Grande-Bretagne: demande d’examen des conceptions SMR de GE Hitachi et d’Holtec

La Generic Design Assessment (GDA) correspond à une homologation préalable, indépendante du site, disponible également pour les petits réacteurs modulaires. La procédure dure environ quatre ans. Au cours de cette période, les autorités étudient la capacité d’homologation de la conception d’un réacteur nucléaire en vue de sa construction future en Grande-Bretagne. Depuis mai 2021, cet examen est également possible pour les technologies nucléaires avancées. Jusqu’à présent, le SMR développé par Rolls-Royce (un SMR à eau sous pression) est le seul à bénéficier d’une autorisation rendant possible son examen dans le cadre d’une procédure de GDA.

Fin décembre 2022, deux autres développeurs de SMR à eau sous pression ont manifesté leur intérêt pour la procédure: le fabricant américain GEH a ainsi informé le 20 décembre 2022 avoir remis au BEIS une demande de participation pour son BWRX-300. Et la veille, le constructeur américain Holtec avait annoncé qu’une demande serait déposée début 2023 pour son SMR-160. Il revient toutefois au BEIS de décider d'autoriser la participation du BWRX-300. La technologie à eau sous pression fait ses preuves depuis des décennies dans les grosses centrales conventionnelles du monde entier, ce qui devrait permettre aux SMR basés sur cette technologie d'atteindre plus rapidement une maturité.

La construction du SMR de Holtec sera lancée en 2028
D'après Holtec, la construction du premier SMR-160 sur le sol britannique sera lancée dès 2028 et l’entreprise vise une production en série de 32 SMR d'une puissance globale de 5,1 GW d’ici à 2050. L’objectif est de «mettre à la disposition des ménages, des entreprises et de l’industrie britanniques de l’électricité et de la chaleur de manière fiable et à un coût abordable.» Holtec estime que les caractéristiques de sécurité entièrement passives du SMR-160, sa grande expérience en tant que fournisseur de produits et services dans le cadre du programme britannique de réacteurs à eau sous pression, et la participation de partenaires connus constituent des avantages pour la procédure de GDA.

Par ailleurs, le fait d’utiliser du combustible similaire à celui des gros réacteurs revêt une importance majeure. Il s'agit désormais de passer à la vitesse supérieure afin de permettre à la Grande-Bretagne de produire une énergie décarbonée en s'appuyant sur différentes conceptions de réacteur à eau sous pression, et afin de garantir sa sécurité d’approvisionnement à un horizon à dix ans. Holtec avait remis au BEIS une demande de soutien financier dans le cadre du «Future Nuclear Enabling Fund» (FNEF) en vue de la procédure de GDA en novembre 2022. Et d'après l’entreprise, trois sites adaptés pour accueillir les premiers SMR-160 en Grande-Bretagne ont été identifiés. Il s'agit de Trawsfynydd, au Pays de Galles, et de Heysham et d’Oldbury, en Angleterre - trois sites nucléaires existants.

Holtec souhaite également construire son SMR-160 aux États-Unis et a remis à l’autorité de sûreté nucléaire américaine, la NRC, une demande de permis de construire. Elle espère obtenir l'autorisation en 2025. Par ailleurs, au Canada, la première des trois phases d’homologation préalable est désormais achevée.

La Grande-Bretagne n’est pas la seule à s’intéresser au SMR de GEH
Les projets ambitieux de la Grande-Bretagne prévoient que l'énergie nucléaire permettra de produire jusqu’à 24 gigawatts d’électricité d’ici à 2050. GEH estime que le fait de détenir une flotte de SMR du type BWRX-300 aidera le pays à réaliser ses objectifs de décarbonation et à garantir la sécurité de son approvisionnement électrique. Pour préparer la demande de GDA, GEH a bénéficié du soutien de la société Jacobs U.K., qui possède une expérience dans ce type de demande ainsi que des connaissances approfondies de la procédure de GDA.

D'autres pays s’intéressent au SMR de GEH: «Ontario Power Generation (OPG) a sélectionné la technologie du BWRX-300 en vue d’une utilisation au Canada à partir de 2028. L’entreprise a remis récemment à la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) une demande de permis de construire pour le site de Darlington», a fait savoir GEH. Les États-Unis aussi ont manifesté leur intérêt: SaskPower et la Tennessee Valley Authority envisagent de recourir à la technologie du BWRX-300. Et TVA élabore actuellement une demande de permis de construire pour le site de Clinch River, qu’elle souhaite remettre à la NRC d’ici à fin 2023.

Par ailleurs, la Pologne envisage de construire à la fois des réacteurs à eau sous pression des générations III et III+ et des SMR. «ORLEN Synthos Green Energy (OSGE) a lancé la procédure d’homologation préalable en remettant à l'autorité de sûreté nucléaire polonaise une demande d’évaluation du BWRX-300», a déclaré GEH. L’entreprise prévoit de se doter d'une «flotte de BWRX-300», et vise une mise en service de la première installation à la fin de la décennie. GEH a également signé des déclarations d’intention et conclu des accords avec d'autres pays.