L'énergie atomique a un avenir

Conférence présentée par M. Rolf Linkohr, député européen, président de la Fondation européenne de l'énergie, Bruxelles, lors de l'assemblée générale de l'ASPEA du 21 octobre 2003 à Berne

20 oct. 2003

Mesdames, Messieurs,
Un bref regard sur la politique gouvernementale d'un certain nombre de pays européens suffit pour trouver le titre de mon exposé plutôt audacieux. L'énergie atomique a-t-elle vraiment un avenir? En Allemagne, la sortie du nucléaire devrait être irréversible, les Belges veulent imiter les Allemands, les Britanniques repoussent la décision à plus tard, les Suédois ont dit non à l'énergie nucléaire lors d'un référendum dès les années 90, et avant eux, les Italiens et les Autrichiens s'étaient prononcés contre l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire. Bref, l'image qu'offre l'Europe rend à première vue mon affirmation ridicule.

Physique des réacteurs: de moins en moins d'étudiants
Cette évolution en direction de l'abandon du nucléaire a déjà des conséquences. De moins en moins d'étudiants veulent étudier la physique des réacteurs, les dépenses consacrées à la recherche sur le génie nucléaire diminuent, si bien que l'on peut à juste titre avoir l'impression qu'il s'agit d'une discipline scientifique en train de mourir. La mort ne vient pas subitement, mais les plaies que la controverse persistante sur l'énergie nucléaire a laissées pourraient entraîner lentement une hémorragie fatale. Il n'y aura peut-être même pas suffisamment de monde à l'enterrement, car le cercle des amis de l'énergie nucléaire aura disparu.

La technique nucléaire, modèle en voie de disparition?
Les choses pourraient vraiment se passer ainsi, et c'est également comme ceci que de nombreux opposants à l'énergie nucléaire se représentent l'avenir. La technique atomique est un modèle en voie de disparition, disent-ils, la technique d'hier, quelque chose qui est classé. Il ne vaut même plus la peine d'en discuter. Tout a été dit, et il n'y a pas de nouveautés. Il ne s'agit maintenant plus que de mettre fin de manière raisonnable à cette erreur de développement de sorte que les conséquences économiques de l'abandon du nucléaire soient supportables.
Nous sortons donc de cette technique dure à risques et rentrons dans la technique douce des énergies renouvelables, tout comme on quitte une voiture puante pour rentrer dans un tram silencieux et non polluant.

L'opinion publique n'est pas une constante
Certains sondages montrent bien que ce comportement n'est partagé que par une minorité de la population, mais les autres ne s'expriment pas, ou bien cela leur est égal. C'est ainsi qu'on peut parfaitement parler d'une opinion publique antinucléaire dominante.
Or l'opinion publique n'est pas une constante dans le temps. Elle change, comme notre expérience change; en d'autres termes, elle se balance à la cadence des changements de perception du monde. L'opinion publique a une certaine période de demi-vie, puis elle cède à une autre. Car les peurs d'aujourd'hui ne sont pas celles de demain.

Une meilleure technique supplante une technique plus faible
Ce serait aussi la première fois dans l'histoire qu'un développement technique serait abandonné de plein gré alors qu'il promet des avantages économiques. Certes, une opposition à tel ou tel développement technique a déjà existé auparavant, par exemple l'opposition aux métiers à tisser mécaniques ou aux chemins de fer, mais un développement technique ne s'est arrêté en fin de compte que lorsqu'il ne conduisait à aucun résultat, ou n'était pas utilisé. Les dirigeables, dont on attendait au début des miracles, n'ont pas eu de succès, mais ont été supplantés très rapidement par les avions comme moyens de transport de masse. On en construit à nouveau quelques-uns aujourd'hui, mais seulement dans des secteurs de niche où d'autres technologies ne conviennent pas. On peut citer comme autre exemple les usines à gaz de ville, qui ont cédé la place aux importations de gaz naturel. Bref: une technique a été remplacée par une autre parce que celle-ci était meilleure.

Pas de remplaçante de l'énergie nucléaire en vue
Pour ce qui est de l'énergie nucléaire, il n'est pas toutefois pas exact de dire qu'une nouvelle technologie l'a rendue superflue. Il n'existe pas de remplaçante. Si tel était le cas, il n'y aurait pas besoin de pression politique pour mettre un terme à son développement. Si elle était vraiment non économique, l'industrie passerait d'elle-même à des alternatives. L'abandon de l'énergie nucléaire relève de la volonté politique, il n'est pas la preuve que cette technique a été dépassée par le développement.
Mais il y a aussi des exemples qui montrent que nous abandonnons effectivement certains développements, et ceci quand les risques sont trop élevés et quand l'on dispose d'alternatives. La découverte du trou d'ozone est ici un bon exemple. Cette découverte a conduit au Protocole de Montréal valable dans le monde entier, protocole par lequel les Etats se sont engagés à ne plus utiliser de chlorofluorocarbures (CFC). Le Protocole de Kyoto peut lui aussi être cité comme exemple d'abandon irréversible même si dans ce cas, la conversion sur des agents énergétiques sans émissions est plus avancée sur le papier que dans la réalité.

