Redécouverte mondiale de l’énergie nucléaire

Les perspectives d’avenir de l’énergie nucléaire ont constitué un thème central de PIME 2008 (Public Information Materials Exchange), congrès de l’European Nuclear Society qui s’est déroulé cette année à Prague du 11 au 13 février 2008. Des conférenciers internationaux ont résumé à cette occasion les développements politiques les plus importants en soulignant à ce propos que les avantages de l’énergie nucléaire étaient de plus en plus reconnus.

11 mars 2008
Janice Dunn Lee: «Les systèmes nucléaires de production d'électricité doivent être plus sûrs que les autres.»
Janice Dunn Lee: «Les systèmes nucléaires de production d'électricité doivent être plus sûrs que les autres.»
Source: PIME

«Les systèmes nucléaires de production d'électricité doivent être plus sûrs que les autres»: tel a été le point de départ de l'exposé de Janice Dunn Lee, vice-directrice de l'Agence de l'OCDE pour l'énergie nucléaire (AEN). Selon Janice Dunn Lee, la très grande majorité des futures centrales nucléaires seront des systèmes standardisés d'un petit nombre de filières de réacteurs. Elle a cité ici comme exemple le «Multinational Design Evaluation Programme (MDEP) de l'AEN, une initiative multinationale à l'intention des autorités de surveillance qui vise à une harmonisation des normes de sûreté pour les nouveaux systèmes de réacteurs. Le MDEP compte actuellement dix membres (Afrique du Sud, Canada, Chine, Corée du Sud, Finlande, France, Grande-Bretagne, Japon, Russie et USA).

L'objectif de cette initiative est d'élever encore les normes de sûreté, de simplifier l'examen de la conception par les autorités et d'améliorer l'acceptation par le public des objectifs de sûreté grâce à un soutien international. Le programme MDEP se déroule parallèlement à des travaux similaires de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et de la Western European Nuclear Regulators Association (Wenra), à laquelle la Suisse participe également.

L'UE souligne les avantages de l'énergie nucléaire

Ute Blohm-Hieber, de la direction générale de l'énergie et des transports de la Commission européenne, a présenté les trois initiatives actuelles de l'UE dans le domaine de l'énergie nucléaire. La future politique énergétique «20-20-20», programme adopté les 8 et 9 mars 2007 par les 27 chefs de gouvernement de l'UE, prévoit à l'horizon 2020 une amélioration de l'efficacité énergétique de 20%, une diminution des rejets de 20% et une augmentation à 20% de la part des énergies renouvelables. Les chefs de gouvernement ont constaté dans ce contexte que l'énergie nucléaire présentait de grands avantages en matière de sécurité d'approvisionnement, de protection du climat et de rentabilité. «Contrairement à ce qui s'est passé jusqu'à présent, l'énergie nucléaire doit jouer un rôle important pour réaliser ces objectifs», a souligné Blohm-Hieber, tout en rappelant que la décision d'utiliser l'énergie nucléaire doit continuer d'être prise au niveau national.

Ute Blohm-Hieber présente les trois initiatives actuelles de l'Union européenne en matière d'énergie nucléaire.
Ute Blohm-Hieber présente les trois initiatives actuelles de l'Union européenne en matière d'énergie nucléaire.
Source: PIME

Les trois piliers du programme d'action de l'UE

Selon Blohm-Hieber, le programme d'action de l'UE repose actuellement sur les trois points forts suivants:

  • Le «High Level Group for Safety» (HLG) (Groupe de haut niveau sur la sûreté nucléaire, GHN), groupe de soutien des autorités nationales de sûreté: son objectif est de développer progressivement au niveau européen des initiatives communes dans le domaine de la sûreté nucléaire. Le Panel, qui a commencé officiellement ses activités le 12 octobre 2007, a constitué le 11 janvier 2008 trois groupes de travail sur les thèmes de la sûreté des installations nucléaires, de la gestion des déchets radioactifs, ainsi que de la communication et de la transparence.
  • La «Sustainable Nuclear Energy Technology Platform» (SNE-TP) (Plateforme technologique pour l'énergie nucléaire durable), pour l'encouragement renforcé de la recherche et développement. Dans le cadre de cette plate-forme technologique, des représentants de premier plan de la science et de l'industrie européenne ont formulé en automne 2007 des recommandations communes en vue de l'établissement d'un agenda de la recherche dans les décennies à venir. Les thèmes de recherche proposés portent sur une nouvelle optimisation des centrales nucléaires actuelles, sur le développement de technologies de recyclage avancées pour la minimisation du volume des déchets radioactifs, sur la mise en service de deux réacteurs rapides de types différents d'ici 2020, ainsi que sur la mise en service d'un réacteur à haute température permettant de produire des carburants alternatifs, parallèlement à de l'électricité. Selon les indications fournies par Blohm-Hieber, cet agenda de la recherche devrait être finalisé d'ici fin 2008.
  • Le «European Nuclear Energy Forum» (ENEF) (Forum européen sur l'énergie nucléaire): ce forum doit fournir le cadre de discussions et de débats sur l'avenir de l'énergie nucléaire en Europe. La réunion constitutive a eu lieu les 26 et 27 novembre 2007 à Bratislava. Trois groupes de travail ont été formés à cette occasion sur les thèmes suivants: forces de l'énergie nucléaire, risques et transparence vis-à-vis du public. La prochaine réunion du Forum aura lieu les 22 et 23 mai 2008 à Prague.

Flot de demandes adressées à l'AIEA

Ian Facer enfin, de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), a éclairé la situation de l'énergie nucléaire au niveau international. Il a souligné que la stagnation constatée depuis le milieu des années 1980 en matière de construction de centrales nucléaires avait de toute évidence pris fin. Comme il l'a rappelé, une nette majorité des pays qui avaient participé à la conférence internationale «Nuclear Power for the 21st Century» organisée en mars 2005 à Paris avaient exprimé l'opinion que l'énergie nucléaire pouvait fournir une contribution importante à la solution des problèmes énergétiques à venir. Les besoins croissants en électricité, la sécurité de l'approvisionnement, le bon certificat environnemental décerné à l'énergie nucléaire ainsi que sa fiabilité toujours améliorée au niveau mondial constituent les raisons essentielles de cette constatation.

Dans ce contexte, l'AIEA a reçu ces dernières années de la part de divers pays tout un flot de demandes d'aide pour la mise sur pied d'un programme nucléaire national. Selon Ian Facer, le nombre de ces demandes est passé de deux en 2001 à dix déjà en 2007, et l'AIEA s'attend à une forte progression de la demande dans les années à venir (voir la carte). L'utilisation de l'énergie nucléaire implique une infrastructure industrielle et réglementaire ainsi que des ressources financières et en personnel suffisantes, a toutefois rappelé Ian Facer. Il s'est montré préoccupé par la précipitation dont font preuve certains pays et par leur volonté de lancer un programme nucléaire avant d'être vraiment prêts pour cette technologie.

Source

M.S./C.P.

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