a décidé en mars d’entreprendre les étapes nécessaires pour prolonger le fonctionnement des réacteurs Tihange 3 et Doel 4 de dix ans, soit jusqu’en 2035.

La sortie du nucléaire entraînera une augmentation des émissions de CO2
Afin de continuer à garantir l’approvisionnement électrique au moment de la sortie du nucléaire et après, le gouvernement belge a introduit le Mécanisme de Rémunération de la Capacité (Capacity Remuneration Mechanism, CRM) qui soutient le développement de capacités de production supplémentaires et la conservation des capacités actuelles au moyen de mises aux enchères. La première enchère a eu lieu en octobre 2021 et a permis des versements représentant une capacité de 4,4 GW, essentiellement pour du gaz.

Le permis environnemental régional relatif à la construction d’une des centrales à gaz en projet a été refusé en novembre 2021. En mars 2022, le gouvernement a annoncé la conclusion d’un contrat CRM pour cette centrale, et a demandé à l’exploitant de réseau belge Elia de relancer la mise aux enchères d’octobre 2021 afin de pouvoir sélectionner des projets supplémentaires parmi les offres remises et ainsi de pouvoir garantir l’approvisionnement électrique pour l’année de livraison 2025. D’après le rapport, cela pourrait aboutir à un nouveau contrat de capacité du CRM pour une centrale à gaz.

Des critiques ont été émises concernant le fait que la décision de sortir du nucléaire et celle de financer de nouvelles centrales à gaz, fossiles, via le CRM, sont «paradoxales et contre-productives». Un député belge a adressé une demande écrite urgente au Parlement européen, dans laquelle il met en garde contre le fait que l’arrêt des centrales nucléaires pourrait rendre nécessaire la construction de centrales à gaz, néfastes pour l’environnement, ce qui entraînerait une augmentation des émissions de CO2.

L’AIE estime aussi que la sortie du nucléaire pourrait avoir ces conséquences. Avec une part de 70% dans la production d’électricité pauvre en carbone, l’énergie nucléaire est la principale source d’électricité propre du pays.

Source

M.A./C.B. d’après NucNet du 20 avril 2022 et un communiqué de presse d’Elia du 31 octobre 2021

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