France: découverte de nouveaux phénomènes de corrosion sous contrainte

D’après l’Autorité française de sûreté nucléaire (ASN), Électricité de France (EDF) aurait déclaré de nouveaux évènements de corrosion sous contrainte. Ceux-ci concernent quatre réacteurs, mais essentiellement le réacteur 1 de Penly. Toutefois, l’ASN n’envisage pas, pour l’heure, d’ordonner des mises à l’arrêt massives. Mais les réacteurs devront rester arrêtés plus longtemps que dans le cadre des révisions annuelles planifiées, afin d’être soumis à des contrôles supplémentaires.

13 mars 2023
La centrale nucléaire française de Penly
Un cas spécial de corrosion sous contrainte a été identifié sur le réacteur 1 de la centrale nucléaire française de Penly, sur une soudure ayant fait l’objet d’une double réparation.
Source: EDF

D’après l’ASN, EDF aurait informé le 6 mars 2023 de la présence d’un phénomène de corrosion sous contrainte sur plusieurs des réacteurs français à eau sous pression. «Cette mise à jour porte sur le réacteur 3 de la centrale nucléaire de Cattenom et les réacteurs des centrales nucléaires de Civaux, Chooz B et Penly.» a informé l’ASN. Une fissure particulièrement profonde a été identifiée lors de contrôles effectués sur une soudure ayant fait l’objet d’une réparation sur le réacteur 1 de la centrale nucléaire de Penly. Celui-ci est actuellement arrêté dans le cadre de sa troisième visite décennale et en raison de travaux de réparation. Initialement, il aurait dû être redémarré au mois de mai.

«La fissure est située à proximité d’une soudure d’une ligne située en branche chaude du système d’injection de sécurité du réacteur 1 de la centrale de Penly. [Elle] s’étend sur 155 mm, soit environ le quart de la circonférence de la tuyauterie, et sa profondeur maximale est de 23 mm, pour une épaisseur de tuyauterie de 27 mm», a précisé l’ASN. La présence d’une telle fissure conduit à ce que la résistance de la tuyauterie ne soit plus démontrée.

EDF a identifié la fissure dans le cadre d’un programme de contrôle sur les soudures réparées. Avant la soudure finale, les tuyaux de la branche chaude du système d’injection de sécurité auraient été forcés de sorte à être alignés, et la soudure aurait fait l’objet d’une nouvelle réparation une fois l’alignement effectué. Pour L’ASN, cette approche n’pas acceptable. L’ASN estime qu’il s’agit d’un «point singulier» et non d’un problème générique, comme cela est le cas lors de phénomènes de corrosion sous contrainte dans la branche froide du système d’injection de sécurité de certains réacteurs français, imputables à la géométrie de la tuyauterie. Pour autant, des contrôles supplémentaires sont nécessaires: l’ASN a donc demandé à EDF de «réviser sa stratégie pour tenir compte de ces nouvelles informations.»

Le réacteur peut être refroidi même en cas de rupture d’une ligne
L’ASN a précisé qu’en dépit des nouvelles découvertes sur Penly 1, elle n’envisageait pas, pour l’heure, d’ordonner des mises à l’arrêt massives. Les réacteurs sont arrêtés chaque année dans le cadre de révisions annuelles et de remplacement des assemblages combustibles. Ils resteront déconnectés du réseau plus longtemps uniquement en raison des contrôles de soudure précités.

D’après l’ASN, la démonstration de sûreté du réacteur prend en compte la rupture d’une de ces lignes. En d’autres termes: l’installation est conçue de sorte que même en cas de rupture d’une de ces lignes, le cœur du réacteur, qui contient les assemblages combustibles, puisse être suffisamment refroidi.

Concernant la fissure découverte en mars 2023 sur le réacteur Penly 1 et les phénomènes de corrosion sous contrainte identifiés sur Cattenom 3 et d’autres réacteurs tels que ceux de Civaux, Chooz B et Penly, l’ASN a écrit: «Cet évènement n’a pas eu de conséquence sur le personnel ni sur l’environnement. Néanmoins, il affecte la fonction de sûreté liée au refroidissement du réacteur. En raison de ses conséquences potentielles et de l’augmentation de probabilité d’une rupture, l’ASN le classe au niveau 2 de l’échelle INES en ce qui concerne le réacteur 1 de la centrale nucléaire de Penly et au niveau 1 pour les autres réacteurs concernés.»

Le Forum nucléaire suisse entre plus en détail sur le phénomène de corrosion sous contrainte identifié sur certains réacteurs français dans un article de fond.

Source

B.G./C.B. d’après un communiqué de presse de l’ASN du 8 mars 2023

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