Grave incident de la centrale nucléaire hongroise de Paks: résultats de l'enquête partiellement disponibles

L'incident est intervenu lors du nettoyage chimique d'assemblages combustibles avec le procédé de Framatome CORD UV (décontamination chimique par oxydation-réduction) et de l'utilisation de l'équipement mobile AMDA (installation mobile automatique de décontamination). Selon le fournisseur, cet équipement fait ses preuves depuis des décennies pour la décontamination de composants et de systèmes. Depuis 2000, on s'en sert également à Paks, lors du nettoyage d'assemblages combustibles, pour enlever des dépôts de produits de corrosion sur les gaines de combustible. Ces travaux de nettoyage ont été effectués cette année à Paks pendant un arrêt programmé de la centrale dans un conteneur livré spécialement à cette fin par Framatome, conteneur qui avait été installé à dix mètres de profondeur sous l'eau dans un bassin auxiliaire.
La centrale nucléaire de Paks compte quatre tranches de la filière russe WER 440-V213. Le combustible est fabriqué par l'entreprise russe Machinostroïtelny Zavod (MSZ). Avec le concours de MSZ, le procédé de décontamination de Framatome avait été qualifié en 2000 pour le nettoyage des assemblages combustibles, et il avait été autorisé par la HAEA. La campagne de décontamination prévue pour cette année portait sur 205 assemblages combustibles du cœur du réacteur 2 répartis en sept lots, et également sur la décontamination, avant le démarrage de l'arrêt annuel, de deux lots d'un total de 54 assemblages de campagnes d'exploitation antérieures. L'incident a concerné le 6^e lot de la campagne. Une fois le nettoyage achevé, ce lotest resté pendant plusieurs heures dans le conteneur de décontamination. C'est pendant cette phase que le système de surveillance de l'activité assuré par l'installation AMDA a commencé à indiquer une élévation de l'activité. Après ouverture du conteneur de nettoyage, on a découvert des endommagements très importants des assemblages combustibles qui s'y trouvaient. Les dégâts se sont limités à ces assemblages combustibles et n'ont eu aucune conséquence sur la capacité de fonctionnement du réacteur et de ses dispositifs de sûreté.
L'incident a entraîné brièvement des rejets d'activité dans l'environnement de la centrale, rejets dont l'impact radiologique a été inférieur aux valeurs limites correspondantes, ont précisé les autorités hongroises. Il n'a pas été nécessaire de prendre des mesures de protection civile.
Les chapitres du rapport d'enquête, qui contient des informations encore bien plus détaillées, sont les suivants: bref récapitulatif; évaluation de l'incident sous les angles de la radioprotection, des circonstances techniques, des activités du personnel, de la documentation, de l'efficacité des autocontrôles et des causes de l'endommagement du combustible; non-conformités détectées pendant l'enquête; conséquences et impact de l'incident sur la sûreté, et contre-mesures nécessaires.
Le rapport de l'exploitante est public et l'HAEA est en train de l'examiner. L'autorité -fait exceptionnel - a ordonné en plus une propre enquête indépendante dont elle entend publier les résultats d'ici fin mai.
Selon l'HAEA, le rapport de l'exploitante et les résultats provisoires auxquels elle a elle-même abouti montrent que l'incident résulte d'une suite de causes indépendantes, mais à effets combinés. L'HAEA souligne que d'autres recherches sont nécessaires pour trouver les causes techniques profondes de l'incident. Indépendamment des conclusions finales de l'enquête, il est évident que cet incident aura de graves répercussions économiques. La question de savoir qui devra en répondre va certainement se poser.