Les milieux politiques tchèques veulent davantage d’énergie nucléaire

Les personnalités de premier plan de tous les grands partis politiques tchèques, de la coalition gouvernementale comme de l’opposition, veulent lutter contre la pénurie escomptée d’électricité par la construction de centrales nucléaires supplémentaires. Cette extension devrait intervenir si possible sur l’un des sites actuels, Dukovany ou Temelin.

7 avr. 2008
Le premier ministre tchèque Mirek Topolanek désire «une discussion ouverte sur l'énergie nucléaire».
Le premier ministre tchèque Mirek Topolanek désire «une discussion ouverte sur l'énergie nucléaire».
Source: Communauté européenne

Un séminaire sur l'énergie du Parlement tchèque organisé fin février 2008 a fourni à des sénateurs et députés l'occasion de discuter de la politique énergétique future du pays sous les angles différents de la rentabilité, de la sécurité d'approvisionnement, de la préservation de l'environnement et de la protection du climat. Cette discussion s'est déroulée dans le contexte de la révision prochaine du Programme énergétique national. Le pays se sent par ailleurs particulièrement concerné par le paquet de mesures sur le climat et l'énergie publié début 2008 par la Commission européenne, mesures qui englobent de nouvelles directives de l'UE sur les rejets de gaz à effet de serre à partir de 2013 et sur le stockage souterrain du CO2.

Moratoire controversé dans le programme gouvernemental

Depuis les élections de 2006, le gouvernement de Prague est assuré par une coalition regroupant le parti civique démocratique (ODS), l'Union chrétienne et démocrate et le parti vert. Cette coalition est majoritaire au Sénat, mais ne dispose que d'exactement la moitié des 200 sièges à la Chambre des députés, l'autre moitié appartenant à l'opposition (parti social-démocrate CSSD et communistes). Le premier ministre Mirek Topolanek (ODS) dépend donc de ces voix de l'opposition, en particulier des six voix des Verts. Ces derniers sont parvenus à imposer dans le programme gouvernemental une disposition selon laquelle le gouvernement «ne doit ni planifier si soutenir» la construction de nouvelles centrales nucléaires.

C'est cette phrase qui s'est trouvée au centre des discussions menées lors du séminaire parlementaire sur l'énergie. Mirek Topolanek avait déjà fait savoir par avance aux participants qu'il était favorable à «une discussion ouverte sur l'énergie nucléaire», mais qu'il n'était pas question pour l'instant de prendre une décision. Le vice-premier ministre Alexandr Vondra (ODS) est allé encore plus loin. Lors du séminaire, il a exprimé le vœu que les Verts « en viennent progressivement à la raison et que nous prenions tous conscience ici du fait que rien ne va sans énergie nucléaire». Milan Urban, expert pour les questions économiques et énergétiques du parti d'opposition CSSD, s'est rangé à cet avis. Il a prévenu qu'à partir de 2015, le pays ne disposerait plus de suffisamment d'électricité nationale, et qu'il n'y avait pas d'autre solution que de construire de nouvelles centrales nucléaires: «Je serais heureux que la phrase selon laquelle l'on ne soutiendra pas l'industrie nucléaire disparaisse du programme gouvernemental et que nous commencions dès demain les travaux préparatoires à la construction de nouvelles sources d'énergie nucléaire.»

Les deux tiers de la population tchèque soutiennent l'ODS et le CCSSD. Selon des sondages, cette population serait d'avis que les avantages de l'énergie nucléaire sont nettement supérieurs à ses inconvénients.

Prolongation d'exploitation et nouvelles tranches

Le moratoire sur l'énergie nucléaire que prévoit le programme gouvernemental ne concerne pas la planification à long terme. Le ministère de l'industrie et du commerce, que dirige Martin Riman (ODS), a été chargé de remanier d'ici fin 2008 le programme national énergétique de 2004. La version, encore valable, de ce programme prévoit une prolongation de la durée de vie de Dukovany (3 x 412 et 1 x 427 MW, REP) à partir de 2010, ainsi qu'une extension des capacités nucléaires de 1200 MW d'ici 2025. Pour Martin Riman, ceci ne suffira pas pour couvrir la hausse prévisible des besoins et remplir de manière économiquement supportable les exigences environnementales plus sévères posées par l'UE. Parallèlement à la prolongation d'exploitation, le programme révisé devrait donc, à son avis, aboutir à l'adjonction de 1000 MW de capacité nucléaire d'ici 2015, et d'encore au moins 1000 MW supplémentaires d'ici 2025.

Comme l'a souligné Martin Riman à diverses reprises, ainsi dans des interviews au journal économique tchèque E15, le gouvernement ne peut actuellement rien faire pour la construction de nouvelles centrales nucléaires. L'électricien CEZ a par contre les mains libres pour prendre toutes les mesures préparatoires nécessaires, même si l'Etat est actionnaire majoritaire et devrait certainement le rester.

Selon Martin Riman, ce sont en principe les deux sites nucléaires actuels qui entrent en considération pour l'extension des capacités. A noter toutefois que le conseil régional de la Bohême du Sud, compétent pour Temelin, a voté en 2003 contre tout projet d'agrandissement de la centrale. Le conseil régional de Vysocina, compétent pour Dukovany, s'est prononcé dans le sens contraire. On rappellera que cette région abrite aussi à Dolni Rozinka la seule mine d'uranium encore en service dans l'UE. Cette mine assure à nouveau une production rentable, et pour le conseil régional comme pour le ministère, la poursuite de son exploitation est donc judicieuse.

Source

P.B./C.P. d’après Le Journal de Prague du 6 mars, Ekonomicky denik E15, 4 janvier et 6 mars, et des communiqués de presse du ministère du commerce et de l’industrie tchèque des 7, 23 et 28 janvier, et des 4 et 28 février 2008

Restez informé-e!

Abonnez-vous à notre newsletter

Vers l’abonnement à la newsletter

Profitez de nombreux avantages

Devenez membre du plus grand réseau nucléaire de Suisse!

Les avantages en tant que membre