Interdiction de composés chimiques extrêmement nocifs
Dans la politique de la chimie également, politique qui est réapparue récemment à l'ordre du jour des institutions européennes, nous devrons examiner la question de savoir si certaines matières dangereuses ne doivent pas être interdites totalement, ou partiellement, ou peuvent être remplacées par d'autres. Ce n'est pas pour autant un abandon de la chimie qui est visé, mais l'interdiction de certains composés chimiques dont la nocivité constitue un risque inacceptable. Nous n'utilisons pas le terme d'abandon, mais appliqué à la substance correspondante, il s'agit bien d'un renoncement à telle ou telle substance. Nous voulons abandonner également les expériences animales et recherchons désespérément des alternatives depuis longtemps. Dans ce cas également, nous nous efforçons de suivre au moins la tendance vers un tournant, vers l'éloignement d'une pratique que nous estimons insupportable et irresponsable.

Chaque développement devra démontrer son utilité
Je cite ces exemples pour rappeler que dernièrement, on constate nettement la tendance à freiner, à détourner ou à stopper certaines évolutions de la technique et des sciences naturelles. "L'abandon" est une notion qui n'est utilisée que pour l'énergie nucléaire, mais on assiste pourtant à des abandons ou à des conversions dans divers domaines. La technique ne roule pas que pour elle-même, et chaque développement devra à l'avenir démontrer son utilité et sa compatibilité avec la nature. La technique est dans ce sens un processus social.
Cette constatation a conduit entre temps à deux principes qui se sont bien ancrés dans nos réflexions, à savoir le développement durable et le principe de précaution. Ces deux principes ont rang constitutionnel dans l'Union européenne.

Comment mesurer la durabilité?
Mais que signifient ces principes dans la réalité? Comment pouvons-nous mesurer la durabilité? Le volume des émissions est-il par exemple un critère de la durabilité? Si tel était le cas, l'énergie nucléaire serait plus durable que le gaz naturel, pour ne pas parler du charbon. Elle pourrait même être plus durable que la photovoltaïque si l'on considère l'ensemble de la chaîne énergétique et si le silicium est produit avec de l'électricité d'origine fossile.
"Durabilité" signifie que nous devons nous comporter de telle manière que les générations futures soient elles aussi en mesure de satisfaire leurs besoins. Dans un sens plus large, la durabilité exige le même traitement pour tous les pays et tous les individus pendant des générations, croissance économique, protection de l'environnement et justice sociale devant être prises ici en considération à parts égales. Ces trois exigences doivent être mises en équilibre chacune au même titre. Il n'existe pas une seule grandeur de mesure qui permettait d'évaluer la durabilité de manière absolue.

Coûts peu élevés de l'énergie nucléaire en charge de base
Si l'on évalue l'énergie nucléaire par rapport à ces exigences, il n'y a aucune raison de lui dénier la capacité d'être durable. Du fait de ses coûts peu élevés en charge de base, on ne peut pas lui contester sa compétitivité, sinon les Finlandais ne voudraient pas construire une nouvelle centrale nucléaire, et Nicole Fontaine, la ministre française déléguée à l'Industrie en charge de l'énergie, ne proposerait pas au Premier ministre de construire l'EPR (European Pressurized Reactor). La ministre escompte une diminution des coûts de 10%. Et le Brésil ne voudrait pas construire une usine d'enrichissement d'uranium pour ses propres réacteurs et pour l'exportation. Si l'on prend les émissions comme mesure de la protection de l'environnement, le bilan du nucléaire est également avantageux. Les installations nucléaires n'émettent pas de gaz à effet de serre. Et en ce qui concerne la justice sociale, l'énergie nucléaire a une attitude neutre. Elle ne lui fait au moins pas obstacle. Il reste les risques, notamment la possibilité d'un accident et la question de l'évacuation définitive des déchets radioactifs.

Quelles sont les proportions du risque de l'énergie nucléaire?
Pour ce qui est des risques, nous pouvons nous référer aussi au principe de précaution. Selon ce principe, nous ne pouvons pas prédire avec exactitude les conséquences de processus techniques puisque, par définition, tout ce qui va se passer dans l'avenir est indéterminé. Nous ne pouvons que faire des conjectures sur l'avenir, le diviser en scénarios dont les uns sont plus risqués que les autres. Une action responsable doit donc partir du principe que parmi les scénarios possibles, il faut éviter ceux qui sont susceptibles d'avoir des conséquences catastrophiques. Nombreux sont ceux qui, après Tchernobyl, concluent que l'énergie nucléaire doit disparaître en tant qu'option énergétique étant donné que, selon la loi de Murphy, si quelque chose peut mal tourner, alors ça tournera mal. Bien qu'un accident dans une installation nucléaire soit extrêmement invraisemblable du fait de l'amélioration constante de la sécurité technique, un tel accident est en principe toujours possible.

