Un fonds climatique européen investit dans un spécialiste suédois de technologies nucléaires

«Le financement va renforcer les études préliminaires et les études de faisabilité en cours de Kärnfull Next [sur les SMR en Suède] et contribuer à accélérer la recherche de nouveaux sites pour les SMR dans l’ensemble du pays», selon le communiqué de Kärnfull Next, filiale à 100% de Kärnfull Future AB. Compte tenu de la forte demande de SMR en Suède, il est crucial de réaliser plusieurs projets simultanément. Le contexte est porteur puisque le Parlement suédois a décidé, le 20 juin 2023, de modifier son objectif énergétique en matière d’approvisionnement en électricité, passant de «100% d’énergies renouvelables» à «100% d’énergies non fossiles», afin d’atteindre zéro émission nette d’ici à 2045. Les médias y voient également un feu vert en faveur de la construction de nouvelles centrales nucléaires comme sources d’énergie propre pour couvrir les besoins d’électricité en hausse.

«En matière de charge de base, la source la plus propre et la plus sûre dont nous disposons aujourd’hui et pour les prochaines décennies est la fission nucléaire – nous devons en prendre acte», a déclaré Malin Carlström, associé gérant de Climentum Capital, basée à Copenhague, Stockholm et Berlin. De son côté, Kärnfull Next a souligné que ses projets étaient alignés à la fois sur la taxonomie de l’UE et sur les besoins énergétiques de la Suède, et qu’ils permettaient de fournir une énergie propre, prévisible et fiable. Pour l’entreprise, le financement qu’elle vient d’obtenir est «l’un des premiers cas d’investissement d’un fonds climatique européen dans l’énergie nucléaire. Soit un tournant majeur pour les investissements axés sur le climat.»

Étude: Les grandes banques ne considèrent pas l’énergie nucléaire comme une technologie respectueuse du climat
L’annonce de ce premier investissement a suivi de près la publication d’une étude qui met en évidence un décalage entre la taxonomie de l’UE et la pratique bancaire. D’après une étude du Centre sur la politique énergétique mondiale de l’Université de Columbia, publiée en juillet 2023, «en dépit de son rôle potentiellement décisif dans le soutien à la décarbonation profonde de l’économie mondiale, l’énergie nucléaire est généralement exclue des taxonomies pour le financement climatique, ou les taxonomies sont ambiguës sur cette question.». Les auteurs de l’étude ont examiné les cadres applicables aux emprunts verts et durables des 30 banques d’importance systémiques dans le monde et sont parvenus à la conclusion qu’aucune d’entre elles n’intègre l’énergie nucléaire dans sa taxonomie des financements durables, alors même que l’UE a décidé, l’an passé, de considérer celle-ci comme durable. Sur ces 30 banques, 17 auraient même explicitement exclu l’énergie nucléaire de leurs modèles de financement verts.