La demande d'uranium persiste

Si l'énergie nucléaire se trouvait vraiment en fin de course, le prix de la matière première – l'uranium – devrait tomber au plus bas. Or c'est le contraire qui se passe. Même après la bulle spéculative, les analystes continuent de miser sur l'oxyde d'uranium et sur les actions de la branche nucléaire.

18 févr. 2011

La livre d'oxyde d'uranium n'a jamais coûté aussi cher sur le marché spot depuis 2008. La matière première avait atteint des sommets vers le milieu de 2007, alors que la livre bondit à 138 dollars (CHF 133, ou CHF 346 par kg d'uranium métal). Cette explosion des prix s'expliqua cependant par l'arrivée d'investisseurs spéculatifs – les fonds hedge, par exemple. Or pendant la crise financière, l'éclatement de cette bulle allait conduire à une chute des prix en dessous la barre des 45 dollars (CHF 43).

Les experts en matières premières s'attendent désormais à une hausse durable de la demande. L'extension de la production devrait néanmoins empêcher une nouvelle explosion des prix. Pour ce qui est de la croissance de la demande d'uranium et de l'énergie nucléaire en général, les analystes du Crédit Suisse (CS) avancent les facteurs suivants: augmentation de la demande d'électricité, problèmes accrus en termes de sécurité énergétique, changement climatique, pollution de l'air, progrès technologiques et meilleure efficacité énergétique des centrales de production.

Et même si le problème des déchets radioactifs subsiste, l'énergie nucléaire reste une source énergétique propre puisqu'elle émet 95% d'émissions de CO2 en moins qu'une production d'électricité basée sur le charbon. On escompte donc qu'avec les énergies renouvelables, le nucléaire remplacera progressivement les combustibles fossiles pour couvrir les besoins futurs en électricité, amorcés notamment sur les marchés émergents.

Les analystes du CS font le constat suivant: «Les sources alternatives comme l'éolien, le solaire ou l'hydraulique sont optimales pour compenser les charges de pointe résultant des fluctuations de la demande. Les centrales nucléaires fournissent cependant la charge de base puisqu'elles sont exploitées en continu.» On admet par ailleurs qu'à consommation égale, les réserves d'uranium exploitables connues suffiront pour plus de cent ans. A l'heure actuelle, ce sont l'Australie (part de marché de 23%), le Kazakhstan (15%) et la Russie (10%) qui disposent des plus grosses réserves d'uranium exploitables.

En ce qui concerne la tendance à la hausse de la demande, les analystes des matières premières se réfèrent aux projets de construction actuels ainsi qu'aux installations déjà en chantier. La Chine et l'Inde mènent, on le sait, les projets d'extension les plus ambitieux. La production nucléaire de l'Asie devrait augmenter de 13% par an d'ici à 2020. A considérer uniquement les 18 mois écoulés, la puissance installée a augmenté de quelque 19% en Chine, de 11% environ en Inde et de 6% en Russie.

Le CS estime que le regain d'intérêt pour l'énergie nucléaire résulte de la tendance récente vers une production d'électricité pauvre en CO2. L'exploitation de l'uranium a toutefois besoin d'un certain temps d'adaptation ce qui pourrait conduire à des pénuries à moyen terme. Toujours est-il que depuis 2003, l'approvisionnement en énergie primaire rattrape peu à peu son retard en raison de l'ouverture de nouvelles mines. Le Canada, l'Australie, le Kazakhstan et la Namibie ont notamment ouvert de nouveaux gisements. Le Kazakhstan et le Canada ont développé le plus fortement leur production en 2009, développement que le premier pays a répété l'année dernière. De son côté, la Namibie a extrait des quantités d'uranium bien plus importantes que l'année d'avant.

Source

Hans Peter Arnold/P.V.

Restez informé-e!

Abonnez-vous à notre newsletter

Vers l’abonnement à la newsletter

Profitez de nombreux avantages

Devenez membre du plus grand réseau nucléaire de Suisse!

Les avantages en tant que membre