Ne pas confondre précaution et prévoyance
Mais précaution ne doit pas être confondue avec prévoyance. La raison de l'inquiétude doit être scientifiquement fondée. Il faut procédera une analyse de risque qui doit être reproductible et transparente. Mais qu'en est-il si le risque ne peut pas se déterminer de manière suffisante par l'évaluation scientifique? Lorsque le risque résiduel est ressenti comme étant trop élevé? Dans ce cas, le principe de précaution s'oppose à l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire. Tel est en tous cas le credo des antinucléaires.
Le principe de précaution exige-t-il toutefois que nous ne courrions plus aucun risque? Ou le risque doit-il être si faible que l'on puisse en répondre sur le plan politique? Existe-t-il en fait une technique sûre au sens où il ne peut par principe rien se passer?

Réacteurs à sûreté inhérente
La sûreté de la technique nucléaire a été tellement améliorée ces dernières années que même en cas d'accident, nous pouvons limiter les conséquences au site où il s'est produit. En d'autres termes: ceux qui sont là dehors ne remarquent pas qu'il s'est passé quelque chose là dedans. Avec la prochaine génération de centrales nucléaires, il ne sera même plus possible, par principe, qu'un gros accident se produise. Nous parlons ici des réacteurs à sûreté inhérente. C'est comme si nous avions des tankers qui ne peuvent par principe pas couler, une propriété dont nos bateaux sont encore à des années-lumière.

Comparaison avec d'autres risques
Un tel risque est supportable, surtout lorsqu'on le compare à d'autres risques. On constate toutefois que les risques des systèmes énergétiques s'évaluent plutôt avec les tripes qu'avec la tête. Chaque année, il y a toujours quelque 15'000 mineurs qui sont victimes dans le monde d'accidents de mine. 100'000 environ sont blessés. Les énergies fossiles produisent des gaz à effet de serre contre lesquels nous n'avons pas pu prendre de mesures jusqu'à présent pour de simples raisons relevant de la chimie. Si, dans une économie de l'hydrogène, que beaucoup considèrent comme la panacée de la politique énergétique, les fuites étaient aussi importantes qu'avec le gaz naturel, l'augmentation de H2 détruirait la couche d'ozone encore plus vite que les CFC que nous venons seulement d'interdire. Restent les énergies renouvelables qui, certes, ont un charme particulier, puisqu'elles sont pratiquement sans risque et utilisent en principe l'énergie solaire, énergie justement inépuisable. Mais elles aussi présentent leurs problèmes. Elles sont toujours plus chères que la plupart de leurs concurrentes, elles ne conviennent pas pour la charge de base, à l'exception de la force hydraulique, et même celle-ci ne peut être valorisée que si suffisamment d'eau est disponible. Les besoins en superficie qu'elles exigent sont aussi parfois un obstacle à leur propension. Mais en disant cela, je ne saurais exclure que les sources d'énergie renouvelable ne parviennent pas à couvrir une partie importante de notre approvisionnement énergétique dans cinquante ou cent ans.

Avantages et inconvénients des divers agents énergétiques
Nous connaissons tous la discussion sur l'étude des avantages et des inconvénients des divers agents énergétiques, ou plutôt des convertisseurs d'énergie. C'est justement parce que chaque technologie énergétique présente ses avantages et ses inconvénients que les diverses technologies sont toujours utilisées là où elles présentent le plus gros avantage par rapport à leurs concurrentes. C'est ainsi que même la photovoltaïque, énergie chère, est d'ores et déjà la voie la plus raisonnable de production d'électricité dans plusieurs secteurs.
Une technique qui n'est pas utilisée maintenant à cause de ses défectuosités peut parfaitement être très utile demain sous une forme améliorée. Il y a trente ans, les piles à combustible étaient un luxe que seuls l'astronautique ou l'armée pouvaient s'offrir. Dans un ou deux ans, les petites piles à combustible feront disparaître du marché les batteries secondaires, et dans cinq à dix ans, les piles à combustible constitueront peut-être l'épine dorsale d'un approvisionnement énergétique décentralisé, pour autant que les problèmes actuels soient résolus de manière satisfaisante.

Toute intervention est liée à un risque
Il n'existe pas de technique sans risque. Car toute intervention dans la nature est liée à un risque. Et pour survivre, nous devons intervenir dans le cycle des matières, sans jamais revenir au point de départ. Le deuxième principe de la thermodynamique nous apprend que toute transformation de matière sur terre, transformation qui est finalement la base de la vie humaine, est irréversible, et donc liée à une augmentation d'entropie. Il n'existe pas de recyclage total. Et même s'il existait, ce ne serait pas obligatoirement un gain en diversité biologique.
Un bon exemple de ceci est la forêt qui, il y a 1000 ans, couvrait la majeure partie de l'Europe centrale. Au cours des siècles, les hommes ont érodé de grands pans de la forêt pour faire de la place à l'habitat, à la culture des champs et aux prairies. Le bois était aussi la seule source d'énergie, et celle-ci venait de la forêt. La surface de la forêt diminua. Mais l'homme agrandit aussi en même temps la biodiversité, car les espaces vitaux pour les plantes et les animaux devinrent plus variés. Un retour à l'état d'il y a mille ans entraînerait donc une perte de diversité biologique et ne contribuerait pas au développement durable.

