Livre blanc britannique favorable à l’énergie nucléaire

Avec la publication, le 23 mai 2007, du Livre blanc sur l’énergie – publication attendue depuis longtemps – ainsi que du rapport de consultation «L’avenir de l’énergie nucléaire – Le rôle de l’énergie nucléaire dans une économie pauvre en carbone», le gouvernement britannique a mis à jour le dossier de planification en vue de la réalisation de sa politique énergétique et a lancé une vaste consultation sur le rôle futur de l’énergie nucléaire, consultation qui durera jusqu’au 10 octobre.

3 juin 2007
La garantie de l'approvisionnement futur en électricité constitue l'objectif de la politique énergétique de la Grande-Bretagne: le Livre blanc indique la direction à suivre.
La garantie de l'approvisionnement futur en électricité constitue l'objectif de la politique énergétique de la Grande-Bretagne: le Livre blanc indique la direction à suivre.
Source: Forum nucléaire

La publication par Alistair Darling, directeur du Département du commerce et de l'industrie (DTI), compétent pour le dossier de l'énergie, est intervenue avec quelque retard. Il s'agissait tout d'abord de remplir les conditions impliquées par la décision d'une haute cour. Suite au départ annoncé du Premier ministre Tony Blair, on voulait également fixer les repères à l'intention de son successeur désigné Gordon Brown. La version définitive du Livre blanc, désormais disponible, les 25 documents de base supplémentaires ainsi que le rapport de consultation peuvent être téléchargés sur le site du gouvernement.

    L'énergie nucléaire, élément du mix énergétique

    Le Livre blanc confirme le rapport sur l'énergie de 2006 du gouvernement: les objectifs stratégiques de la politique énergétique jusqu'en 2050 sont une amélioration de l'efficacité énergétique, ainsi qu'un mix d'approvisionnement pauvre en carbone pour une dépendance des ressources étrangères aussi minime que possible. Le Livre blanc indique les moyens de réaliser ces objectifs stratégiques. La sécurité de l'approvisionnement en électricité constitue un défi particulier dans la mesure où la Grande-Bretagne devra remplacer un tiers de ses capacités de production dans les 20 années à venir.

    Selon le gouvernement, l'énergie nucléaire a ici un rôle essentiel à jouer puisqu'elle est pauvre en carbone et contribue à diversifier l'approvisionnement. Le remplacement des centrales nucléaires existantes, resp. la construction de nouvelles tranches, ne seront toutefois possibles que si la consultation confirme l'intérêt de la population et si l'économie privée est disposée à fournir les investissements correspondants.

    Aménagements sur les sites existants, et de manière économique

    Six des 25 documents supplémentaires présentent un intérêt particulier pour l'énergie nucléaire, parmi lesquels une contribution de la Jackson Consulting sur la politique concernant les sites d'installations nucléaires en Grande-Bretagne. Après examen de critères techniques, économiques et sociaux, la contribution parvient à la conclusion - ce qui n'étonnera guère - que les 14 sites de centrales nucléaires existants, et éventuellement aussi cinq sites équipés d'autres installations nucléaires, constitueraient la meilleure solution. Douze de ces sites pourraient accueillir une seule tranche nucléaire d'une puissance de 1100 à 1600 MW, et dix sites pourraient même en accueillir deux. Etant donné que, à l'avenir également, la plus grande quantité d'électricité sera consommée dans le sud de l'Angleterre, que l'intégration de nouvelles grandes centrales électriques dans le réseau de distribution coûtera le moins cher dans cette région, et que le refroidissement direct par l'eau de mer semble le plus favorable, ce sont Hinkley Point et Sizewell qui viennent tout en haut de la liste des meilleurs sites, suivis de Bradwell, Dungeness et Hunterston.

    Un autre document supplémentaire compare les coûts de production de l'électricité calculés dans le rapport sur l'énergie de 2006 pour quatre à six nouvelles centrales nucléaires (38 à 44 GBP/MWh, soit 9 à 11 ct./kWh) avec les coûts nouvellement évalués de centrales à gaz. Les coûts et les avantages ont été calculés sous un angle économique global: ils ne comprennent pas seulement la construction, l'exploitation, l'approvisionnement en combustible et la gestion des déchets, mais aussi des facteurs tels que l'intégration dans le réseau, le maintien de capacités de réserve et la sécurité de l'approvisionnement. Le document confirme clairement l'avantage économique des centrales nucléaires par rapport aux centrales à gaz en charge de base, ceci pour les principaux scénarios. L'énergie nucléaire serait aussi meilleur marché même si l'on renonçait à toute taxe sur les gaz à effet de serre. L'avantage est le plus évident si les sites existants continuent d'être utilisés.

    Vingt semaines de consultation

    Le gouvernement désire une participation aussi large que possible à la consultation sur le rôle de l'énergie nucléaire dans le mix énergétique futur. Les 18 blocs de questions posées dans le document de la consultation présenté vont de l'appréciation de l'effet de serre et du rôle possible de l'énergie nucléaire jusqu'à la compétence et à la volonté d'investir de l'économie en passant pas la rentabilité, la sécurité, le cycle du combustible, la politique des déchets et les procédures d'autorisation. La participation à la consultation est en principe publique. Le DTI tiendra en plus des réunions publiques avec des membres représentatifs de la population et mènera des discussions avec l'industrie, avec les organismes locaux et avec des organisations non gouvernementales.

    L'évaluation des prises de position devrait permettre au gouvernement d'inclure dans sa décision des points de vue qui lui avaient éventuellement échappé. S'il se voit confirmé dans son appréciation positive de l'avantage de nouvelles centrales nucléaires, il introduira les mesures législatives nécessaires pour que l'économie privée puisse bâtir de nouvelles centrales nucléaires.

    Sur demande du DTI, le Nuclear Installations Inspectorate (NII) a déjà introduit parallèlement une procédure de pré-homologation pour de nouveaux systèmes de réacteurs. Il s'agit de gagner ainsi du temps pour pouvoir achever la procédure d'autorisation des premières nouvelles tranches d'ici 2015 et les mettre en service d'ici 2021.

    Vif intérêt de l'industrie

    Dans de premières prises de position, les exploitants et fournisseurs de centrales nucléaires se sont félicités de la politique porteuse d'avenir du gouvernement britannique et ont confirmé leur intérêt à participer activement à la consultation. British Energy, l'exploitante des centrales nucléaires existantes, a annoncé son intention de poursuivre l'examen de sites et de partenaires appropriés pour de nouvelles constructions.

    Westinghouse Electric Company a confirmé son intérêt pour le marché britannique et a déjà présenté au NII le dossier de pré-homologation de son nouveau système de réacteur AP1000. Electricité de France entend elle aussi apporter son expérience et sa compétence dans la consultation. Elle a par ailleurs l'intention de présenter au NII, conjointement avec Areva NP, une demande de pré-homologation pour l'European Pressurized Reactor. Il en est de même de l'Energie Atomique du Canada Limitée (EACL) pour son réacteur Candu avancé de 1200 MW (ACR-1000).

    Source

    P.B./C.P. d’après des communiqués de presse du Department of Trade and Industry, d’Electricité de France et de Westinghouse Electric Company du 23 mai 2007, et de l’EACL du 29 mai 2007

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