Tests de résistance de l’UE: de bons résultats, mais des améliorations sont nécessaires

Le niveau de sûreté nucléaire en Europe est élevé en général, mais la Commission européenne recommande certaines mesures dans presque toutes les centrales européennes. Aucune fermeture de centrale n’est cependant nécessaire. Tel est le message essentiel qui ressort des résultats des tests de résistance de l’UE, publiés à Bruxelles le 4 octobre 2012. La Suisse qui a elle aussi participé à ces tests de résistance s’est vue félicitée à de nombreuses reprises.

5 oct. 2012
Des améliorations sont nécessaires: Günther Oettinger, commissaire européen à l’Energie, lors de la publication des résultats des tests de résistance européens.
Des améliorations sont nécessaires: Günther Oettinger, commissaire européen à l’Energie, lors de la publication des résultats des tests de résistance européens.
Source: Commission européenne

«Les tests de résistance ont mis en lumière nos points forts et les aspects à améliorer», commente Günther Oettinger, commissaire européen à l’Energie, à propos des résultats. «La situation est globalement satisfaisante, mais il nous faut rester vigilants.»

Ces tests de résistance avaient principalement pour objet d’évaluer la robustesse des centrales nucléaires en cas d’événements naturels extrêmes. Selon le rapport des tests, désormais disponible, toutes les normes de sûreté et pratiques recommandées par l’Organisation internationale de l’énergie atomique (AIEA) ne sont pas encore appliquées dans les pays membres de l’UE.

Les résultats en détails

  • Risques liés aux séismes et aux inondations: les normes actuelles pour le calcul des risques ne sont pas appliquées dans 54 réacteurs (dans le cas du risque sismique) et dans 62 réacteurs (pour le risque d’inondation) sur les 145 contrôlés. Le calcul du risque devrait – comme c’est le cas en Suisse – être basé sur une période de 10’000 ans et non sur les périodes bien plus courtes qui sont parfois utilisées.
  • Des instruments de mesure sismique devraient être disponibles in situ (ce qui est le cas en Suisse) dans chaque centrale. Ils ne sont aujourd’hui en partie pas disponibles dans les centrales de zones à très faible risque sismique, telles que l’Allemagne du Nord, les Pays-Bas ou la Suède.

  • •32 réacteurs ne disposent pas encore de système d’éventage-filtration pour l’enceinte de confinement afin de permettre de relâcher la pression en toute sécurité à l’intérieur de l’enceinte en cas d’accident. Ces systèmes sont installés en Suisse depuis de nombreuses années.
  • • Les équipements destinés aux interventions d’urgence en cas d’accident devraient être entreposés dans des locaux protégés même en cas de destructions généralisées et de façon à pouvoir être rapidement mis en service. Tel n’est pas le cas dans 81 réacteurs de l’UE. En Suisse, de tels dépôts ont été mis en place comme mesure immédiate le 1er juin 2011 après l’accident au Japon (Bulletin 7/2011).

  • • Une salle de commande de secours devrait prévue en cas d’inaccessibilité de la salle principale de commande. Une telle salle n’existe pas dans 24 réacteurs. Toutes les centrales suisses disposent quant à elles depuis plus de deux décennies d’un système d’urgence bunkérisé.

La Commission européenne estime le coût des travaux de rééquipement recommandés entre 30 et 200 millions d’euros (CHF 35 et 240 mio.) selon les réacteurs. La Commission s’attend dans les années à venir à un coût global de l’ordre de 10 à 25 milliards d’euros (CHF 12–30 mia.) pour l’ensemble des réacteurs nucléaires en exploitation dans l’UE. Ces estimations se basent sur les calculs des autorités françaises de surveillance pour les centrales nucléaires françaises et la présentation des plans d’action nationaux devrait permettre de les préciser.

Mesures immédiates dans l’UE

Selon la Commission, les autorités nationales de sûreté des Etats membres présenteront d’ici fin 2012 leurs plans d’actions et les calendriers correspondants. Ceux-ci feront ensuite l’objet d’une procédure d’évaluation réciproque par les pairs afin de mettre en œuvre les recommandations des tests de résistance de manière cohérente et transparente dans l’ensemble de l’Europe. La Commission a l’intention d’établir en juin 2014 un rapport sur la mise en œuvre des recommandations.

La Commission souhaite aussi présenter début 2013 une version retravaillée du cadre légal européen en vigueur dans le domaine de la sûreté nucléaire. Viendront ensuite des propositions sur l’assurance et la responsabilité dans le domaine du nucléaire et sur les niveaux maximaux admissibles de radioactivité dans les denrées alimentaires et les aliments pour animaux. Dans l’UE, la responsabilité concernant la sécurité des centrales nucléaires incombe aux Etats membres.

De bonnes notes et des félicitations pour la Suisse

Le rapport de la Commission européenne comprend aussi les résultats de la Suisse et de l’Ukraine, qui ont tous deux participé aux tests de résistance. L’autorité de surveillance suisse, l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN), a reçu deux recommandations: en cas d’accident grave, la décomposition de l’hydrogène doit plus fortement reposer non pas seulement sur des systèmes actifs, mais aussi sur des systèmes passifs. Des études supplémentaires ont par ailleurs été suggérées concernant la manipulation de l’hydrogène gazeux dans les systèmes de dépressurisation. Aucun réel défaut n’a été identifié dans les équipements de sécurité ou l’organisation en cas de situation d’urgence.

Pour le reste, les centrales nucléaires suisses reçoivent de bonnes notes de l’UE. La Suisse a en particulier été félicitée pour les analyses des risques sismiques qui y sont réalisées depuis l’an 2000 avec les méthodes les plus modernes, et qui sont actuellement en cours d’amélioration. Il a aussi été souligné que les plus importantes mesures de protections en Suisse pour les situations d’urgence étaient déjà en vigueur bien avant la catastrophe naturelle au Japon. Toutes les précautions prises dans le sens d’une «protection en profondeur» (de multiples systèmes de refroidissement et d’approvisionnement électrique indépendants les uns des autres) contribuent à la robustesse des centrales nucléaires suisses. Pour finir, l’IFSN et les exploitants de centrale ont été explicitement félicités pour les mesures prises après l’accident à Fukushima-Daiichi.

Documents complémentaires (en anglais):

Source

M.S./T.M. d’après le rapport de la Commission et un communiqué de presse de la Commission européenne du 4 septembre 2012

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