Consommation minimale de matières premières
Cet exemple montre que le changement ne doit pas obligatoirement conduire à un appauvrissement des espèces. C'est ainsi que la consommation de matières premières, ou plus exactement leur transformation, n'est pas toujours un risque, elle peut être aussi un gain. Ceci peut toutefois aussi être une perte. En réalité, l'homme détruit plus la terre qu'il ne lui est bénéfique. C'est la raison pour laquelle en matière de transformation de l'énergie, nous devons emprunter un chemin qui conduise à une consommation minimale de matières premières et à des émissions les plus faibles possible de gaz à effet de serre, tout cela pour des coûts peu élevés et avec des risques maîtrisables. Je serais prêt dans ce cas à parler de développement durable. Et à mon avis, le principe de précaution serait aussi satisfait.
Que celui qui conteste ceci attaque la construction de nouvelles centrales nucléaires devant la Cour de justice européenne, car les deux principes cités - développement durable et précaution - ont entre temps rang constitutionnel européen. Même si je ne suis pas un juriste constitutionnel, j'ai peine à imaginer que les juges contestent le caractère durable de l'énergie nucléaire. Car si tel était le cas, le contrat EURATOM, qui prévoit explicitement l'encouragement de l'énergie atomique, serait un contrat anticonstitutionnel!

Une technique doit être acceptée par la majorité
Mais si l'énergie nucléaire est durable, il n'existe plus aucune raison rationnelle de refuser la poursuite de son utilisation. C'est du moins ce que l'on serait en droit de penser. Mais il existe encore une objection, et elle n'est pas mince à évaluer. Elle a affaire avec la perception de la technique par l'opinion publique. "La fixation d'un niveau de risque acceptable constitue une décision liée à une responsabilité politique élevée", précise la Commission européenne dans la conception du principe de précaution. Non seulement le risque, non seulement l'incertitude scientifique doivent être pris en considération, mais également l'inquiétude de la population. Et ceci peut signifier dans certaines circonstances de ne rien entreprendre. En d'autres termes: une technique doit aussi être acceptée par la majorité de la population. C'est ainsi que le principe de précaution a encore une note subjective, une composante socioculturelle qui échappe à la science.

La technique, un sujet de la politique
On peut illustrer ce propos par un exemple pris dans la branche des produits alimentaires. Nous n'avons pas pu démontrer jusqu'à présent que le lait de vaches qui ont été traitées avec de la somatropine bovine pour qu'elles donnent plus de lait est différent du lait dit normal. Il est pourtant interdit en Europe de donner aux vaches des piqûres de cette hormone de croissance. Or ceci est autorisé aux Etats-Unis et dans de nombreux autres pays. Nous risquons un conflit commercial avec les Etats-Unis, alors que jusqu'à présent, nous n'avons pu fournir aucune preuve scientifique que ce lait portait atteinte à la santé. Il en va de même de la viande traitée aux hormones et du soja génétiquement modifié. L'UE a décrété depuis des années une interdiction d'importation qui ne sera supprimée que si les produits sont étiquetés comme tels. Car nous supposons également qu'un risque est possible lorsque ce risque n'est pas entièrement reproductible, donc lorsqu'on ne peut pas mesurer les proportions dans lesquelles un risque existe.
La politique suit dans ce cas l'opinion publique, pas la science. La plupart des Européennes et des Européens pensent qu'on n'a pas besoin de cela, bien qu'il n'existe aucun risque sanitaire. Le principe de précaution exige toutefois l'acceptation de la société, une exigence qui n'est pas toujours facile à remplir. La technique devient ainsi un sujet de politique. C'est pourquoi celui qui veut promouvoir l'énergie nucléaire doit viser une majorité dans la société. Dans une démocratie, aucune technologie ne peut être imposée contre la volonté de la population.

