Troisième sommet allemand de l’énergie: pas de changement de l’accord de coalition
Le troisième et dernier sommet de l’énergie du gouvernement fédéral allemand a eu lieu à Berlin le 3 juillet 2007. Représentants de l’économie et des associations de consommateurs, parlementaires, responsables fédéraux et délégués des Länder ont discuté de la forme à donner à l’approvisionnement énergétique de l’Allemagne au cours des prochaines années. C’est à partir des résultats des trois sommets de l’énergie que le gouvernement fédéral développera un programme intégré destiné à poser les jalons de la politique énergétique et climatique à l’horizon 2020.
«Nous nous attelons par ce programme au défi majeur du 21e siècle - celui du changement climatique - et offrons en même temps des perspectives économiques porteuses d'avenir aux producteurs et aux consommateurs d'énergie en Allemagne.» Voilà ce qu'a déclaré la chancelière Angela Merkel à l'issue du troisième sommet de l'énergie. Le gouvernement fédéral entend ainsi mettre en œuvre à l'échelle nationale les décisions ambitieuses sur le climat, prises par l'UE en mars 2007 sous la présidence allemande du Conseil.
Scénarios énergétiques à l'horizon 2020: durée d'exploitation plus longue des centrales nucléaires
C'est sur cette toile de fond que le troisième sommet de l'énergie a examiné les perspectives d'un mix énergétique équilibré en Allemagne à l'horizon 2020, la discussion tablant en l'occurrence sur trois scénarios énergétiques établis sur mandat du gouvernement fédéral par la société Prognos AG et l'Energiewirtschaftliches Institut (EWI) de l'Université de Cologne.
Le premier scénario est basé sur l'accord de coalition, lequel maintient l'objectif de l'abandon de l'énergie nucléaire et du doublement, d'ici à 2020, des économies d'énergie lors des processus de production. Ce scénario est par ailleurs fondé sur l'augmentation de la part des énergies renouvelables et sur le développement soutenu du commerce d'émissions. La consommation d'énergies primaires diminuerait ainsi de 17% jusqu'en 2020 et les émissions de CO2 de 39%.
Le deuxième scénario prévoit un développement plus poussé des énergies renouvelables, ce qui conduirait à un recul de 16% de la consommation d'énergies primaires et de 41% des émissions de CO2. Les coûts macroéconomiques dépasseraient toutefois de 4,1 milliards d'euros (CHF 6,8 mia.) les dépenses engendrées par le premier scénario, et les prix de l'électricité s'inscriraient à la hausse (environ 5% pour les ménages privés par rapport au premier scénario).
Le troisième scénario repose sur une prolongation de vingt ans de la durée d'exploitation des centrales nucléaires actuellement couplées au réseau. La consommation d'énergies primaires reculerait ainsi de 13% et les émissions de CO2 de 45%. Les coûts macroéconomiques seraient inférieurs d'environ 1,2 milliard d'euros (env. CHF 2 mia.) à ceux du premier scénario pour des prix de l'électricité également plus bas (réduction de plus de 6% pour les ménages privés).
En ce qui concerne le mix énergétique, les représentants de l'industrie énergétique et des industries gourmandes en énergie ont souligné l'importance de l'énergie nucléaire et du charbon comme agents énergétiques fournissant une charge de base fiable pour l'approvisionnement énergétique de l'Allemagne. Les scénarios ont montré qu'une prolongation de la durée d'exploitation des centrales nucléaires existantes permettrait de relever la barre des objectifs en matière de protection du climat, qu'elle renforcerait la sécurité de l'approvisionnement et réduirait les coûts de l'électricité tout comme ceux de la lutte contre les émissions de CO2 .
Abandon du nucléaire: rien de changé
Lors de la conférence de presse qui a suivi le sommet, la chancelière Angela Merkel a déclaré qu'aucune décision susceptible d'entraîner une modification de l'accord de coalition ne serait prise pendant la législature en cours, ce dont il a été pris acte. Voici ce que Jürgen Thumann, président de la Bundesverband der Deutschen Industrie (BDI), a relevé à ce propos: «Dans le débat non résolu de l'énergie nucléaire, j'aurais souhaité, surtout de la part du ministre allemand de l'environnement, la force politique de ?moderniser' la décision d'abandonner le nucléaire en l'ajustant à la réalité.» L'énergie nucléaire est l'option sûre et abordable pour tester les nouvelles technologies énergétiques. Elle permettrait de resserrer les rangs avec les énergies renouvelables. Wulf Bernotat, président du groupe énergétique E.ON, a dénoncé le fait que «les questions décisives concernant le futur mix énergétique et en particulier l'énergie nucléaire n'ont pas été discutées sérieusement et qu'elles ont été mises entre parenthèses».
Programme énergétique et climatique intégré
Toute de suite après la pause estivale, le gouvernement fédéral définira les pierres angulaires d'un programme énergétique et climatique intégré en l'accompagnant d'un train de mesures concrètes et d'un calendrier. Voici ce que dit Angela Merkel à ce sujet: «Une place stable - dans le mix énergétique de l'avenir - des sources d'énergie se prêtant à la charge de base, une meilleure efficacité énergétique, davantage de couplage chaleur-force, un développement des énergies renouvelables ainsi que des techniques énergétiques modernes telles que le charbon propre et le captage et stockage de CO2 sont ici des objectifs importants. Un monitoring permettra de vérifier à intervalles réguliers la rentabilité et l'efficacité des mesures prises. Nous y intégrerons les résultats d'expertise des milieux économiques, scientifiques et des consommateurs. Par ce programme, nous relevons le défi du changement climatique et offrons en même temps des perspectives économiques porteuses d'avenir aux producteurs et aux consommateurs d'énergie en Allemagne.»
Source
M.A./P.V. d’après des communiqués de presse et des documents du gouvernement fédéral allemand, d’E.ON et du DBI du 3 juillet 2007