Voyage de presse de l’ASPEA "L’économie énergétique de la Finlande et le rôle de l’énergie nucléaire"

La Finlande ne veut pas que sa dépendance de l’étranger en matière d’énergie augmente encore. Les ressources énergétiques indigènes sont très limitées. La Finlande importe plus de 70% de ses besoins en énergie primaire, dont plus de la moitié d’un seul pays, la Russie.

14 mai 2002

Selon de nombreux Finlandais, l'augmentation de la consommation d'électricité ne doit donc pas être couverte par encore davantage d'importations de courant électrique (ou de gaz pour la production d'électricité) de ce seul pays voisin, et il s'agit de trouver ici un autre moyen. Mais les ressources sont rares. D'après Finergy, une organisation des producteurs et des distributeurs finlandais d'électricité, la force hydraulique couvre à l'heure actuelle 16% de la production d'électricité nationale, et une forte extension n'est plus possible. Les centrales à combustible fossile produisent 45% environ de l'électricité, les centrales nucléaires 27%. La contribution de l'énergie éolienne atteint 0,1%, le reste, 12% environ, étant couvert par des importations. La consommation d'électricité augmentant constamment, il se pose la question de savoir comment la capacité supplémentaire de production nécessaire va pouvoir être assurée. En perspective notamment du protocole de Kyoto, qui prévoit une réduction des émissions de gaz à effet de serre, les Finlandais considèrent actuellement la possibilité de construire une nouvelle centrale nucléaire. Par dix voix contre six, le gouvernement finlandais a approuvé en janvier 2002 la demande sur laquelle le Parlement, l'Eduskunta, va se prononcer ce 24 mai.
Cette situation a constitué l'une des pierres d'angle du voyage de presse organisé par l'AS-PEA cette année en Finlande. A l'invitation de l'ASPEA, 17 représentants des médias et 6 personnes de la branche nucléaire suisses ont passé quatre jours dans le nord de l'Europe pour en apprendre plus, sous le slogan "L'économie énergétique de la Finlande et le rôle de l'énergie nucléaire", sur la situation de l'approvisionnement énergétique qui y règne.
Le voyage a conduit le mardi de Pâques de Zurich à Helsinki, où une rencontre avec des représentants de Finergy était prévue peu après l'arrivée. Figurait sur le programme du mercredi une visite du ministère de l'environnement où Mme Satu Hassi, ministre de l'environnement, a accueilli personnellement les journalistes suisses. Au cours de la journée, ceux-ci ont eu l'occasion de rencontrer des représentants du ministère du commerce et de l'industrie et deux parlementaires nationaux de la région de site de la centrale nucléaire d'Olkiluoto. L'après-midi, le groupe a pu se faire une idée du domaine d'activité de la Wärt-sila Corporation, premier fournisseur de moteurs de bateau, de solutions de production d'électricité décentralisées et de centrales à biomasse, et propriétaire depuis quelque temps de l'ancienne "Sulzer Diesel" Kernkraftwerk Olkiluoto de Winter-thour. Les participants ont ensuite passé la soirée dans une centrale à gaz de Helsinki Energy, où l'ensemble des activités de la société leur a également été présenté.
Toutes ces visites ayant permis au groupe d'avoir une image globale de l'approvisionnement électrique de la Finlande, la journée suivante a été placée sous le signe de l'énergie nucléaire, avec une visite de la centrale nucléaire d'Olkiluoto. Quatre tranches nucléaires sont en service en Finlande: en plus des deux tranches d'Olkiluoto, deux autres sont exploitées à Loviisa. Fin 2000, l'exploitante d'Olkiluoto, la Teollisuuden Voyma Oy (TVO), a décidé de présenter au gouvernement la demande d'autorisation de construction d'un réacteur nucléaire supplémentaire dans le pays. La requête concerne l'autorisation de principe. C'est le ministère du commerce et de l'industrie qui est compétent pour son examen. Ce ministère a organisé des enquêtes publiques sur les deux sites éventuels, Loviisa et Olkiluoto, et a demandé à une quarantaine d'organismes intéressés de prendre position