Roadmap 2050 – sur la voie d’une production d’électricité exempte de CO2
La feuille de route «Roadmap 2050» de la European Climate Foundation (ECF) aboutit à la conclusion qu’il est possible de réduire de 80%, d’ici à 2050, les émissions de gaz à effet de serre en Europe. Le préalable requis est, en l’espèce, une production d’électricité quasiment décarbonisée, ce qui n’ira pas sans investissements massifs dans les centres de production et les réseaux de transmission. Ceux-ci exigeront à leur tour de profonds changements sur le plan économique et au niveau de la politique énergétique. Sans énergie nucléaire, la situation deviendrait encore plus compliquée.

Intitulée «Roadmap 2050: practical guide to a prosperous, low-carbon Europe» (Manuel pour une Europe décarbonisée prospère), cette étude de l’ECF dégage les possibilités d’une production d’électricité décarbonisée en Europe. S’y ajoute une multitude d’autres mesures telles que le développement généralisé de la technologie de capture et séquestration du carbone (CSC) et le remplacement des carburants fossiles par des technologies «propres». Toutes ces mesures représentent selon l’ECF une voie techniquement réalisable pour réduire de 80% les émissions de gaz à effet de serre. La Roadmap 2050 table sur les mix énergétiques et aborde les trois scénarios suivants: 40% d’énergies renouvelables, 30% de charbon avec CSC, 30% de nucléaire; 60% d’énergies renouvelables, 20% de charbon avec CSC, 20% de nucléaire; 80% d’énergies renouvelables, 10% de charbon avec CSC, 10% de nucléaire. L’ECF consacre par ailleurs un chapitre entier à une «option supplémentaire», à savoir celle d’une production d’électricité obtenue intégralement à partir d’agents renouvelables. Cette option reprend la part de 80% d’énergies renouvelables du scénario le plus généreux, mais prévoit le remplacement des 20% restants (nucléaire et charbon) par 15% de solaire produit dans des installations en Afrique du Nord et par 5% de géothermie, sous réserve d’une percée encore hypothétique de cette technologie.
Rôle du nucléaire
Le nucléaire est considéré tout au long de l’étude comme une technologie de production d’électricité non fossile et pauvre en émissions de CO2. L’«option supplémentaire» mise à part, l’énergie nucléaire est présente dans tous les scénarios et sert entre autres d’appoint au renouvelable tel que le solaire et l’éolien. Ainsi, selon le scénario prévoyant 40% d’énergies renouvelables, la production de courant annuelle des centrales nucléaires devrait être de quelque 1500 TWh vers 2050 (contre environ 1000 TWh aujourd’hui). Cela reviendrait en fin de compte à mettre en chantier une centaine de centrales nucléaires vers 2040 au plus tard.
Engagement politique indispensable
Etant donné que les changements décrits exigeront dans toute l’Europe un développement massif des capacités de production et des réseaux de transmission, le projet se heurtera à des obstacles politiques et économiques de taille. L’ECF considère que l’union politique et un engagement inconditionnel constituent ici des préalables élémentaires. Selon l’étude, les Etats de l’UE devront en effet collaborer à tous les niveaux et créer un cadre d’incitation pour les investissements privés. La Roadmap 2050 montre clairement que les projets d’infrastructure d’une telle ampleur exigent impérativement un soutien politique, et que l’objectif d’une production d’électricité favorable au climat et à l’environnement ne pourra être atteint qu’à la faveur d’un mix énergétique judicieux et adapté aux particularités géographiques.
Source
M.Re./P.V. d’après ECF, «Roadmap 2050», avril 2010