Effets sanitaires de l'accident de Tokai-mura
L'accident de criticité qui s'est produit le 30 septembre 1999 à l'usine japonaise de Tokai-mura a entraîné des doses élevées d'irradiation pour les trois employés directement touchés. Il n'a par contre pas eu de conséquences décelables sur la santé d'autres personnes. Tel est l'un des résultats de l'enquête de la Science and Technology Agency (STA) du gouvernement japonais.
La STA a contrôlé sur 439 personnes la dose d'irradiation provoquée par l'accident de criticité dans l'installation d'essai de conversion d'uranium de la société JCO. Les personnes qui ont été contrôlées sont des collaborateurs de la JCO qui étaient présents sur l'aire de l'installation au moment de l'accident, des employés du service de secours d'urgence et des personnes habitant dans un rayon de 350 m autour de l'usine. A l'exception des trois employés gravement blessés, toutes les autres personnes ont reçu des doses inférieures à 50 mSv. Cette dose a atteint 1 mSv ou plus chez 119 personnes. Elles feront l'objet d'un bilan de santé une fois par an, de même que les personnes qui ont été évacuées. En cas de besoin, une assistance psychologique leur sera fournie. 140 évaluations des doses - celles des trois employés les plus touchés non comprises - se fondent sur des mesures, et 296 sur des estimations. La STA publiera son rapport final probablement fin mars. Suite à cet accident, la JCO risque de perdre son autorisation d'exploitation; son président, M. Koji Kitani, a expliqué lors d'une conférence de presse que ceci serait accepté "avec humilité". Les autorités reprochent à l'entreprise d'avoir enfreint des prescriptions d'exploitation et des procédures de travail autorisées.
Le Japon a réagi à l'accident aussi bien sur le plan politique qu'au niveau de l'économie privée. En réponse à Tokai-mura, le Parlement a adopté deux projets de loi en décembre dernier. L'un de ces projets met en vigueur une loi sur des mesures spéciales en cas de catastrophe nucléaire, l'autre est une révision de la loi sur les matières nucléaires de base, les matières de fabrication du combustible et les réacteurs. Le premier projet de loi fixe la répartitions des rôles des divers organismes impliqués lors d'un accident.
Afin d'améliorer et de contrôler la sûreté d'exploitation des installations nucléaires, un réseau privé de sûreté nucléaire a par ailleurs été créé le 9 décembre 1999. Des inspections mutuelles et un échange ouvert d'information parmi les membres devraient permettre à ce "Nuclear Safety Network" (NSN) d'améliorer la culture de la sûreté dans l'industrie nucléaire. Ce réseau regroupe 35 entreprises et organisations de recherche.
En coopération avec les autorités japonaises, l'Agence pour l'Energie Nucléaire (AEN) de l'OCDE organise du 29 au 31 mai 2000 à Tokyo un séminaire sur la sûreté des installations du cycle du combustible nucléaire. Cette manifestation fournira à des experts japonais et internationaux l'occasion de tirer les leçons de "Tokai-mura" et d'autres incidents de criticité.
Source
M.S./C.P. d'après des communiqués du Japan Atomic Industrial Forum et de l'AEN
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