sur la requête. Ces prises de position, qui sont exigées par la loi, se prononcent en majorité pour la requête. L'argument principal qui parle en sa faveur est le fait que la société finlandaise a besoin de davantage d'électricité sûre, économique et respectueuse de l'environnement. L'étude la plus récente publiée par le Centre national de recherche finlandais VTT montre que tout en tenant compte des capacités des centrales vieillissantes à combustible fossile, la Finlande aura besoin d'ici 2020 de 7500 MW de capacité de production supplémentaire. De nouvelles centrales augmenteraient la sécurité de l'approvisionnement électrique, stabiliseraient les prix, diminueraient la dépendance des importations d'électricité et remplaceraient les capacités de production vieillissantes. De l'énergie nucléaire supplémentaire mettrait tout cela à disposition.
La requête porte sur la construction d'un réacteur à eau légère d'une puissance se situant entre 1000 et 1600 MW. L'installation serait aménagée sur l'un des deux sites nucléaires existants, Loviisa ou Olkiluoto. Les équipements d'infrastructure disponibles sur les deux sites pourraient en effet être utilisés avec des adaptations minimes. Cette possibilité diminuerait nettement le coût d'investissement comme le coût de production de la nouvelle tranche.
Le groupe de visiteurs suisses a pu voir non seulement la centrale même, mais aussi le dépôt pour les déchets de faible et de moyenne activité de la centrale (un dépôt identique est aussi en service sur le site de Loviisa). Dans ce dépôt souterrain aménagé dans des formations rocheuses, les déchets sont stockés depuis 10 ans dans deux silos à une profondeur de 70 à 110 m. Parallèlement à ces dépôts en service, la Finlande a également trouvé une solution pour l'évacuation des assemblages combustibles usés issus des centrales nucléaires en service: ils devraient également être transférés dans un dépôt définitif souterrain. Ce dépôt définitif sera construit près des tranches nucléaires d'Olkiluoto, à plusieurs centaines de mètres de profondeur dans des formations rocheuses vieilles de deux milliards d'années. Les autorités de sûreté et les autorités communales locales ont donné leur feu vert au projet, tout comme à la question du site du dépôt. Le gouvernement finlandais a approuvé le principe du projet, et le Parlement l'a ratifié.
Avant le retour en Suisse, du temps avait encore été prévu pour l'aspect culturel du voyage: un tour de ville d'Helsinki, avec une visite de la célèbre Eglise de Temppeliaukio construite dans le rocher, un crochet par la Place du marché, et un saut au Musée Ateneum.
Ce voyage de quatre jours en Finlande a fourni aux représentants des médias et aux spécialistes nucléaires une vue d'ensemble diversifiée sur le développement actuel de l'énergie nucléaire dans ce pays, avec les points forts suivants:

  1. L'énergie nucléaire fait actuellement l'objet en Finlande d'un vaste débat politique à tous les niveaux, entre autres à cause des obligations du protocole de Kyoto, débat qui pourrait atteindre son point culminant dans la construction d'une nouvelle centrale.
  2. L'évacuation des déchets radioactifs est solutionnée en Finlande: les déchets de faible et de moyenne activité de la centrale nucléaire d'Olkiluoto sont stockés définitivement depuis dix ans, ceux de la centrale de Loviisa depuis 1998. Dès avant la construction de ces dépôts, un large consensus s'était établi entre les parties selon lequel les déchets existants devaient être évacués.
  3. Le stockage des assemblages combustibles usés est lui aussi fondamentalement réglé depuis que le Parlement a ratifié la décision de principe correspondante en mai 2001. La décision sur le site a elle aussi été prise: le dépôt sera aménagé près de la centrale nucléaire d'Olkiluoto. La prochaine étape porte sur la construction d'un laboratoire souterrain et si tout se passe selon le calendrier, la construction du dépôt final proprement dit devrait commencer après 2010.

Source

H.R./C.P.

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