L'homme veut la sécurité
La peur ne peut pas se supprimer par des formules techniques et par les lois de la statistique. La confiance dans une technique ne peut pas s'imposer par la raison. La plupart des gens n'arrivent à rien non plus avec des calculs mathématiques de probabilité. Ils veulent être sûrs. Ils veulent au moins être certains que l'appareil qu'ils sont en train d'utiliser est sûr. Si les gens suivaient les analyses de risque, ils vérifieraient toujours la pression des pneus et l'état de leurs freins avant de mettre leur voiture en marche. Ils arrêteraient peut-être même de fumer. Et avant de nous marier, on ferait faire une analyse de risque. Non, nous ne nous comportons pas ainsi. Nous courons bien des risques, et parfois même de très gros risques. Car parallèlement à la peur, nous avons aussi confiance. Mais cette confiance s'instaure d'autant plus facilement que rien n'arrive. Il faut beaucoup de temps à une personne qui a eu un grave accident de voiture avant de pouvoir se rasseoir au volant. Ce n'est que lentement que la peur cède la place au désir de reconduire une voiture. Il en est de même avec l'énergie nucléaire. La confiance en elle ne peut s'instaurer que si rien de grave ne se passe. C'est alors seulement que les gens croient les calculs des ingénieurs selon lesquels Tchernobyl était justement une exception qui peut s'expliquer par une technique défectueuse et par la défaillance des opérateurs, exception qui ne doit donc pas forcément se répéter.

Perception des désavantages d'un abandon du nucléaire
Mais la peur peut aussi être étouffée par une nouvelle peur. Lorsque l'abandon du nucléaire entraîne une augmentation des prix, une élévation des émissions de gaz à effet de serre, une destruction de capital exorbitante, la perte d'emplois, ou lorsqu'il se transforme en problème d'approvisionnement, cette nouvelle peur peut tout à fait refouler la peur des risques techniques. Ceci est davantage susceptible de se produire pendant des périodes de difficultés économiques qu'à des époques d'abondance. Nous en sommes d'ailleurs exactement arrivés à ce point en Europe.

Intérêt matériel au premier plan
Les temps changent et nous changeons avec eux, disaient déjà les Anciens. Alors que jusqu'il y a peu de temps, Tchernobyl et Three Mile Island étaient encore l'Abomination de la Désolation, la signature secrète d'une technique irresponsable incompatible avec l'imperfection humaine, c'est aujourd'hui l'intérêt matériel qui vient au premier rang des préoccupations, la peur de perdre son emploi, le développement économique, la croissance - et donc les coûts de l'énergie. Même s'il n'est pas encore possible aujourd'hui d'avoir un débat de fond sur l'énergie nucléaire, même si on n'est pas encore disposé à remettre en question l'orientation de l'abandon ou du moratoire, on parle tout de même des coûts plus ouvertement qu'auparavant. C'est ainsi qu'en Allemagne, nous commençons lentement à remarquer que les coûts de l'électricité dans notre pays ont tendance à augmenter par rapport aux pays voisins. En France, on prolonge la durée de fonctionnement des centrales nucléaires amorties, tandis que nous en Allemagne, nous détruisons du capital par l'arrêt anticipé des centrales nucléaires et nous offrons une alternative coûteuse. Or la discussion sur les coûts est bien le signe avant-coureur d'un examen global de la stratégie énergétique de l'avenir. Il se pourrait bien ainsi que nous ayons étouffé la peur de l'énergie nucléaire par la peur des coûts.

Le désir de mieux faire
Je préférerais personnellement qu'une peur ne soit pas refoulée par une autre, et que la peur recule devant la curiosité, en fait devant le désir de mieux faire. Car la peur n'est pas une catégorie du progrès, seule la curiosité nous garantit de meilleures solutions. Et c'est aussi souvent ainsi que ça s'est passé dans l'histoire de la technique.
Si une technologie s'est révélée défectueuse dans le passé, et a quand même été utilisée, on ne l'a pas abandonnée, mais on l'a améliorée. Toute l'histoire de la technique est marquée par des améliorations consécutives à des défauts. Après le naufrage du Titanic, la Grande-Bretagne n'a pas abandonné la technique de la navigation maritime, elle a tout simplement construit de meilleurs bateaux. Les horribles ruptures des barrages de Fréjus en 1959, et de Longarone en 1963, ont entraîné la mort de centaines des personnes. On n'a pas renoncé pour autant à la force hydraulique, mais on a construit des barrages plus solides. Et même après le naufrage du Prestige devant les côtes de la Galicie, personne n'a exigé la fin des transports de pétrole, mais le monde entier a demandé une amélioration des mesures de sécurité, en d'autres termes une amélioration de la technique.

Lent changement d'opinion
On peut bien sûr exprimer des désirs, la réalité se révélant ensuite tout autre. Un changement d'opinion est effectivement en train d'intervenir, lentement pour commencer, et peut-être plus rapidement ensuite. Une peur en balaie une autre, de nouveaux points de vue voient parfois le jour. Pour rester dans le langage de la physique, on pourrait comparer le changement d'opinion à un changement de phase qui ne se déroule pas de manière brutale lui non plus, mais se prépare par des petites perturbations stochastiques et par des germes microscopiques, sans que notre œil puisse l'apercevoir, mais pourtant de manière irréversible et même perceptible sous le microscope. Mon ancien professeur de physique théorique à l'Université de Stuttgart, le Professeur Weidlich, s'est servi du changement de phase comme modèle pour les revirements d'opinion et a décrit mathématiquement leur dynamique. Cette image permet de comprendre comment des points de vue minoritaires se transforment en points de vue majoritaires, préparés par des perturbations faibles, mais persistantes de l'équilibre - ou pour rester dans l'image-du point de vue dominant. Les questions de coûts constituent les premières perturbations dans la structure cristalline de l'opinion antinucléaire. Encore quelques germes de cette nature, et la glace fondra en eau, c'est-à-dire que le changement de phase ne pourra plus être enrayé.

