Stratégie énergétique 2050: les opinions foisonnent au sein des partis

La plupart des partis suisses ont pris position lors de la consultation sur la stratégie énergétique. Comme on pouvait s’y attendre, les avis sont très partagés. Les plus grandes réserves émanent du camp bourgeois. Les partis de gauche soutiennent la sortie de l’atome, mais ne sont pas d’accord avec le calendrier fixé par le Conseil fédéral. Ils s’alignent ainsi sur l’Alliance-Environnement, opposée au nucléaire.

27 févr. 2013

L’Union démocratique du centre (UDC) est le seul parti à rejeter avec détermination les propositions du Conseil fédéral. Sans listing de tous les projets planifiés au-delà de la première étape, sans schéma directeur détaillé en remplacement des objectifs de consommation et de production vaseux et sans possibilités de se détourner de la stratégie, le projet est aux yeux de l’UDC «décousu, marqué idéologiquement et propose une voie dangereuse débouchant sur le néant». Le parti exige que l’ensemble des mesures, de même que les révisions légales nécessaires soient réunies dans une loi-cadre soumise au référendum «afin que le peuple puisse décider démocratiquement». En complément de sa prise de position très claire, l’UDC soumet un concept alternatif concret incluant l’utilisation du nucléaire. Ce concept propose, pour nos centrales nucléaires actuelles, une prolongation de la durée d’exploitation à 60 ans au moins, à condition que la sûreté soit garantie. D’ici à 2030, une centrale nucléaire devra être remplacée par un développement de quelque 3 TWh de la force hydraulique; une autre centrale, par le développement (à même hauteur) de l’éolien, du photovoltaïque et de la biomasse. Contrairement au Conseil fédéral, l’UDC émet l’hypothèse d’une hausse modérée de la consommation de courant. Il faudra donc, pour remplacer la troisième centrale nucléaire «une nouvelle installation nucléaire de grande taille, équipée de la technologie la plus moderne». Le parti estime que si le peuple devait refuser «en toute connaissance de cause» la construction d’une nouvelle centrale nucléaire, le déficit cumulé de 3 TWh, résultant du non-remplacement d’une installation, et d’environ 6 TWh, lié à la hausse de la consommation de courant, devra être comblé par des centrales à cycle combiné au gaz. En ce qui concerne le remplacement de Gösgen et de Leibstadt (selon l’UDC, autour de 2040 et 2045), le parti refuse de se lancer dans des prévisions. Il pourrait, à ce moment-là, exister de nouvelles technologies – la géothermie profonde, p. ex. –, mais la question de savoir «quelle sera alors la bonne technologie doit, de notre point de vue actuel, être laissée ouverte.»

Pour les Libéraux-Radicaux PLR, la censure technologique de certains modes de production d’énergie ne fait pas partie d’une politique énergétique libérale, réaliste et prospective, comme la souhaiterait le parti. Le PLR souhaite l’établissement d’un cadre clair et fiable à long terme plutôt que le recours à de nouvelles taxes et subventions. La rétribution à prix coûtant du courant injecté n’est pas le bon instrument. «La sécurité de l’approvisionnement énergétique à des prix concurrentiels doit être garantie en tout temps», précise le PLR dans son communiqué de presse. «En particulier, l’approvisionnement électrique ne doit pas être compromis par l’activisme irréfléchi et à court terme des partis de gauche et des Verts.»

Nette approbation de la part du PDC et du PS, en accord avec les opposants aux centrales

Il n’est guère surprenant que le Parti démocrate-chrétien (PDC) soutienne la Stratégie 2050: «La stratégie du Conseil fédéral fixe des objectifs ambitieux et explique comment les atteindre». Selon le parti de la conseillère fédérale Leuthard, la stratégie convainc par son orientation et la diversité de ses mesures. Le PDC approuve l’horizon fixé et le calendrier des étapes. Le parti considère la sortie du nucléaire et le développement de la production énergétique renouvelable comme une chance pour la Suisse, en termes de renforcement des économies régionales et de création d’emplois. Selon le PDC, l’amélioration de l’efficacité énergétique – cet élément central de la stratégie énergétique – ne doit toutefois pas être conçue de façon à restreindre le développement économique ou social.

Le Parti socialiste suisse (PS) précise dans son communiqué de presse que dès le début de la consultation, il a eu la confirmation des objectifs de son initiative cleantech. Selon lui, le Conseil fédéral «ne s’est pas borné à présenter une stratégie de sortie du nucléaire», mais bien «un plan global également destiné à réduire la dépendance de la Suisse à l’égard des énergies fossiles et donc de l’étranger». Le PS regrette cependant que le gouvernement n’ait pas jugé utile de fixer une limite définitive à l’exploitation des centrales nucléaires. Les Verts soutiennent eux aussi la direction de la Stratégie 2050, tout en exigeant des dates contraignantes de mise à l’arrêt des centrales existantes et de nettes améliorations au niveau des mesures visant à promouvoir l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables. Sinon, le tournant énergétique ne serait, pour eux, qu’un simple «simulacre».

Selon l’Alliance-Environnement qui regroupe Greenpeace Suisse, Pro Natura, la Fondation suisse de l’énergie, le WWF Suisse et l’ATE Association transports et environnement, la direction est juste «même si l’on pourrait faire bien plus encore sur la voie du tournant énergétique». Voici comment elle se représente concrètement le mix énergétique de la Suisse en 2035: 100% de sources renouvelables indigènes, composées de 56,4 % d’hydraulique, pour 24,6 % de solaire; 13,1 % de biomasse; 3,5 % de géothermie; 2,4 % d’éolien et 0% de gaspillage d’électricité, pour autant que la durée d’exploitation de toutes les centrales nucléaires soit limitée à 40 ans. Le projet est réalisable sans concessions en termes de protection du climat, de la nature et de l’environnement.

Source

M.Re./P.V. d’après des communiqués de presse des partis et de l’Alliance-Environnement

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