Afrique: dans le contexte des changements climatiques et du besoin croissant en énergie, l’intérêt pour le nucléaire augmente

En Afrique, 600 millions de personnes et 10 millions de petites entreprises n’ont pas accès à l'électricité de manière fiable.

À l’occasion de la 66e Conférence générale de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) organisée à Vienne, des ministres et employés gouvernementaux de plusieurs pays africains ont abordé le potentiel de l’énergie nucléaire pour soutenir le développement durable et la transition vers une énergie propre et fiable.

29 sept. 2022
Conférence générale de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA)
Des représentants de plusieurs États africains ont abordé la possibilité que leur pays entre dans le nucléaire avec le directeur général de l’AIEA, Rafael Mariano Grossi (au centre).
Source: AIEA

L’édition 2022 du rapport «Climate Change and Nuclear Power» a été présentée à l’occasion de la manifestation «Supporting the Energy Transition in Africa». Le rapport est actualisé tous les deux ans et propose de nombreuses informations techniques ainsi que des données sur les avantages offerts par l’énergie nucléaire pour atteindre le zéro émission net d’ici à 2050. La publication de cette année comporte un chapitre sur l’énergie nucléaire en Afrique. Le directeur général de l’AIEA, Rafael Mariano Grossi, s’est entretenu avec des représentants d’Afrique du Sud, d'Égypte, du Ghana et du Kenya.

«La sécurité énergétique, les changements climatiques et l'énergie nucléaire sont sur toutes les lèvres. Que ce soit en raison de l'évolution des conditions, des changements climatiques ou de modification des besoins en matière de sécurité, l'énergie nucléaire a désormais toute sa place autour de la table», a déclaré M. Grossi. «Ce qui me plaît dans cette discussion, c’est que sans l’Afrique, il n’y aurait simplement pas de discussion. Les responsables africains l’ont dit eux-mêmes: ‹Nous devons apporter notre contribution et nous avons besoin de notre propre analyse sur la manière dont nous pourrions utiliser la technologie nucléaire pour les peuples d’Afrique.›»

Les auteurs précisent que près de 600 millions de personnes et 10 millions de petites entreprises en Afrique n’ont pas accès à une source d’électricité fiable, et le raccordement à un réseau électrique national permet de moins en moins de garantir l'approvisionnement. Les pannes d’électricité sont plus fréquentes et la banque mondiale a indiqué qu’en Afrique subsaharienne, près de 80% des entreprises subissaient des coupures de courant. Entre-temps, le besoin énergétique du continent africain augmente deux fois plus vite que la moyenne mondiale. Cela s’explique essentiellement par la croissance démographique des villes.

Dans ce contexte, plusieurs pays d’Afrique étudient la possibilité d’intégrer le nucléaire à leur mix énergétique. L'Égypte, par exemple, a récemment lancé la construction de son premier réacteur. L’Afrique du Sud, seul pays du continent à utiliser le nucléaire (deux réacteurs d’une puissance globale de 2000 MW) réfléchit à l’exploitation à long terme de la centrale de Koeberg et à l’extension de son programme nucléaire.

L'Égypte, qui accueillera le prochain sommet de l’ONU sur le climat (COP27) au mois de novembre, a récemment lancé la construction du premier des quatre réacteurs de 1200 MW prévus à El-Dabaa. «L'Égypte a opté pour le nucléaire, une source d’énergie stable pour des décennies», a déclaré Mohamed H. El Molla, représentant de l'Égypte auprès de l’AIEA.

Le Ghana souhaite, lui aussi, entrer dans le nucléaire afin de garantir sa sécurité énergétique pour pouvoir couvrir son besoin futur, a déclaré Kwaku Afriyie, ministre ghanéen pour l’Environnement, la Science et l’Innovation. «Notre potentiel hydraulique est quasiment épuisé. Le nucléaire nous permettrait d’être certains d'avoir suffisamment d'énergie pour rendre possible notre transition et notre développement.» À ce jour, le mix ghanéen est composé de 40% d’hydraulique. Les changements climatiques ont également des impacts sur la disponibilité et la fiabilité de l'approvisionnement en eau. Et l’Afrique est particulièrement vulnérable à ces changements. D'après les prévisions de l’AIE, les changements climatiques en République démocratique du Congo, au Maroc, en Zambie et au Zimbabwe entraîneront un recul important de la capacité hydraulique. Et beaucoup d’autres nations connaîtront des fluctuations de leur approvisionnement en eau.

Un financement international d’importance majeure
Si la demande en électricité continue à augmenter et que la production hydraulique baisse sous l’effet des changements climatiques, seules les énergies fossiles, ou le nucléaire, permettront aux pays touchés de couvrir leur charge de base. Mais d'après la banque mondiale, de nombreux pays d’Afrique ne seront pas capables de financer eux-mêmes les grands projets d’infrastructure requis. «Cela signifie que le financement international revêtira une importance majeure», a déclaré Henri Paillere, chef de la section de la Planification et des Études économiques de l’AIEA. Afin d'attirer les investissements étrangers, il serait possible d’établir des zones économiques spéciales régies par des prescriptions économiques sur mesure qui reposeraient sur une infrastructure locale fiable. De telles zones pourraient faire office de points nodaux pour l'énergie propre acheminée dans les communes environnantes, et servir de catalyseur pour le tournant énergétique au niveau national. Les nouvelles technologies telles que les petits réacteurs modulaires (SMR), associées à des coûts d’acquisition plus bas et à un financement plus simple que les réacteurs conventionnels, pourraient être une option et être davantage adaptées aux petits réseaux électriques dans de nombreux pays d’Afrique.

Rafael Grossi a assuré son soutien plein et entier aux pays africains qui souhaiteraient entrer dans le nucléaire: «L’AIEA vous accompagnera pas à pas.»

Source

S.D./C.B. d'après l’AIEA du 28 septembre 2022

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