La Finlande veut une cinquième tranche nucléaire
Des signes avant-coureurs du changement d'opinion peuvent déjà se constater. En Finlande, le Parlement a approuvé la construction d'une cinquième centrale nucléaire après des années de controverse sur cette question dans l'opinion publique. En Suisse, lors d'une votation populaire, on a dit non à un moratoire comme à un abandon du nucléaire. En France, un débat national sur l'énergie a eu lieu cette année, débat qui ne devrait guère changer la ligne gouvernementale. La France continuera de s'en tenir à l'énergie nucléaire et va probablement prendre prochainement une décision de principe sur la construction d'un EPR. En Belgique, suite à l'échec électoral des Verts, la décision d'abandon du nucléaire devrait être bientôt réexaminée. Aux Etats-Unis, le gouvernement actuel a annoncé un changement dans la politique nucléaire et il semble que la majorité de la population le soutienne sur cette question. J'imagine également que le Brésil va se décider prochainement en faveur de la construction du troisième réacteur nucléaire à Angra dos Reis. Car un pays qui veut construire une installation d'enrichissement d'uranium n'a certainement pas l'intention d'abandonner le nucléaire, mais plutôt de le développer.

Opinion publique en mouvement
L'opinion publique reste en mouvement. Elle n'est pas une constante dans le temps. Le plus souvent, ce sont de grands événements imprévisibles qui déclenchent un changement d'opinion, parfois aussi des peurs qui progressent de manière latente. Three Mile Island et Tchernobyl ne sont pas des exceptions, bien que ces accidents aient déclenché une discussion fondamentale sur le sens et la finalité de la technique moderne.
Un changement d'opinion important est justement intervenu ces dix dernières années en Europe. L'horrible guerre civile dans les Balkans, à notre porte donc, le massacre sauvage en masse d'êtres humains au cœur de l'Afrique, la domination épouvantable des talibans en Afghanistan a poussé les gens, même dans l'Europe pacifiste, à accepter l'intervention militaire pour la préservation de la paix et des droits de l'homme. Après l'expulsion des Albanais du Kosovo, nous avons même été prêts à accepter des attaques aériennes sur la Serbie sans décision du Conseil de sécurité de l'ONU! Ce qui paraissait impensable il y a quinze ans encore fait partie aujourd'hui du domaine public accepté partout le monde: l'Europe a une responsabilité dans le monde et est aussi prête, dans certaines conditions, à engager des moyens militaires pour cela.

Changement furtif de l'opinion publique
Les choses pourraient se passer de manière similaire pour l'énergie nucléaire. Je dispose au fait d'une preuve empirique du changement qui s'opère furtivement dans l'opinion publique. Lors de conversations entre quatre yeux, de nombreuses personnes qui critiquent l'énergie nucléaire, surtout des personnes de mon propre parti, m'assurent souhaiter que je m'en tienne à ma position pronucléaire puisqu'un jour ou l'autre, nous devrons retourner à la technique nucléaire que nous sommes justement en train d'abandonner. Mais ces mêmes personnes n'osent pas exprimer ce point de vue en public, par peur d'être punies dans l'opinion. Mais s'il se produisait un revirement mesurable de l'opinion publique, elles en feraient partie et il ne resterait que le noyau dur des antinucléaires, qui a eux seuls ne forment toutefois par une majorité.

Réfuter les hésitations d'ordre technique
Mon expérience me montre que l'on ne peut pas gagner la bataille sur l'énergie nucléaire avec les armes de la physique. Vous pouvez répéter cent fois que le risque de mourir d'un accident dans une centrale nucléaire est bien plus faible que celui de mourir d'un accident de voiture, cela n'impressionne guère. Vous pouvez aussi distribuer autant de tracts que vous voulez pour montrer que le stockage final n'est pas un problème physique, mais un problème psychologique, vous n'obtiendrez qu'un succès minime. Il est important pourtant de réfuter les hésitations d'ordre technique.
On sait qu'il y a deux problèmes avec l'énergie nucléaire: la sûreté des installations et l'évacuation des déchets radioactifs. Pour ce qui est de la sûreté des installations nucléaires, elle est bien plus élevée, à vues humaines, que celle d'autres technologies. C'est précisément parce que la technique de la sûreté retombe régulièrement sous le feu de la critique d'une population sceptique, surtout d'une presse avide de sensations, que les prescriptions en matière de sûreté et leur application sont extrêmement serrées. Je m'imagine difficilement qu'un accident grave puisse se passer en Suisse, en France ou en Allemagne. Ce qui me préoccupe plus, c'est un accident en Asie ou en Russie.

