Robin Zeltner: «Et qui sait, peut-être qu’un jour je participerai à la construction d'une centrale nucléaire»

Le jeune Robin Zeltner, 18 ans, a effectué de nombreuses recherches sur la fusion nucléaire dans le cadre de son travail de maturité au gymnase cantonal d’Olten. Et ses efforts ont été récompensés puisqu’il a obtenu la seconde meilleure note, avec un 5. C’est un jeu informatique qui lui a donné l’idée de son sujet. Le Forum nucléaire s’est entretenu avec le jeune homme.

11 févr. 2022
Robin Zeltner
Le jeune Robin Zeltner consacre son travail de maturité à la fusion nucléaire.
Source: Robin Zeltner

Comment as-tu eu l’idée d’aborder ce sujet dans le cadre de ton travail de maturité?
En toute franchise, en jouant au jeu Satisfactory, qui consiste à fabriquer et à automatiser des usines à partir de différentes ressources sur une planète étrangère. Les machines ont besoin d’électricité, raison pour laquelle j’ai décidé de construire une centrale nucléaire. Au début, la technologie n’était pas très bonne car elle générait des déchets radioactifs qu’il était impossible d’éliminer. Une mise à jour a finalement permis de retraiter les déchets. Je me suis demandé ce qu’il en était dans la vraie vie, et j’ai réalisé que les déchets dans le domaine nucléaire étaient un sujet tabou. J’ai donc cherché une technologie qui ne produirait pas de déchet. Je me suis alors souvenu avoir entendu parler un jour de la fusion nucléaire, et je me suis dit que ça pourrait être un bon sujet pour mon travail de maturité.

T’étais-tu déjà intéressé à l’énergie nucléaire et à la fusion nucléaire auparavant?
Je n’habite pas très loin de la centrale nucléaire de Gösgen, et cela a toujours été plus ou moins un sujet de discussion. De manière générale, je m’intéresse à la physique et, donc, à la production d’énergie. Mais j’ai réellement commencé à me pencher sur le sujet avec mon travail de maturité.

Est-ce que le thème de l’approvisionnement énergétique est abordé à l’école?
Oui, il y a quatre ou cinq ans, nous avons eu un cours intitulé «Science et technique» et durant un semestre, nous avons étudié le thème de l’énergie de manière générale. L’efficacité énergétique était abordée, ainsi que l’origine de l’électricité produite en Suisse. Mais c’est un sujet qui n’a plus été traité par la suite.

Comment as-tu procédé pour ton travail? Où as-tu recherché des sources fiables?
J’ai trouvé des sites internet assez fiables. En cours, nous avons aussi beaucoup utilisé les pages du LEIFIphysik. On y trouve de nombreuses informations de qualité et très détaillées sur les fondamentaux de la physique. J’ai aussi consulté des sites généraux: ceux de la Confédération, celui d’Iter, et le Forum nucléaire suisse. Il s’agit là encore de très bonnes sources. J’ai également utilisé des articles de journaux dans lesquels j’ai parfois trouvé de fausses informations lorsque je cherchais des points de vue critiques sur l’énergie de fusion. Mais cela n’avait pas d’importance pour mon travail car ce qui m’intéressait vraiment, c’était ce que les gens pensaient de la fusion nucléaire.

Est-ce qu’il t’a été facile de t’informer sur le sujet?
Trouver des informations superficielles est relativement simple. Il en est de même pour les informations très détaillées, parfois complexes. C’est trouver des informations intermédiaires, compréhensibles de tous, qui a été le plus difficile. Beaucoup de mes questions sont restées sans réponse, et le fait que je puisse m’entretenir avec deux experts m’a beaucoup aidé. J’ai pu leur poser des questions spécifiques.

Tu as expliqué que tu avais également recherché des points de vue critiques à l’égard de la fusion nucléaire. Où as-tu chercher de telles informations?
Cela n’a pas été simple. J’ai cherché sur internet et les seules critiques que j’ai trouvées concernaient le fait que la fusion était trop coûteuse, que cela prendrait encore trop de temps, et qu’en fin de compte, cela ne fonctionnerait pas. J’ai bien sûr pris en compte ces critiques mais ce qui m’intéressait c’était de savoir s’il y avait des gens qui n’approuvaient pas la technologie en soi. J’avais pensé initialement faire un sondage mais cela n’aurait certainement pas été pertinent car beaucoup de personnes n’ont pas connaissance de la fusion.
J’ai demandé leur avis aux organisations environnementales Greenpeace et WWF. Concernant WWF, je n’ai obtenu aucune réponse, et concernant Greenpeace, elle a critiqué le nucléaire dans sa réponse, mais n’a rien écrit concernant la fusion nucléaire. J’ai donc posé une nouvelle fois la question, mais il semblerait que le sujet ne soit pas encore à l’ordre du jour chez eux. D’un côté, je comprends, car la fusion ne sera concrète que dans longtemps, mais d’un autre côté, je pense que cela n’empêche pas de se pencher sur le sujet et d’avoir une opinion.

Comment perçois-tu l’opinion sur l’énergie nucléaire dans ton entourage?
Dans mon entourage, l’énergie nucléaire est un sujet peu abordé. C’est peut-être encore avec les voisins que l’on en parle le plus. Et tous ceux dont je connais l’opinion sont plutôt favorables à l’énergie nucléaire. Mais cela vient peut-être du fait qu’ils travaillent ou ont travaillé dans une centrale. Concernant la famille ou l’école, on en parle peu, et je ne connais pas l’opinion des gens à ce sujet. L’enseignant qui me suit m’a toutefois bien expliqué que je devais rester neutre dans mon travail car il s’agit d’un sujet très controversé.

Tu écris dans ton travail que trop peu de gens sont correctement informés sur la fusion nucléaire. D’après toi, comment pourrait-on mieux informer sur le sujet?
Je pense que ce qui est important, c’est de rester le plus neutre possible. Mais il faut expliquer aux gens de quelle manière cette technologie fonctionne globalement. De sorte qu’ils aient au moins une vision globale de ce qui se passe dans le cadre de la fusion nucléaire et de la manière dont l’énergie est libérée. Par ailleurs, il faut bien comprendre que la fusion nucléaire, ce n’est pas la même chose que la fission nucléaire, qu’il existe des différences importantes entre les deux technologies et que les risques physiques liés à la fission n’existent absolument pas pour la fusion. Mais parallèlement, on ne peut pas dire non plus que la fusion nucléaire est la solution à tous nos problèmes. Au final, nous obtiendrons une combinaison des deux technologies. Je pense que mener aujourd’hui des discussions politiques à ce sujet n’est pas la bonne solution, ce n’est pas encore assez concret. En revanche, attirer l’attention de la population sur ce sujet est une bonne chose.

Quels sont tes projets pour après la maturité?
Pour commencer, je partirai faire un service militaire d’un an. Je pourrai ensuite pleinement me concentrer sur mes études. J’aurais pu me diriger vers des études de mathématiques ou de physique, mais je vais probablement me lancer dans des études d’ingénieur civil. C’est un domaine qui m’a toujours fasciné. Je m’en suis rendu compte en jouant à Satisfactory, où les joueurs doivent beaucoup construire et coordonner leur stratégie. .

Donc pas d’études en ingénierie nucléaire?
Non, je ne pense pas. Mais pour construire une centrale nucléaire, il faut aussi des ingénieurs civils. Et qui sait, peut-être qu’un jour je participerai à la construction d’une centrale nucléaire.

Source

A.D./C.B.

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