Nécessité d'une culture commune de la sûreté
On oublie trop en Europe qu'il existe entre temps en Asie une industrie nucléaire qui se développe de manière largement indépendante du Japon, des Etats-Unis et de l'Europe. L'Inde veut utiliser à long terme ses grands gisements de thorium et mise donc sur une technique qui permet d'obtenir de l'uranium 233 à partir de thorium. La Chine a atteint aussi entre temps un niveau élevé de développement et exporte même des installations complètes. Il y a peu de temps, la Chine a construit un réacteur nucléaire au Pakistan. La coopération entre les pays du sud prend donc des formes de plus en plus solides, ce qui, soit dit en passant, est aussi une conséquence de l'effacement européen.
Il est d'autant plus important que la coopération internationale aboutisse à une culture et à une technique de la sûreté communes. Il ne doit pas se passer d'accident, ni chez nous, ni ailleurs. Si tel n'est pas le cas, la confiance dans la technologie atomique faiblira à nouveau aussi chez nous. Cette technologie dépend donc de la coopération internationale en vue d'un niveau de sûreté maximal. Mais l'Europe ne jouera plus aucun rôle si elle abandonne la technique atomique. On ne fait pas impression avec du papier seulement.

Risques du stockage final maîtrisables
Bien que les risques du stockage définitif puissent se maîtriser, ce stockage constitue pourtant le problème le plus important aux yeux du public. Si je considère le stockage final à l'échelle de la géophysique, je me demande bien, après des entretiens et visites multiples, où est le problème. Peut-être cela vient-il du fait que nous ne disposons encore nulle part d'un dépôt qui existe vraiment? Les Finlandais ont quand même choisi maintenant un site où ils vont construire leur dépôt définitif. Ils ont opté pour la voie du stockage final direct. Les Français ont ajourné le choix du dépôt définitif, mais travaillent sur une alternative au stockage final direct. Ils veulent retraiter les crayons combustibles usés, et après séparation chimique des divers composants, réutiliser l'uranium et le plutonium pour fabriquer de nouveaux crayons combustibles, transformer dans un réacteur à neutrons rapides les actinides mineurs à vie longue tels que l'américium, le technétium, le curium, etc. en isotopes à vie courte, un processus que nous appelons "transmutation". Ce sera ensuite cela le déchet au sens propre du terme, déchet qui sera fondu et coulé dans des coquilles de verre puis transféré sous la terre. L'avantage réside dans le faible volume des déchets et dans le fait qu'après 150 ans, la radioactivité de l'uranium naturel sera atteinte.

Renaissance du retraitement?
On a opposé au retraitement l'argument qu'il augmente le risque de prolifération des armes nucléaires, raison pour laquelle les Etats-Unis ont abandonné cette voie en son temps. Il semble à l'heure actuelle que non seulement les Etats-Unis désirent poursuivre à nouveau sur cette voie, mais aussi la Russie, la Chine, l'Inde et la France, et peut-être d'autres Etats aussi.
La question de la technologie qui s'imposera finalement entre le stockage final direct et le retraitement avec transmutation dépend aussi des coûts. La France mènera ce débat au nom de l'Europe. Mais l'issue de ce débat décidera aussi de l'avenir de l'énergie atomique. Avec le stockage final direct, ce ne sont en effet que 2% de l'uranium qui sont valorisés. Une stratégie atomique qui porte sur des centaines d'années ne pourra pas s'offrir un tel gaspillage.

L'utopie solaire a supplanté l'utopie sociale
Le monde des réalités n'a toutefois guère d'importance dans notre raisonnement politique. Un tiers des Européennes et des Européens sont encore persuadés que le soleil tourne autour de la terre. Même dans un pays à haute technologie tel que les Etats-Unis, plus d'un tiers de la population croit à la télépathie, et plus de la moitié croient plutôt à la création telle que décrite dans le livre de la Genèse qu'à la théorie de Darwin sur l'évolution. A cela s'ajoute le fait que la gauche a transformé la lutte contre l'énergie atomique en carte d'identité. Ceci fait particulièrement mal au vieil homme de gauche que je suis. Je n'ai toujours pas compris jusqu'à présent pourquoi je dois, en tant que social-démocrate, être systématiquement contre l'énergie atomique. Je ne peux m'expliquer ceci que par le fait que l'utopie sociale a disparu de la gauche. Elle a été supplantée par l'utopie solaire. Les énergies renouvelables sont devenues une preuve de modernité. Ce sont précisément les Allemands, qui n'ont réussi ni révolution démocratique, ni révolution sociale, qui rêvent maintenant de révolution solaire. La politique énergétique est devenue le terrain de résonance d'un phénomène de société. L'énergie solaire est douce, sans risque, elle crée des emplois, aide le tiers monde, nous libère d'une guerre pour le pétrole, elle est décentralisée et démocratique à la base, petite et donc jolie, et pour les conservateurs de valeur, le Bon Dieu nous la donne en plus gratuitement. Dans les langues germaniques, le soleil est en plus du genre féminin, si bien que l'énergie solaire a encore une petite touche de féminisme. La raison pour laquelle il est particulièrement agréable à Dieu qu'on installe de la photovoltaïque sur le toit des églises est aussi pour moi un mystère. Avant, on aurait donné l'argent de trop aux pauvres. Mais comme je l'ai déjà dit, l'utopie sociale recule chez nous devant le désir impérieux d'une société solaire. Je pourrais ajouter ironiquement que ce désir impérieux était déjà exprimé dans notre chant traditionnel "Brüder, zur Sonne, zur Freiheit". Mais par respect pour notre tradition, je préfère m'arrêter ici!

L'humanité a besoin de l'énergie nucléaire
Si déjà les faits jouent un rôle secondaire, nous devrions nous concentrer sur les contraintes de la réalité. L'énergie nucléaire a un avenir parce qu'on en a besoin, aujourd'hui pour produire de l'électricité, demain pour dessaler l'eau de mer ou pour produire de l'hydrogène. La consommation énergétique mondiale ne suit malheureusement pas les scénarios épatants des économies d'énergie. Elle augmente, elle augmente même beaucoup.
L'énergie nucléaire diminue également notre dépendance des importations d'énergie. Le meilleur exemple est la France, l'exemple désastreux est l'Italie, pays qui refuse de construire des centrales nucléaires mais qui n'hésite pas à acheter chez ses voisins de l'électricité d'origine nucléaire. D'après ce que l'on entend dire, une grande entreprise italienne d'approvisionnement électrique voudrait même acheter entre temps trois centrales nucléaires en France. L'énergie nucléaire diminue les émissions de gaz à effet de serre. C'est aussi vrai que 2 et 2 font 4. L'UE a d'ores et déjà des difficultés pour remplir ses obligations de Kyoto. Qu'en sera-t-il de ces difficultés si des centrales nucléaires doivent être arrêtées l'une après l'autre?

Energie nucléaire remplacée généralement par de l'énergie fossile
Quand on abandonne l'énergie nucléaire, on se lance en général dans l'énergie fossile. Car énergie nucléaire veut dire charge de base, et pas charge de pointe. Et l'énergie fossile est en général du gaz. Ceci n'est pas sans conséquence non plus. Notre gaz vient de plus en plus de Russie. Mais la Russie connaît des difficultés techniques et financières pour produire les quantités nécessaires de gaz. Dans leur propre pays, les Russes remplacent finalement le gaz par le charbon et l'énergie nucléaire et vendent les excédents de gaz en Occident, où ils obtiennent de toute façon un prix plus élevé que chez eux. Nous fermons donc des centrales nucléaires en Occident et les remplaçons par du gaz russe; en Russie, la durée de fonctionnement des centrales nucléaires est prolongée, y compris de celles du type de Tchernobyl, et on en construit de nouvelles qui n'obtiendraient probablement chez nous aucune autorisation. Et nous remplaçons le charbon par le gaz, tandis que les Russes remplacent le gaz par le charbon. Tout cela pris ensemble est un non-sens au carré des points de vue de la technique de sûreté et de la politique climatique. Et le pire est qu'on ne peut même pas en discuter, car la théologie de politique énergétique a mis le débat à ce sujet à l'index.
On peut citer comme bon exemple pour illustrer ceci une résolution en faveur de l'énergie nucléaire signée il y a quelques années par bien plus de 500 professeurs allemands. Ni les milieux politiques, ni les médias ne se sont intéressés en son temps au point de vue des professeurs d'université. La résolution a du reste été publiée à peu près au même moment où les chefs de gouvernement et d'Etat de l'UE réunis à Lisbonne ont proclamé l'Europe la région du monde économiquement la plus forte, fondée sur la connaissance.
Qui s'étonne encore qu'en politique, la crédibilité soit une ressource qui s'use de plus en plus vite.

A la recherche des meilleures solutions
Fort heureusement, l'inquisition n'existe plus. Et nous vivons entre temps en Europe dans une société de concurrence, en matière d'énergie également. De concurrence aussi autour des idées. Et j'espère qu'il ne s'agit pas seulement ici de la baisse des coûts, mais aussi de solutions meilleures, par exemple de la réduction démontrable des risques, et non pas d'une réduction imaginaire.
J'en arrive ainsi à la fin de mon exposé. L'énergie nucléaire, ou comme vous dites, l'énergie "atomique", a un avenir parce qu'on en a besoin. L'abandon du nucléaire constitue un risque plus élevé que son développement. Ou exprimé en d'autres termes: on comprendra d'autant plus vite son utilité qu'on nous forcera à y renoncer.

Source

Dr. Rolf Linkohr

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